Vieil homme aux mains nues, Ô remis entre les hommes, Crusoé! Tu pleurais, j'imagines, quand des tours de l'Abbaye comme un flux s'épandait le sanglot des cloches sur la Ville. O Dépouillé! Tu pleurais de songer aux brisants sous la lune; aux sonorités du ciel vide; aux musiques étranges qui naissent et s'assourdissent dans le temple clos des oreilles solitaires, Semblables aux cercles enchaînés que sont les ondes d'une conque, ou à l'amplification de clameurs sous la mer.
Images à Crusoé
Song Cycle by Louis Durey (1888 - 1979)
Translated to:
English — Images of Crusoe
1. Crusoé
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Aléxis Saint Léger-Léger (1887 - 1975), as Saint-John Perse
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Researcher for this page: Ted Perry2. Vendredi
Language: French (Français)
Rires dans du soleil, Ivoire! Agenouillements timides, les paumes comme des palmes, Ingénuités de singe, douceur et caresses, simplicité du chevreau, Douceur et caresses, ... Vendredi! Que tu étais net, les mains aux genoux, éclaboussant de la lumière, quand près de Lui, tu promenais le ruissellement bleu de tes membres! Maintenant l'on t'a fait cadeau d'une défroque rouge. Tu bois l'huile des lampes et tu voles au garde-manger; tu convoites les jupes de la cuisinière parce qu'elle est grasse et sent le poisson; tu mires aux boutons de ta livrée tes yeux fourbes et ton rire devenu vicieux.
Text Authorship:
- by Aléxis Saint Léger-Léger (1887 - 1975), as Saint-John Perse
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Researcher for this page: Ted Perry3. Association
Language: French (Français)
Le pan de mur est en face, pour conjurer le cercle de ton rêve. Mais l'image pousse son cri. Le tête contre une oreille du fauteuil gras, tu éprouives tes dents avec ta langue: le goût des graisses et des sauces infecte tes gencives. Et tu songes aux matins jaunes sur ton île, quand la lumière s'insinue à l'eau des feuilles sombres; à l'air laiteux enrichi du sel des alizés et des eaux mystérieuses. ... C'est la sueur des séves, le suint amer des icaquiers, l'âcre insinuation des mangliers charnus et les fusées du tamarin dont l'aube fut violontée. C'est le miel fauve des fourmis dans les galeries du raisinier; et des insectes rouges sur le sable. C'est un goût de jus clair, dont surit l'air que tu bois ... Fète-Dieu sur la mer et les nues! Les toiles resplendissent, les parvis invisibles sont semés d'herbages, ton île est un reposoir d'odeur verte écrasée!
Text Authorship:
- by Aléxis Saint Léger-Léger (1887 - 1975), as Saint-John Perse
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Researcher for this page: Ted Perry4. L'arc
Language: French (Français)
Devant les mystères de la cheminée, transi sous ta houppelande à fleurs, tu regardes onduler les nageoires douces de la flamme. -- Mais un craquement fissure l'ombre chantante: c'est ton arc qui vient d'éclater, à son clou, suivant l'une des fibres qui le divisent. Et il s'entr'ouvre tout au long, comme le pois de flamboyant, comme la gousse du kourbari.
Text Authorship:
- by Aléxis Saint Léger-Léger (1887 - 1975), as Saint-John Perse
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Researcher for this page: Ted Perry5. Visitation
Language: French (Français)
C'est le soir sur ton Île et à l'entour, ici et là, partout où s'arrondit le vase sans défaut de la mer, c'est le soir couleur de paupières et remueur de linges dans le ciel ... Tout est salé, tout est visqueux et lourd comme la vie des plasmes. Les pélicans se bercent dans un rêve huileux, et le fruit creux du catalpa sourd d'insectes tombera dans l'eau des criques, fouillant son bruit. L'île s'endort sans un effroi, lavée des courants chauds et des laitances grasses; parmi l'explosion de noirs parfums aux vases somptueuses. Sous les palétuviers qui la propagent, des poissons lents parmi la boue ont délivré des bulles avec leur tête plate; et d'autres qui sont lents, tachés comme des reptiles, veillent. -- Les vases sont fécondées - Entends claquer les pinces du Bernard l'ermite -- il y a sur un morceau de ciel vert une fumée prisonnière qui est le vol emmêlé des maringouins - Les criquets sous les feuilles s'appellent doucement -- Les anolis timides, le queue de travers sur les troncs lisses, énoncent leur prière qui est la déglutition de deux perles gonflant leur gosier jaune ... Vagissement des eaux tournantes et lumineuses! Corolles, bouches des moires: le deuil qui point et s'épanouit! Ce sont de grandes fleurs anciennes, des fleurs de deuil. O la couleur des brises circulant sur les eaux calmes, O brises sur les brisants, Les palmes des palmiers qui bougent! Pas un aboiement lointain de chien qui signifie des huttes, qui signifie la hutte et la fumée du soir et les trois pierres noires sous l'odeur de piment. Mais les chauves-souris découpent le soir mol à petit cris. Et pleuvent les paupières sombres sur les chemins tissés de la mer et du ciel. Joie! Ô joie déliée dans les hauteurs du ciel! Robinson! Tu lèves ta face pâle d'anxiété et ta face de fièvre est offerte aux choses du ciel comme une paume renversée, Cependent que le pullulement de toutes les étoiles crépite pour toi dans le profonde ciel!
Text Authorship:
- by Aléxis Saint Léger-Léger (1887 - 1975), as Saint-John Perse
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Researcher for this page: Ted Perry6. Le perroquet
Language: French (Français)
C'est un autre. Un marin rugueux l'avait porté à la bonne femme qui l'a donné. Il est sur le palier près de la lucarne, là où s'emmêle au noir la brume sale du jour couleur de venelles. D'un double cri, la nuit, il te salue, Crusoé, quand, remontant de la cour, tu pousses la porte du couloir et élèves devant toi le bec de ta lampe. Il tourne sa tête pour tourner son regard. Et toi, tu regardes l'oeil rond sous le pollen des paupières grenues; tu regardes le deuxième cercle comme un anneau: il est jaune du jus des mangues, du jaune des graines fleuries de cocotiers. -- Ses plumes malades trempent dans l'eau de fiente.
Text Authorship:
- by Aléxis Saint Léger-Léger (1887 - 1975), as Saint-John Perse
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Researcher for this page: Ted Perry7. Attente
Language: French (Français)
Ainsi d'avoir perdu le fil de tes divinations, tu pleurais, ô Dépouillé! Ainsi de ne pouvoir conserver l'arc, le parasol de chèvre et un reflet dans l'oeil de Vendredi. Et ton âme assombrie de l'ombre des reflets morts, tu la sommais encore, plus misérable que l'enfant torture, quand il presse le globe de ses yeux pour des illuminements jaunes, et rouges, et puis bleus. "D'un exil surhumain - et plus lointain déjà que l'orage qui roule -- comment garder les voies, ô mon Seigneur! Que nous m'aviez livrées? Ne me laisserez-vous que ce vacillement de ma tête sauvage après l'étrange fracas? "Après que vous m'ayez assis dans une île, au Là-Bas, de votre Solitude, et dans le milieu même de votre lumière éclatée. "témoin de votre ombre, de vos silences et de vos bris de lumière, "...je suis le nageur qui n'a plus où appuyer le dessous de ses bras... "...Et leur ciel sur Leur ville n'est plein que d'un bruit d'hommes!" Ainsi tu te plaignais, dans la confusion de tes yeux. Mais sous l'obscure croisée, devant le pan de mur d'en face, lorsque tu n'avais pu susciter l'éblouissement perdu, Alors, ouvrant ta Bible, Tu promenais, un doigt usé entre les prophéties, et ton regard fixé au large, tu attendais l'instant du départ, le lever du grand vent qui te descellerait d'un coup, et qui te charrierait sans saute, comme un typhon, divisant les nuées devant la soif de tes yeux, Jusqu'au gouffre effroyable où l'on plonge!
Text Authorship:
- by Aléxis Saint Léger-Léger (1887 - 1975), as Saint-John Perse
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