by Victor Hugo (1802 - 1885)
La Chasse du Burgrave
Language: French (Français)
Un vieux faune en riait dans sa grotte sauvage. --Segrais. « Daigne protéger notre chasse, Châsse De monseigneur saint-Godefroi, Roi ! « Si tu fais ce que je désire, Sire, Nous t’édifierons un tombeau, Beau ; « Puis je te donne un cor d’ivoire, Voire Un dais neuf à pans de velours, Lourds, « Avec dix chandelles de cire, Sire ! Donc, te prions à deux genoux, Nous, « Nous qui, né de bons gentilshommes, Sommes Le seigneur burgrave Alexis Six. » Voilà ce que dit le burgrave, Grave, Au tombeau de saint-Godefroi, Froid. « Mon page, emplis mon escarcelle, Selle Mon cheval de Calatrava ; Va ! « Piqueur, va convier le comte. Conte Que ma meute aboie en mes cours. Cours ! « Archers, mes compagnons de fêtes, Faites Votre épieu lisse et vos cornets Nets. « Nous ferons ce soir une chère Chère ; Vous n’y recevrez, maître-queux, Qu’eux. « En chasse, amis ! je vous invite. Vite ! En chasse ! allons courre les cerfs, Serfs ! » Il part, et madame Isabelle, Belle, Dit gaiement du haut des remparts : « Pars ! » Tous les chasseurs sont dans la plaine, Pleine D’ardents seigneurs, de sénéchaux Chauds. Ce ne sont que baillis et prêtres, Reîtres Qui savent traquer à pas lourds L’ours, Dames en brillants équipages, Pages, Fauconniers, clercs, et peu bénins Nains. En chasse ! — Le maître en personne Sonne. Fuyez ! voici les paladins, Daims. Il n’est pour vous comte d’empire Pire Que le vieux burgrave Alexis Six ! Fuyez ! — Mais un cerf dans l’espace Passe, Et disparaît comme l’éclair. Clair ! « Taïaut les chiens, taïaut les hommes ! Sommes D’argent et d’or paieront sa chair Cher ! « Mon château pour ce cerf ! — Marraine, Reine Des beaux sylphes et des follets Laids ! « Donne-moi son bois pour trophée, Fée ! Mère du brave, et du chasseur Sœur ! « Tout ce qu’un prêtre à sa madone Donne, Moi, je te le promets ici, Si « Notre main, ta serve et sujette, Jette Ce beau cerf qui s’enfuit là-bas Bas ! » Du Chasseur Noir craignant l’injure, Jure Le vieux burgrave haletant, Tant Que déjà sa meute qui jappe Happe, Et fête le pauvre animal Mal. Il fuit. La bande malévole Vole Sur sa trace, et par le plus court Court. Adieu clos, plaines diaprées, Prées, Vergers fleuris, jardins sablés, Blés ! Le cerf, s’échappant de plus belle, Bêle ; Un bois à sa course est ouvert, Vert. Il entend venir sur ses traces Races De chiens dont vous seriez jaloux, Loups ; Piqueurs, ardentes haquenées, Nées De ces étalons aux longs crins Craints, Leurs flancs, que de blancs harnois ceignent, Saignent Des coups fréquents des éperons Prompts. Le cerf, que le son de la trompe Trompe, Se jette dans les bois épais… Paix ! Hélas, en vain !… la meute cherche, Cherche, Et là tu retentis encor, Cor ! Où fuir ? dans le lac ! Il s’y plonge, Longe Le bord où maint buisson rampant Pend. Ah ! dans les eaux du lac agreste Reste ! Hélas ! pauvre cerf aux abois, Bois ! Contre toi la fanfare ameute Meute, Et veneurs sonnant du hautbois… Bois ! Les archers sournois qui t’attendent Tendent Leurs arcs dans l’épaisseur du bois !… Bois ! Ils sont avides de carnage ; Nage ! C’est ton seul espoir désormais ; Mais L’essaim, que sa chair palpitante Tente, Après lui dans le lac profond Fond. Il sort ! — Plus d’espoir qui te leurre ! L’heure Vient où pour toi tout est fini. Ni Tes pieds vifs, ni Saint Marc de Leyde, L’aide Du cerf qu’un chien, à demi mort, Mord, Ne te sauveront des morsures Sûres Des limiers ardents de courroux, Roux. Vois ces chiens qu’un serf bas et lâche Lâche, Vois les épieux à férir prêts, Près ! Meurs donc ! la fanfare méchante Chante Ta chute au milieu des clameurs. Meurs ! Et ce soir, sur les délectables Tables, Tu feras un excellent mets ; Mais On t’a vengé. — Fille d’Autriche Triche Quand l’hymen lui donne un barbon Bon. Or, sans son hôte le bon comte Compte. Il revient, quoique fatigué, Gai. Et, tandis que ton sang ruisselle, Celle Qu’épousa le comte Alexis Six, Sur le front ride du burgrave Grave, Pauvre cerf, des rameaux aussi ; Si Qu’au burg vous rentrez à la brune, Brune, Après un jour si hasardeux, Deux !
C. Saint-Saëns sets stanzas 1, 7, 11-13, 15, 18-21, 26, 32-35, 37-40, 43-50
Text Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), "La Chasse du Burgrave", written 1828 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Charles Camille Saint-Saëns (1835 - 1921), "La Chasse du Burgrave", 1854?, published 1854, stanzas 1,7,11-13,15,18-21,26,32-35,37-40,43-50 [ high voice and piano ], Éd. Richault [sung text not yet checked]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2017-01-07
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