Toutes deux regardaient s'enfuir les hirondelles : L'une pâle aux cheveux de jais, et l'autre blonde Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde Vaguement serpentaient, nuages, autour d'elles. Et toutes deux, avec des langueurs d'asphodèles, Tandis qu'au ciel montait la lune molle et ronde, Savouraient à longs traits l'émotion profonde Du soir et le bonheur triste des coeurs fidèles, Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples, Couple étrange qui prend pitié des autres couples, Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes. Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre, Emphatique comme un trône de mélodrames Et plein d'odeurs, le Lit, défait, s'ouvrait dans l'ombre.
Jeux de femmes, 6 poèmes érotiques de Paul Verlaine
by Patrick Burgan (b. 1960)
1. Sur le balcon  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Sur le balcon", written 1867?, appears in Parallèlement, in Les amies, no. 1, Paris, Éd. Léon Vanier, first published 1889
Go to the general single-text view
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Pensionnaires  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
L'une avait quinze ans, l'autre en avait seize ; Toutes deux dormaient dans la même chambre C'était par un soir très lourd de septembre Frêles, des yeux bleus, des rougeurs de fraise. Chacune a quitté, pour se mettre à l'aise, La fine chemise au frais parfum d'ambre, La plus jeune étend les bras, et se cambre, Et sa sœur, les mains sur ses seins, la baise, Puis tombe à genoux, puis devient farouche Et tumultueuse et folle, et sa bouche Plonge sous l'or blond, dans les ombres grises ; Et l'enfant, pendant ce temps-là, recense Sur ses doigts mignons des valses promises. Et, rose, sourit avec innocence.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Pensionnaires", written 1867, appears in Parallèlement, in Les amies, no. 2, Paris, Éd. Léon Vanier, first published 1889
See other settings of this text.
Researcher for this page: Guy Laffaille [Guest Editor]3. Per amica silentia  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Les longs rideaux de blanche mousseline Que la lueur pâle de la veilleuse Fait fluer comme une vague opaline Dans l'ombre mollement mystérieuse, Les grands rideaux du grand lit d'Adeline Ont entendu, Claire, ta voix rieuse, Ta douce voix argentine et câline Qu'une autre voix enlace, furieuse. " Aimons, aimons ! " disaient vos voix mêlées, Claire, Adeline, adorables victimes Du noble voeu de vos âmes sublimes. Aimez, aimez ! ô chères Esseulées, Puisqu'en ces jours de malheur, vous encore, Le glorieux Stigmate vous décore.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Per amica silentia", written 1867?, appears in Parallèlement, in Les amies, no. 3, Paris, Éd. Léon Vanier, first published 1889
Go to the general single-text view
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Printemps  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Tendre, la jeune femme rousse, Que tant d'innocence émoustille, Dit à la blonde jeune fille Ces mots, tout bas, d'une voix douce : » Sève qui monte et fleur qui pousse, Ton enfance est une charmille : Laisse errer mes doigts dans la mousse Où le bouton de rose brille, » Laisse-moi, parmi l'herbe claire, Boire les gouttes de rosée Dont la fleur tendre est arrosée, -- » Afin que le plaisir, ma chère, Illumine ton front candide Comme l'aube l'azur timide. «
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Printemps", appears in Parallèlement, in Les amies, no. 4, first published 1867
See other settings of this text.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Été  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Et l'enfant répondit, pâmée Sous la fourmillante caresse De sa pantelante maîtresse : » Je me meurs, ô ma bien-aimée ! » Je me meurs : ta gorge enflammée Et lourde me soûle et m'oppresse ; Ta forte chair d'où sort l'ivresse Est étrangement parfumée ; » Elle a, ta chair, le charme sombre Des maturités estivales, -- Elle en a l'ambre, elle en a l'ombre ; » Ta voix tonne dans les rafales, Et ta chevelure sanglante Fuit brusquement dans la nuit lente. «
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Été", appears in Parallèlement, in Les amies, no. 5, first published 1867
Go to the general single-text view
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Sappho  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Furieuse, les yeux caves et les seins roides, Sapho, que la langueur de son désir irrite, Comme une louve court le long des grèves froides, Elle songe à Phaon, oublieuse [du Rite]1, Et, voyant à ce point ses larmes dédaignées, Arrache ses cheveux immenses par poignées ; Puis elle évoque, en des remords sans accalmies, Ces temps où rayonnait, pure, la jeune gloire De ses amours chantées en vers que la mémoire De l'âme va redire aux vierges endormies : Et voilà qu'elle abat ses paupières blêmies Et saute dans la mer où l'appelle la Moire, -- Tandis qu'au ciel éclate, incendiant l'eau noire, La pâle Séléné qui venge les Amies.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Sappho", appears in Parallèlement, in Les amies, no. 6, Paris, Éd. Léon Vanier, first published 1889
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "Sapho", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
1 Vierne: "des rites"
Researcher for this page: Geoffrey Wieting
Total word count: 564