Sur l'air populaire : « Quand le bonhomm' revint du bois.» Quand ce jeune homm’ rentra chez lui, Quand ce jeune homm’ rentra chez lui ; Il prit à deux mains son vieux crâne, Qui de science était un puits ! Crâne, Riche crâne, Entends-tu la Folie qui plane ? Et qui demande le cordon, Digue dondaine, digue dondaine, Et qui demande le cordon, Digue dondaine, digue dondon ? Quand ce jeune homm’ rentra chez lui, Quand ce jeune homm’ rentra chez lui ; Il entendit de tristes gammes, Qu’un piano pleurait dans la nuit ! Gammes, Vieilles gammes, Ensemble, enfants, nous vous cherchâmes ; Son mari m’a fermé sa maison, Digue dondaine, digue dondaine, Son mari m’a fermé sa maison, Digue dondaine, digue dondon ! Quand ce jeune homm’ rentra chez lui, Quand ce jeune homm’ rentra chez lui ; Il mit le nez dans sa belle âme, Où fermentaient des tas d’ennuis ! Âme, Ma belle âme, Leur huile est trop sal’ pour ta flamme ! Puis, nuit partout ! lors, à quoi bon ? Digue dondaine, digue dondaine, Puis, nuit partout ! lors, à quoi bon ? Digue dondaine, digue dondon ! Quand ce jeune homm’ rentra chez lui, Quand ce jeune homm’ rentra chez lui ; Il vit que sa charmante femme, Avait déménagé sans lui ! Dame, Notre-Dame, Je n’aurai pas un mot de blâme ! Mais t’aurais pu m’laisser l’charbon1, Digue dondaine, digue dondaine, Mais t’aurais pu m’laisser l’charbon, Digue dondaine, digue dondon. Lors, ce jeune homme aux tels ennuis, Lors, ce jeune homme aux tels ennuis ; Alla décrocher une lame, Qu’on lui avait fait cadeau avec l’étui ! Lame, Fine lame, Soyez plus droite que la femme ! Et vous, mon Dieu, pardon ! pardon ! Digue dondaine, digue dondaine, Et vous, mon Dieu, pardon ! pardon ! Digue dondaine, digue dondon ! Quand les croq’morts vinrent chez lui, Quand les croq’morts vinrent chez lui ; Ils virent qu’c’était un’ belle âme, Comme on n’en fait plus aujourd’hui. Âme, Dors, belle âme ! Quand on est mort, c’est pour de bon, Digue dondaine, digue dondaine, Quand on est mort, c’est pour de bon, Digue dondaine, digue dondon !
Quatre Complaintes de Jules Laforgue
by Nicolas Karjinsky (1894 - 1945)
1. Complainte du pauvre jeune homme  [sung text not yet checked]
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- by Jules Laforgue (1860 - 1887), "Complainte du pauvre jeune homme", appears in Les Complaintes, Paris, Léon Vanier, first published 1885
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View original text (without footnotes)Confirmed with Œuvres complètes de Jules Laforgue, Volume I. Poésies, Paris, Mercure de France, 1922, pages 167-170.
1 note from edition: Pour s’asphyxier.Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. Complainte de l'oubli des morts  [sung text not yet checked]
Mesdames et Messieurs, Vous dont la mère est morte. C’est le bon fossoyeux Qui gratte à votre porte. Les morts C’est sous terre ; Ça n’en sort Guère. Vous fumez dans vos bocks, Vous soldez quelque idylle, Là-bas chante le coq, Pauvres morts hors des villes ! Grand-papa se penchait, Là, le doigt sur la tempe, Sœur faisait du crochet, Mère montait la lampe. Les morts C’est discret, Ça dort Trop au frais. Vous avez bien dîné, Comment va cette affaire ? Ah ! les petits mort-nés Ne se dorlotent guère ! Notez, d’un trait égal, Au livre de la caisse, Entre deux frais de bal : Entretien tombe et messe. C’est gai, Cette vie ; Hein, ma mie, Ô gué ? Mesdames et Messieurs, Vous dont la sœur est morte, Ouvrez au fossoyeux Qui claque à votre porte ; Si vous n’avez pitié, Il viendra (sans rancune) Vous tirer par les pieds, Une nuit de grand’lune ! Importun Vent qui rage ! Les défunts ? Ça voyage…
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- by Jules Laforgue (1860 - 1887), "Complainte de l'oubli des morts", appears in Les Complaintes, Paris, Léon Vanier, first published 1885
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Confirmed with Œuvres complètes de Jules Laforgue, Volume I. Poésies, Paris, Mercure de France, 1922, pages 164-166.
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3. Complainte‑litanies de mon sacré cœur  [sung text not yet checked]
Prométhée et Vautour, châtiment et blasphème, Mon cœur, cancer sans cœur, se grignote lui-même. Mon Cœur est une urne où j’ai mis certains défunts, Oh ! chut, refrains de leurs berceaux ! et vous, parfums… Mon Cœur est un lexique où cent littératures Se lardent sans répit de divines ratures. Mon Cœur est un désert altéré, bien que soûl De ce vin revomi, l’universel dégoût. Mon cœur est un Néron, enfant gâté d’Asie, Qui d’empires de rêve en vain se rassasie. Mon Cœur est un noyé vidé d’âme et d’essors, Qu’étreint la pieuvre Spleen en ses ventouses d’or. C’est un feu d’artifice, hélas ! qu’avant la fête, A noyé sans retour l’averse qui s’embête. Mon Cœur est le terrestre Histoire-Corbillard, Que traînent au néant l’instinct et le hasard. Mon cœur est une horloge oubliée à demeure, Qui, me sachant défunt, s’obstine à sonner l’heure ! Mon aimée était là, toute à me consoler ; Je l’ai trop fait souffrir, ça ne peut plus aller. Mon Cœur, plongé au Styx de nos arts danaïdes, Présente à tout baiser une armure de vide. Et toujours, mon Cœur, ayant ainsi déclamé, En revient à sa complainte : Aimer, être aimé !
Text Authorship:
- by Jules Laforgue (1860 - 1887), "Complainte-litanies de mon sacré-cœur", written 1881, appears in Les Complaintes, Paris, Léon Vanier, first published 1885
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Confirmed with Œuvres complètes de Jules Laforgue, Volume I. Poésies, Paris, Mercure de France, 1922, pages 186-187.
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4. La chanson du petit hypertrophique  [sung text not yet checked]
C'est d'un' maladie d' coeur Qu'est mort', m'a dit l' docteur, Tir-lan-laire ! Ma pauv' mère ; Et que j'irai là-bas, Fair' dodo z'avec elle. J'entends mon cœur qui bat, C'est maman qui m'appelle ! On rit d' moi dans les rues, De mes min's incongrues La-i-tou ! D'enfant saoul ; Ah ! Dieu ! C'est qu'à chaqu' pas J'étouff', moi, je chancelle ! J'entends mon cœur qui bat, C'est maman qui m'appelle ! Aussi j' vais par les champs Sangloter aux couchants, La-ri-rette ! C'est bien bête. Mais le soleil, j' sais pas, M' semble un coeur qui ruisselle ! J'entends mon coeur qui bat, C'est maman qui m'appelle ! Ah! si la p'tit' Gen'viève Voulait d' mon coeur qui s' crève. Pi-lou-i ! Ah, oui ! J' suis jaune et triste, hélas ! Elle est ros', gaie et belle ! J'entends mon cœur qui bat, C'est maman qui m'appelle ! Non, tout l' monde est méchant, Hors le coeur des couchants, Tir-lan-laire ! Et ma mère, Et j' veux aller là-bas Fair' dodo z'avec elle... Mon coeur bat, bat, bat, bat... Dis, Maman, tu m'appelles ?
Text Authorship:
- by Jules Laforgue (1860 - 1887), "La chanson du petit hypertrophique", written 1882?, first published 1895
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First published in La Revue Blanche, August 1, 1895.
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