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by François de Malherbe (1555 - 1628)

L'Orne comme autre‑fois nous reverroit...
Language: French (Français) 
L'Orne comme autre-fois nous reverroit encore
Ravis de ces pensers que le vulgaire ignore,
Esgarer à l'écart nos pas et nos discours ;
Et couchez sur les fleurs, comme estoiles semées,
Rendre en si doux ébat les heures consumées
  Que les soleils nous seroient cours.

Mais, ô loy rigoureuse à la race des hommes !
C'est un point arresté, que tout ce que nous sommes,
Yssus de peres roys et de peres bergers
La Parque également sous la tombe nous serre ;
Et les mieux établis au repos de la terre
  N'y sont qu'hostes et passagers.

Tout ce que la grandeur a de vains équipages,
D'habillements de pourpre et de suitte de pages,
Quand le terme est échu, n'alonge point nos jours ; 
Il faut aller tout nus où le destin commande ;
Et de toutes douleurs la douleur la plus grande,
  C'est qu'il faut laisser nos amours.

Amours qui, la plupart infidelles et feintes,
Font gloire de manquer à nos cendres éteintes,
Et qui, plus que l'honneur estimant les plaisirs,
Sous le masque trompeur de leurs visages blesmes
Acte digne du foudre, en nos obsèques mesmes
  Conçoivent de nouveaux désirs.

Elles sçavent assez alleguer Artemise,
Disputer du devoir et de la foy promise ;
Mais tout ce beau langage est de si peu d'efait
Qu'à peine en leur grand nombre une seule se treuve
De qui la foy survive, et qui face la preuve
  Que ta Carinice te fait.

Depuis que tu n'es plus, la campagne deserte
A dessous deux hyvers perdu sa robbe verte,
Et deux fois le printemps l'a repeinte de fleurs,
Sans que d'aucun discours sa douleur se console,
Et que ny la raison, ny le temps, qui s'envole,
  Puisse faire tarir ses pleurs.

Le silence des nuits, l'horreur des cimetieres,
De son contentement sont les seules matières ;
Tout ce qui plaît déplaist à son triste penser ; 
Et, si tous ses appas sont encore en sa face,
C'est que l'amour y loge, et que rien qu'elle face
  N'est capable de l'en chasser.

...............................................


Mais quoy ! c'est un chef-d'œuvre où tout merite abonde,
Un miracle du ciel, une perle du monde,
Un esprit adorable à tous autres esprits ;
Et nous sommes ingrats d'une telle aventure,
Si nous ne confessons que jamais la nature
  N'a rien fait de semblable prix.

J'ay veu maintes beautez à la Cour adorées,
Qui, des vœux des amants à l'envy desirées,
Aux plus audacieux ostaient la liberté :
Mais de les approcher d'une chose si rare,
C'est vouloir que la rose au pavot se compare,
  Et le nuage à la clarté.

Celle à qui dans mes vers, sous le nom de Nérée,
J'allois bastir un temple eternel en durée,
Si sa déloyauté ne l'avoit abattu,
Luy peut bien ressembler du front ou de la joüe :
Mais quoy ! puis qu'à ma honte il faut que je l'avoüe,
  Elle n'a rien de sa vertu.

L'ame de cette ingrate est un' ame de cire,
Matiere à toute forme, incapable d'élire, 
Changeant de passion aussi-tost que d'objet ;
Et de la vouloir vaincre avecque des services,
Après qu'on a tout fait, on trouve que ses vices
  Sont de l'essence du sujet.

Souvent de tes conseils la prudence fidelle
M'avoit solicité de me séparer d'elle,
Et de m'assujettir à de meilleures loix :
Mais l'aise de la voir avoit tant de puissance
Que cet ombrage faux m'ostoit la cognoissance
  Du vray bien où tu m'appellois.

Enfin, après quatre ans, une juste colère
........................................
Que le flus de ma peine a treuvé son reflus ;
Mes sens, qu'elle aveugloit, ont cognu leur offense,
Je les en ay purgez, et leur ay fait deffense
  De me la ramentevoir plus.

La femme est une mer aux naufrages fatale ;
Rien ne peut applanir son humeur inégale ;
Ses flames d'aujourd'huy seront glaces demain :
Et, s'il s'en rencontre une à qui cela n'avienne,
Fais compte, cher esprit, qu'elle a, comme la tienne,
  Quelque chose de plus qu'humain.

About the headline (FAQ)

Confirmed with Œuvres poétiques de Malherbe, ed. by Prosper Blanchemain, Paris, E. Flammarion, 1897, pages 98-101.


Text Authorship:

  • by François de Malherbe (1555 - 1628), "Aux ombres de Damon", subtitle: "Av. 1605" [author's text checked 1 time against a primary source]

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

  • by Charles Lefebvre (1843 - 1917), "Stances de Malherbe" [ voice and piano ], from Six mélodies - 2ème recueil, no. 2, Éd. G. Hartmann [sung text not yet checked]

Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]

This text was added to the website: 2020-02-16
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