Je meurs de soif auprès de la fontaine ; Je treuve doulx ce qui doit estre amer ; J'aime et tiens chiers tous ceulx qui me font haine, Je hé tous ceulx que fort je deusse amer ; Je loue ceulx que je deusse blamer, Je prens en gré plus le mal que le bien ; Je vais querant ce qu'à trouver je doubte ; Croire ne puis cela que je sçay bien, Je me tiens seur de ce dont plus j'ay doubte. Je prens plaisir en ce qui m'est atayne ; Ung peu de chose m'est grant comme la mer ; Je tiens de près celle qui m'est loingtaine, Je garde entier ce que deusse entamer, Saoul suis de ce qui me fait affamer ; J'ay largement de tout, et si n'ay rien, J'oublie ce que plus à cuer je boute ; Ce qui me lasche me tient en son lien : Je me tiens seur de ce dont plus j'ay doubte. Je tiens pour basse chose qui est haultaine ; Je fuy tous ceulx que deusse reclamer, Je croy plus tard le vray qu'une fredaine ; Tant plus suis froit, plus me sens enflamer ; Quand j'ay bon cuer, lors je prens a pasmer, Ce que j'acquiers je ne tiens pas pour mien, Je prise peu ce qui bien chier me couste ; Sote manière m'est plus que beau maintien, Je me tiens seur de ce dont plus j'ay doubte. Prince, j'ay tout, et si ne sçay combien : J'atire à moy ce qui plus me déboute ; Ce que j'esloigne m'est plus qu'autre rien ; Je me tiens seur de ce dont plus j'ay doubte.
La Guirlande de Blois
Song Cycle by Camillo Togni (1922 - 1993)
1. Je meurs de soif  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Jean Robertet (1405 - 1492), "Ballade"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Je n'ai plus soif  [sung text not yet checked]
Je n'ay plus soif, tairie est la fontaine ; Bien eschauffé, sans le feu amoureux ; Je voy bien cler, ja ne fault qu'on me maine ; Folie et Sens me gouvernent tous deux ; En Nonchaloir resveille sommeilleux ; C'est de mon fait une chose meslee, Ne bien, ne mal, d'aventure menee. Je gaingne et pers, m'escontant par sepmaine ; Ris, Jeux, Deduiz, je ne tiens conte d'eulx : Espoir et Dueil me mettent hors d'alaine ; Eur, me flatent, si m'est trop rigoreux ; Dont vient cela que je riz et me deulz ? Esse par sens ou folie esprouvee ? Ne bien, ne mal, d'aventure menee. Guerdonné suis de malleureuse estraine ; En combattant, je me sens couraigeux ; Joye et Soussy m'ont mis en leur demaine ; Tout desconfit, me tiens au ranc des preux ; Qui me saroit desnoer tous ses neux ? Teste d'assier y fauldroit, fort armee, Ne bien, ne mal, d'aventure menee. Prince, veillesse fait me jouer a telz jeux, Perdre et gaingner, et tout par ses conseulx ; A la faille j'ay joué ceste annee, Ne bien, ne mal, d'aventure menee.
Text Authorship:
- by Charles, Duc d'Orléans (1394 - 1465), no title
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Je meurs de seuf  [sung text not yet checked]
Je meurs de soif auprès de la fontaine, Chaud comme feu, et tremble dent à dent, En mon païs suis en terre lointaine ; Lez un brazier friçonne tout ardent ; Nu comme ung ver, vestu en president ; Je ris en pleurs, et attens sans espoir ; Confort reprens en triste desespoir ; Je m’esjouys et n’ay plaisir aucun ; Puissant je suis sans force et sans povoir, Bien recueilly, débouté de chascun. Rien ne m’est seur que la chose incertaine, Obscur, fors ce qui est tout évident ; Doubte ne fais, fors en chose certaine ; Science tiens à soudain accident ; Je gaigne tout, et demeure perdent ; Au point du jour, diz : « Dieu vous doint bon soir ! » Gisant envers, j’ay grant paour de cheoir ; J’ay bien de quoy, et si n’en ay pas un ; Eschoicte attens, et d’homme ne suis hoir, Bien recueilly, debouté de chascun. De riens n’ay soing, si metz toute ma paine D’acquerir biens, et n’y suis pretendant ; Qui mieulx medit, c’est cil qui plus m’attaine, Et qui plus vray, lors plus me va bourdant ; Mon ami est qui me fait entendant D’ung cygne blanc que c’est ung corbeau noir ; Et qui me nuyst, croy qu’il m’aide à povoir. Verité, bourde, aujourd’uy m’est tout un. Je retiens tout ; riens ne sçay concepvoir, Bien recueilly, debouté de chascun. L’ENVOI Prince clement, or vous plaise savoir Que j’entens moult et n’ay sens ne sçavoir ; Parcial suis, à toutes lois commun. Que fais-je plus ? Quoy ? Les gaiges ravoir, Bien recueilly, debouté de chascun.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), title 1: "Ballade du concours de Blois", title 2: "Ballade Villon"
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Laura Prichard) , "Ballad: On the Examination at Blois", copyright © 2016, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Œuvres complètes de François Villon,
éd. préparée par La Monnoye, mise à jour, avec notes et glossaire par M. Pierre Jannet, Paris, A. Lemerre, 1876, pages 110-111, titled "Ballade Villon"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]