Maître Coq avec ses poulettes Sur un juchoir était perché. Maître Renard de nos pauvrettes En flairant s'était approché. « Sais-tu pas la grande nouvelle, Cher petit coq ? » dit le renard. « Non, » répondit le coq, « la quelle ? Réponds moi vite et sans retard. » Cocorico ! Cocorico, joli coco ! « Mon cher coq, » répartit le traître, « Tu ne lis donc pas les journaux ? La nouvelle vient de paraître Au 'Moniteur des animaux'. Toutes les bêtes de la terre, Voyant les humains si mauvais, Ont en l'idée élémentaire De conclure un traité de paix. » Cocorico ! Cocorico, joli coco ! « Descends donc avec ta famille, Petit cocoq, à son Renard ! De vous embrasser tous je grille. » « Et moi donc ! » reprit l'autre à part. Sur ce chantant à perdre haleine Et lançant au loin son regard Le coq interrogeait la plaine. « Que vois-tu donc ? » dit le renard. Cocorico ! Cocorico, joli coco ! « Je vois là-bas sur la grand' route Des chiens qui viennent par ci. C'est pour nous apporter sans doute Cette grande nouvelle aussi. » Mais le renard dit : « Camarade, Au revoir, je suis très pressé. » Et, sans achever sa tirade, Il prit la fuite, et fut sensé. Cocorico ! Cocorico, joli coco !
Contes bleus
by Paul-Jean-Jacques Lacôme d'Estalenx (1838 - 1920)
1. Le coq et le renard  [sung text not yet checked]
Subtitle: Apologue
Text Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897)
Go to the general single-text view
Note: inspired by Jean de La Fontaine's Le Coq et le Renard.
Researcher for this page: Johann Winkler
2. Monsieur de Crac
Subtitle: Fanfare
Ton, ton, ton taine, ton ton ! Monsieur de Crac De Bergerac Était grand chasseur Devant le Seigneur. Il dépeuplait tout le canton, Ton, ton, ton taine, ton ton ! Pan ! d'un seul coup il extermine Un chevreuil, un lièvre, un perdreau, Sans parler d'une bécassine Qui pique une tête dans l'eau. Au même instant un brochet passe, Et savez-vous ce qui se passe ? Eh bien ! le bec de la bécasse Embroche-broche le brochet Très stupefait ! Ton, ton etc. Il va repêcher la bécasse, Son pied glisse sur un pépin. V'lan ! il tombe, est-ce assez cocasse. Les deuxmains sur un gros lapin. Mais il survient une anicroche, Le chien de son fusil s'accroche Dans la chûte au coin de sa poche, Un coup part, et perce le flanc D'un ortolan ! Ton, ton etc. Quand il remonta sur la berge, Ses bottes étaient pleines d'eau. Il entre sonc dans une auberge De peur d'un rhume de cerveau. Vite il retire sa chaussure ; De ses bottes par l'ouverture Voilà qu'il sort une friture, Une friture de goujons Tout frétillons ! Ton, ton etc. De canards une ribambelle Barbotait au bord d'un étang. Au bout d'unelongue ficelle Monsieur de Crac attache un gland. Ces animaux ont lemérite De digérer, dit-on, fort vite, Et l'un après l'autre, à la suite, Ils avalent le gland qui pend. Il en prit cent. Ton, ton etc. A la chasse au lion en Afrique, Crac de gloire enfin s'est couvert. Caché derrière le Tropique, Il attend le Roi du désert. Puis sa tabatière il lui jette Sous le nez ; l'animal s'arrête Eternue et se fend la tête. Il revient avec cent millions De peaux de lions. Ton, ton etc.
Text Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897)
Go to the general single-text view
Researcher for this page: Johann Winkler3. Le soldat de carton
Subtitle: Chanson militaire
Il était en Espagne Un soldat surprenant, N'allant pas en campagne De crainte d'accident. C'était, dit la chronique, Un soldat de carton ; Il avait la colique Au seul bruit du canon ! Rantanplan tire lirelaire, Ah ! le beau mirlitaire ! Ah ! le beau mirliton Que ce soldat de carton ! Il n'osait par la pluie Dehors mettre le pied, Il eut mis en bouillie Sa culotte en papier. Il avait pour bottine Un vrai petit bateau, Un nez en gélatine Et trois rhum's de cerveau ! Rantanplan tire lirelaire, Ah ! le beau mirlitaire ! Ah ! le beau mirliton Que ce soldat de carton ! Il avait un panache En plume de dindon. Il avait pour moustache Du crin noir au menton ; Un fusil en réglisse, Un sabre en chocolat, Un casque pain d'épice Et l'accent auvergnat ! Rantanplan tire lirelaire, Ah ! le beau mirlitaire ! Ah ! le beau mirliton Que ce soldat de carton ! Il avait des dorures De la tête aux talons ; Aux mains des engelures, Mais aux pieds des oignons ; Au cœur, peu d'héroïsme, Mais beaucoup de crachats, Au bras, un rhumatisme Et quatre peaux de chats ! Rantanplan tire lirelaire, Ah ! le beau mirlitaire ! Ah ! le beau mirliton Que ce soldat de carton ! N'aimant pas l'exercice, Toujours il prétextait Qu'il avait la jaunisse, Et dans son lit restait ; Dans l'état militaire Ce qu'il trouvait plus doux, C'était la cantinière Et puis la soupe aux choux ! Rantanplan tire lirelaire, Ah ! le beau mirlitaire ! Ah ! le beau mirliton Que ce soldat de carton ! Il allume un cigare Un jour sans réfléchir, Et crac ! sans crier gare Il se met à rôtir. « A la garde, à la garde ! » Mais on ne trouva plus, Hélas ! que sa cocarde, Reste de ses vertus ! Rantanplan tire lirelaire, Ah ! le beau mirlitaire ! Ah ! le beau mirliton Que ce soldat de carton !
Text Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897)
Go to the general single-text view
Researcher for this page: Johann Winkler4. Ouistiti
Subtitle: Chanson maritime
Il était un tout petit mousse D'un singe il avait la frimousse, Il était si petit, petit, Qu'on le surnommait Ouistiti ; Il s'était engagé pour faire Une rente à sa bonne mère ; Aussi, pour passer matelot, Il eut gaîment risqué sa peau. Cric ! crac! Sabot, Cuiller à pot, Un crapaud dans ton hamac, Cent écus dans mon bissac ! A bord du trois-mâts la 'Joconde' Il avait fait le tour du monde ; Il avait vu Madagascar, Constantinople et Gibraltar. Il avait visité la Chine Et la République Argentine, L'Océanie et le Congo, L'Égypte et même Saint-Malo ! Cric ! crac! Sabot, Cuiller à pot, Un crapaud dans ton hamac, Cent écus dans mon bissac ! Au large on signale un navire. Le commandant se met à dire : « De quel pavillon ? » « Sapristi ! Corsaire Anglais, » dit Ouistiti. Le commandant de la 'Joconde' Crie : « A son poste tout le monde ! Feu partout ! pointons comme il faut ! Dans un quart d'heure il fera chaud ! » Cric ! crac! Sabot, Cuiller à pot, Un crapaud dans ton hamac, Cent écus dans mon bissac ! Le feu prend à bord du corsaire, Que de près la 'Joconde' serre; L'Anglais nous jette le grappin ; Ouistiti voit tout, le malin. Il grimpe et coupe le cordage, Le 'Joconde' alors se dégage. Il était temps, car, aussitôt, L'Anglais saute à cents pieds de haut ! Cric ! crac! Sabot, Cuiller à pot, Un crapaud dans ton hamac, Cent écus dans mon bissac ! Ouistiti, pour un tel service, Fut nommé matelot d'office ; Et puis, pour comble de bonheur, On lui donna la croix d'honneur ! Il revint embrasser sa mère, Qui de son enfant était fière, Car tout le monde à Saint-Malo Lui tirait bien bas son chapeau ! Cric ! crac! Sabot, Cuiller à pot, Un crapaud dans ton hamac, Cent écus dans mon bissac !
Text Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897)
Go to the general single-text view
Researcher for this page: Johann Winkler5. La petite désobéissante
La belle petite Camille Était une petite fille Charmante vraiment en tout point, Mais elle n'obéissait point. Disait-on : « Cours moins fort, petite ! » Elle courait dix fois plus vite, Elle tomba tout de son long Et se fit une bosse au front. La chose est positive, Voilà, voilà ce qu'il arrive Aux enfants Désobéissants. Lui disait-on : « Mais, petit diable, Ne monte donc pas sur la table ! Un beau jour tu te casseras Soit une jambe, soit un bras. » Elle y montait à la minute, Un jour elle fit la culbute, Mais elle en fut punie assez : Elle eut bras et jambe cassés. La chose est positive, Voilà, voilà ce qu'il arrive Aux enfants Désobéissants. Lui disait-on : « Mademoiselle, Me touchez pas à la chandelle, Vous rôtirez comme un gigot. » Vite elle y touchait aussitôt. Le feu prit à sa chevelure ; Ah ! mes enfants, quelle brûlure ! Elle fut chauve et se cacha. De perruque on lui fit achat ... La chose est positive, Voilà, voilà ce qu'il arrive Aux enfants Désobéissants. « Tricote, » disait-on, « Camille ! Mais prends bien garde à ton aiguille ! Cet instrument est dangereux, Tu pourrais te crever les yeux ! » Bah ! Elle en rirait de plus belle. Elle se creva la prunelle. On lui mit un œil en cristal. Ah ! c'est ça qui lui fit du mal ! La chose est positive, Voilà, voilà ce qu'il arrive Aux enfants Désobéissants. De sorte qu'avec sa perruque, Avec sa bosse sur la nuque, Avec son bras en caoutchouc Et sa jambe en bois d'acajou, Surtout avec son œil en verre, Qui vous regardait en colère, Elle effrayait tout le quartier, Tout, même jusqu'au charbonnier ! La chose est positive, Voilà, voilà ce qu'il arrive Aux enfants Désobéissants.
Text Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897)
Based on:
- a text in French (Français) by Sophie Rostopchine, Comtesse de Ségur (1799 - 1874) [text unavailable]
Go to the general single-text view
Researcher for this page: Johann Winkler6. Mademoiselle Tartine  [sung text not yet checked]
De Mademoiselle Tartine En biscuit était le palais ; Tous les murs étaient en farine, Les planchers étaient en croquet. Son lit était un pot de crême, Son oreiller un petit chou ; Le moelleux édredon, lui-même, Était fait de fromagemou. Tartine, On le devine, Était, sans me moquer, Gentille à croquer. Sa bouche était en confiture, Ses yeux en faïence de Rouen, En ivoire était sa denture Et ses jambes en vif argent. Sa joue était en peau de pêche, Son nez était en massepain, Ses dix doigts en saucisse fraîche, Ses cheveux en poils de lapin. Tartine, On le devine, Était, sans me moquer, Gentille à croquer. [...]
Text Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897)
Go to the general single-text view
Note: a stanza is missing and will be added when we obtain it.
Researcher for this page: Johann Winkler
7. Le prince au long nez
Il était une fois un prince Ayant un nez, un si long nez, Que tous le gens de sa province De ce nez étaient consternés. Boire à table il ne pouvait guère, Aux bons vins il tournait le dos ; Car son nez trempait dans son verre Comme un biscuit dans du Bordeaux ! Ah! quel nez ! Ah! quel nez ! L'obélisque En bisque, en bisque. Ah! quel nez ! On pouvait le ramoner ! Ses flatteurs lui disaient: « Grand prince, Vous êtes vraiment beau garçon, Votre nez, c'est vrai, n'est pas mince, Mais il est de belle façon. » Il croyait à leur beau langage, Mais un jour, sortant du palais, Son grand nez fit tant de tapage Que tous les chiens couraient après. Ah! quel nez ! Ah! quel nez ! L'obélisque En bisque, en bisque. Ah! quel nez ! On pouvait le ramoner ! Il aimait une jeune Altesse Qui vint une fois à la cour. Il lui dit : « Vous êtes, Princesse, Plus belle vraiment que le jour. Permettez que je vous embrasse ! » Mais le Prince avait beau chercher, Tout son nez remplissait l'espace, Et d'elle il ne put s'approcher. Ah! quel nez ! Ah! quel nez ! L'obélisque En bisque, en bisque. Ah! quel nez ! On pouvait le ramoner ! La Princesse avait pour marraine Une fée ; on la fit venir. « Mes enfants, malgré votre peine, » Dit la fée, « il faut vous unir. » « Eh bien ! soit ! allons à l'église, » Dit le Prince, « il faut obéir. » Il tâta son nez ... ô surprise ! Son nez venait de raccourcir ! Ah! quel nez ! Quel beau nez ! Il le touche, Il louche et mouche. Ah! quel nez ! Bien tourné ! Chacun était étonné.
Text Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897) [an adaptation]
Based on:
- a text in French (Français) by Edmond Rostand (1868 - 1918) [text unavailable]
Go to the general single-text view
Researcher for this page: Johann Winkler8. Don Quichotte
Don Quichotte de la Manche Était un brave hidalgo, Sec et long comme une planche Et sujet au vertigo. Il dégainait tout de go, Ce qui lui valut plus d'un lumbago. Son bon écuyer fidèle, Sancho Pança l'escortait, Et son bon cheval de selle Rosinante le portait. Ce cheval, chose étonnante, Jamais, jamais n'engraissa, Car à panser Rosinante Jamais Pança ne pensa. Don Quichotte etc. Pour un géant de la fable Il prend un moulin à vent, Et d'une voix formidable, Il crie : « Allons, en avant ! » De sa lance il perce une aile, Le moulin vient à tourner ; Cheval et lui, pêle-mêle Vont en l'air tourbillonner ! Don Quichotte etc. Un jour il creva la panse A plusieurs outres de vins, Les prenant dans sa démence Pour un tas de vils coquins. Le vin inondait la cave, Et lui, criait : « Je vous tiens ! Pif, paf, pouf, ah ! je vous brave A moi seul, méchants vauriens ! » Don Quichotte etc. Une autre fois, dit l'histoire, Un lion il attaqua, Que l'on menait à la foire De Grenade à Malaga. Le lion était maussade : Il envoie au chevalier Une bonne pétarade Qui manqua le reverser. Don Quichotte etc. Mais toutes ces aventures Altéraient fort sa santé. Il souffrait de vingt blessures, Il s'était donc alité. Il fit venir un notaire, Lui dicta son testament, Puis prit un dernier clystère Et mourut gaillardement Don Quichotte etc.
Text Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897)
Go to the general single-text view
Researcher for this page: Johann Winkler9. La petite pendule
Une fois, chez un brave homme, Une pendule il était, Dont le tintin, Dieu sait comme, Toute la maison charmait. Cette pendule chérie Pour son maître, sur l'honneur, N'avait sonné de sa vie Que des heures de bonheur. Tic, tac, bom, bom, bom ! Sonne et carillonne, Pendule mignonne, Que ta voix, résonne, Sonne donc, Dig et dig et don. Un jour, hélas ! ô scandale ! Un grand guerrier mal appris Voit la pendule ... l'emballe Et l'emporte en son pays. De son maître séparée, La pendule, de douleur, Sonnait en désespérée Et s'écriait : au voleur ! Tic, tac etc. Le guerrier prenait pilule, Sur pilule sans dormir, Car la fidèle pendule Ne cessait de retentir. Alors il perd patience, Il fait venir l'horloger ! Mais ni l'art ni la science Ne peuvent y rien changer. Tic, tac etc. Enfin, à bout de souffrance, Il la renvoya, chagrin, A son premier maître en France, Et le sommeil lui revint. La pendule était heureuse, Son maître l'aimait toujours ; Elle répétait, joyeuse, Son refrain des anciens jours : Tic, tac etc.
Text Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897)
Go to the general single-text view
Researcher for this page: Johann Winkler10. La Toussaint
Subtitle: Légende Alsacienne, ou conte bleu
Tous les ans à la Toussaint, Quand sonnent les cloches sombres, Dans le brouillard incertain Il passe de grandes ombres. C'est un conte bleu, Qu'en Alsace A voix basse On raconte au coin du feu. Dans le ciel noir on entend Des fanfares de trompettes, Des cris de commandement Et des chocs de baïonnettes. C'est un conte bleu etc. Cependant à l'orient Le premier soleil arrive, Qui dissipe en souriant La vision fugitive. C'est un conte bleu etc. Ça, disent les paysans, Ce sont les soldats de France Qui reviennent tous les ans Pour nous crier : Espérance ! C'est un conte bleu etc.
Text Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897)
Go to the general single-text view
Researcher for this page: Johann Winkler