L'oiseleur Amour se promène Lorsque les coteaux sont fleuris, Fouillant les buissons et la plaine ; Et chaque soir sa cage est pleine Des petits oiseaux qu'il a pris. Aussitôt que la nuit s'efface Il vient, tend avec soin son fil, Jette la glu de place en place, Puis sème, pour cacher la trace, Quelques brins d'avoine ou de mil. Il s'embusque au coin d'une haie, Se couche aux berges des ruisseaux, Glisse en rampant sous la futaie, De crainte que son pied n'effraie Les rapides petits oiseaux. Sous le muguet et la pervenche L'enfant rusé cache ses rets, Ou bien sous l'aubépine blanche Où tombent, comme une avalanche, Linots, pinsons, chardonnerets. Parfois d'une souple baguette D'osier vert ou de romarin Il fait un piège, et puis il guette Les petits oiseaux en goguette Qui viennent becqueter son grain. Étourdi, joyeux et rapide, Bientôt approche un oiselet : Il regarde d'un air candide, S'enhardit, goûte au grain perfide, Et se prend la patte au filet. Et l'oiseleur Amour l'emmène Loin des coteaux frais et fleuris, Loin des buissons et de la plaine, Et chaque soir sa cage est pleine Des petits oiseaux qu'il a pris.
Deux Chansons de Guy de Maupassant
by Émile Paladilhe (1844 - 1926)
1. L'Oiseleur Amour  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by (Henri René Albert) Guy de Maupassant (1850 - 1893), "L'Oiseleur", written 1884, appears in Des Vers, no. 10, Paris, Éd. V. Havard, first published 1884
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. La Chanson du Rayon de Lune
Language: French (Français)
Sais-tu qui je suis ? Le Rayon de Lune.
Sais-tu d’où je viens ? Regarde là-haut.
Ma mère est brillante, et la nuit est brune.
Je rampe sous l’arbre et glisse sur l’eau ;
Je m’étends sur l’herbe et cours sur la dune ;
Je grimpe au mur noir, au tronc du bouleau,
Comme un maraudeur qui cherche fortune.
Je n’ai jamais froid ; je n’ai jamais chaud.
Je suis si petit que je passe
Où nul autre ne passerait.
Aux vitres je colle ma face
Et j’ai surpris plus d’un secret.
Je me couche de place en place
Et les bêtes de la forêt,
Les amoureux au pied distrait,
Pour mieux s’aimer suivent ma trace.
Puis, quand je me perds dans l’espace,
Je laisse au cœur un long regret.
Rossignol et fauvette
Pour moi chantent au faîte
Des ormes ou des pins.
J’aime à mettre ma tête
Au terrier des lapins ;
Lors, quittant sa retraite
Avec des bonds soudains,
Chacun part et se jette
A travers les chemins.
Au fond des creux ravins
Je réveille les daims
Et la biche inquiète.
...
Ma mère soulève
Les flots écumeux ;
Alors je me lève,
Et sur chaque grève
J’agite mes feux.
Puis j’endors la sève
Par le bois ombreux ;
Et ma clarté brève,
Dans les chemins creux,
Parfois semble un glaive
Au passant peureux.
Je donne le rêve
Aux esprits joyeux,
Un instant de trêve
Aux cœurs malheureux.
Sais-tu qui je suis ? Le Rayon de Lune.
Et sais-tu pourquoi je viens de là-haut ?
Sous les arbres noirs la nuit était brune ;
Tu pouvais te perdre et glisser dans l’eau,
Errer par les bois, vaguer sur la dune,
Te heurter, dans l’ombre, au tronc du bouleau.
Je veux te montrer la route opportune ;
Et voilà pourquoi je viens de là-haut.
Text Authorship:
- by (Henri René Albert) Guy de Maupassant (1850 - 1893), "La Chanson du Rayon de Lune", subtitle: "Faite pour une nouvelle", written 1884, appears in Des Vers, no. 16, Paris, Éd. V. Havard, first published 1884
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