Chemin de nuit, nuit du chemin! la lune est sur le lac, le lac est dans tes yeux. La voiture emportait notre voyage nocturne. Tes yeux sont les yeux des voyages, voyages des convalescents. Quand le postillon ne chantera plus je te dirai ma pensée, c'est un question de géologie architecturale au sujet de l'infini des montagnes, de la forme des montagnes. Il y avait sur la couverture à griffes un bol de porcelaine où la lune mettait un point. Dans le demi-sommeil de la voiture - le postillon chante, chante postillon - je croyais que la lune était le bol, que la couverture à griffes c'était les montagnes et que nous n'étions plus sur terre. Plus de lune! O nuit des chemins! O chemin des nuits: tes yeux sont des yeux de la mer et je ne te connais pas. C'est ainsi que nous avançons avec tout notre laisser-aller vers ce pays qui n'est pas loin que je ne souhaitais pas de connaître et où une certaine angoisse m'indique que le postillon me conduit en chantant. Maintenant c'est la peur!
Visions infernales
Song Cycle by Henri-Pierre Poupard (1901 - 1989)
1. Voyage
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Max Jacob (1876 - 1944), appears in Visions infernales, first published 1924
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Voisinage
Language: French (Français)
La porte s'ouvre! on parle! il n'y a personne! je sens qu'il y a là quelqu'un. J'allume la lampe et le mur s'anime; chaque fleur du papier a du sang sur les ailes, chaque animal a du sang sur ses pétales. Tout cela s'anime et s'avance, tout vient au milieu du tapis; et le crépuscule de la cheminée est un cône. Dans quel état mon domestique me trouvera-t-il demain! Mes doigts qui tâtonnent dans l'ombre ont rencontré le coin du lit, le lit sauveur s'il ne m'emporte, s'il ne m'emporte ailleurs! Or on ne retrouva plus le couché mais à sa place une bête visqueuse.
Text Authorship:
- by Max Jacob (1876 - 1944), appears in Visions infernales, first published 1924
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Que penser de mon salut
Language: French (Français)
Il est comme la tige au milieu des herbes il est comme l'herbe au milieu des tiges. Grand comme un sire chez les vasseaux ou comme un roi chez les barons petit si tu le changes un peu comme un vieillard chez des soldats. Grand comme un Saint chez les tziganes petit comme un tzigane chez les saints petit comme un boeuf chez les tigres grand comme un tigre chez les boeufs juste assez grand pour l'enfer riche de ce qui attire le diable et dépourvu de tout le reste.
Text Authorship:
- by Max Jacob (1876 - 1944), appears in Visions infernales, first published 1924
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Régates mystérieuses
Language: French (Français)
Galères! les proues et les poupes s'avancent et reculent! on jette à la mer par l'oeil et la gueule de monstres sculptés des hommes nus pour la fête. Proues et poupes imitent par leurs sculptures et leurs mouvements les vagues et leur glissement. Chaque dent des monstres tient un bras, chaque bras tient un homme qui ne reparaît plus. Il ne paraîtra plus sur cette terre! mais les monstres sculptés semblent sourir: c'est que l'homme paraîtra ailleurs, hélas!
Text Authorship:
- by Max Jacob (1876 - 1944), appears in Visions infernales, first published 1924
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Le petit paysan
Language: French (Français)
Sous les ormeaux plus vieux que mon père et que mon grand'père, sous les ormeaux du Mont Frugy d'Odet. Sous les marronniers des bords d'Odet où je suis né, j'ai vu passer le petit paysan malade. Oh! ne me regarde pas comme si j'allais mourir car tu es moi-même et je te connais. L'enfant! l'enfant vient-il du ciel ou de l'enfer? Souris, je te connaîtrai par ton sourire.
Text Authorship:
- by Max Jacob (1876 - 1944), appears in Visions infernales, first published 1924
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Exhortation
Language: French (Français)
Vous, si beaux, qui passez! vous si bons qui m'aimez! vous si grands qu'on admire! Je pleure à vous. Oh! oui! mes yeux se rempliront de larmes et quand vous aurez passé, mes larmes ne cesseront pas car je sais vers quel trous vous marchez! je connais, mieux que personne, celui qui vous guette au détour!
Text Authorship:
- by Max Jacob (1876 - 1944), appears in Visions infernales, first published 1924
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]Total word count: 576