Le chêne a-t-il grandi ? tient-il bien sa promesse, Ami des anciens jours ? Et ce que tu disais de lui dans sa jeunesse, Le penses-tu toujours ? Oui, c’était bien un chêne, et d’une fleur de serre Il n’a pas l’agrément ; Son écorce est rugueuse et sombre : en pleine terre Il a crû lentement. Sa racine a senti bien souvent de la roche Le contact détesté ; Mais elle la contourne et sur elle s’accroche Avec ténacité. Sa tête sans orgueil dépasse à peine l’herbe. Qui durera verra ! L’herbe sera fauchée, et la cime superbe Longtemps s’élèvera. L’arbuste pousse vite et son riche feuillage A bientôt recouvert Le jeune arbre sans grâce et sans fleurs, qu’un même âge Fait moins fort et moins vert. Sois patient ! le Temps qui sans pitié ravage Et la tige et la fleur De l’arbuste, saura du vieux chêne sauvage Consacrer la valeur ; Ses branches se tordant ainsi que des reptiles Croîtront dans l’avenir, Quand on aura perdu des plantes inutiles Même le souvenir. À toi merci, prophète aux strophes téméraires, Pour avoir deviné Que le frêle arbrisseau, battu des vents contraires, Était prédestiné !
Songs of Nature and Farewell
by James Francis Brown (b. 1969)
1. Le Chêne  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Charles Camille Saint-Saëns (1835 - 1921), "Le Chêne", appears in Rimes familières, in 1. Strophes, no. 7
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Confirmed with Charles Camille Saint-Saëns, Rimes familières, Calmann Lévy, 1890, pages 31-33.
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Joost van der Linden [Guest Editor]
2. La Libellule  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Près de l'étang, sur la prêle Vole, agaçant le désir, La Libellule au corps frêle Qu'on voudrait en vain saisir. Est-ce une chimère, un rêve Que traverse un rayon d'or ? Tout à coup elle fait trêve À son lumineux essor. Elle part, elle se pose, Apparaît dans un éclair Et fuit, dédaignant la rose Pour le lotus froid et clair. À la fois puissante et libre, Sœur du vent, fille du ciel, Son aile frissonne et vibre Comme le luth d'Ariel. Fugitive, transparente, Faite d'azur et de nuit, Elle semble une âme errante Sur l'eau qui dans l'ombre luit. Radieuse elle se joue Sur les lotus entr'ouverts, Comme un baiser sur la joue De la Naïade aux yeux verts. Que cherche-t-elle ? une proie. Sa devise est: cruauté. Le carnage met en joie Son implacable beauté.
Text Authorship:
- by Charles Camille Saint-Saëns (1835 - 1921), "La libellule", written 1890, appears in Rimes familières, in 1. Strophes, no. 1, Paris, Éd. Calmann Lévy, first published 1890
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Garrett Medlock) , "The dragonfly", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
3. Adieu  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Je pars. Le vaisseau superbe Qui m’emportera demain Comme un sanglier dans l’herbe Dort, puissant, calme et hautain. Trouverai-je la tempête ? Le cyclone, cet enfer ? Qu’importe ! c’est une fête De s’évader sur la mer. Je vais dans une île verte Que couronnent les volcans ; Cette île n’est pas déserte : On y vit plus de cent ans. Là sont des plantes énormes, Des feuillages d’ornement. Vous m’attendrez sous les ormes En disant : quel garnement ! Les succès et les déboires Des artistes du moment, Les batailles oratoires Des membres du Parlement, L’Opéra, temple des gloires Et des ennuis mêmement, Je vous laisse ces histoires : Jouissez-en largement ! Moi, j’aurai pour nourriture De mon âme et de mon cœur Le calme de la Nature, L’oubli, père du bonheur ! Ce sont voluptés réelles ; Et je m’embarquerai sur Les triomphantes nacelles, Bercé par la mer d’azur Où les poissons ont des ailes !
Text Authorship:
- by Charles Camille Saint-Saëns (1835 - 1921), "Adieu", appears in Rimes familières, in 3. Poésies diverses, no. 1
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Confirmed with Camille Saint-Saëns, Rimes familières, Calmann Lévy, 1890, pages 85-89.
Researcher for this page: Joost van der Linden [Guest Editor]
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