J'ai dit ton nom à l'hirondelle errante ;
J'ai dit ton nom à la source où je bois ;
J'ai dit ton nom à la rose odorante ;
J'ai dit ton nom à la feuille du bois.

J'ai dit ton nom à la brise embaumée ;
J'ai dit ton nom au nuage argenté,
Et tous les deux, ma douce bien-aimée,
Avec amour au loin l'ont apporté.

Et maintenant la rose sur sa tige
Le dit tout bas au léger papillon ;
Dans l'air brumeux, la feuille qui voltige
En tournoyant, va le dire au sillon.

En jaillissant de la source limpide
Le flot le dit au murmurant [roseau]1 ;
Dans ses ébats l'hirondelle rapide 
Discrètement le dit à chaque oiseau.

En soupirant, lorsque la brise passe,
Elle le dit aux ormeaux, aux ajoncs,
Et le nuage emporté dans l'espace
Le dit aux tours des antiques donjons.

L'homme est venu pour le savoir, [mon ange]2,
Il est moqueur, et j'ai répondu, non !
[Il est méchant, et j'ai peur de sa fange]3 ;
À l'homme seul je n'ai point dit ton nom.