by Jean Pierre Claris de Florian (1755 - 1794)
Romance de Florian
Language: French (Français)
À Toulouse il fut une belle Clémence Isaure était son nom Le beau Lautrec brûla pour elle Et de sa foi reçut le don. Mais leurs parents trop inflexibles S’opposaient à leurs tendres feux Ainsi toujours les cœurs sensibles Sont-ils pour être malheureux. Alphonse le père d’Isaure Veut lui donner un autre époux Fidèle à l’amant qu’elle adore La fille tombe à ses genoux. Ah que bientôt votre colère Termine des jours de douleur Ma vie appartient à mon père À Lautrec appartient mon cœur Le vieillard pour qui la vengeance À plus de charme que l’amour Fait charger de chaînes Clémence Et l’enferme dans une tour. Lautrec que menaçait sa rage Vient gémir au pied du donjon Comme un oiseau près de la cage Où sa compagne est en prison. Une nuit la tendre Clémence Entend la voix de son amant À ses barreaux elle s’élance Et lui dit ces mots en pleurant ; Mon ami cédons à l’orage Vas trouver le roi des Français Emporte mon bouquet pour gage Des serments que mon cœur t’a fait. L’Églantine est la fleur que j’aime La violette est ma couleur Dans le souci tu vois l’emblème Des chagrins de mon triste cœur. Ces trois fleurs que ma bouche presse Seront humides de mes pleurs Qu’elles te rappellent sans cesse Et nos amours et nos douleurs. Elle dit et par la fenêtre Jette les fleurs à son amant Alphonse qui vient à paraître Le force de fuir tout tremblant. Lautrec parti, la guerre commence Et s’allume de toutes parts Vers Toulouse l’Anglais s’avance Et brûle déjà ses remparts. Sur ses pas Lautrec revient vite À peine est-il sur les glacis Qu’il voit des Toulousains l’élite Fuyant devant les ennemis. Un seul vieillard résiste encore Lautrec court lui servir d’appui C’était le vieux père d’Isaure Lautrec est blessé près de lui. Hélas la blessure est mortelle Il sauve Alphonse et va périr Le vieillard fuit Lautrec l’appelle Et lui dit avant de mourir : Cruel père de mon amie Tu ne m’as pas voulu pour fils Je me venge en sauvant ta vie Le trépas m’est doux à ce prix. Exauce du moins ma prière Rends les jours de Clémence heureux Dis-lui qu’à mon heure dernière Je t’ai chargé de mes adieux. Rapporte-lui ces fleurs sanglantes De mon cœur le plus cher trésor Et laisse mes lèvres mourantes Les baiser une fois encor. En disant ces mots il expire Alphonse accablé de douleur Prend le bouquet et s’en va dire À sa fille l’affreux malheur. En peu de jours la triste amante Dans les pleurs terminant son sort Prit soin d’une main défaillante D’écrire un testament de mort. Elle ordonne que chaque année En mémoire de ses amours Chacune des fleurs fut donnée Au plus habile troubadour Tout son bien fut laissé par elle Pour que ces trois fleurs fussent d’or Sa patrie à son vœu fidèle Observe cet usage encore.
Authorship:
- by Jean Pierre Claris de Florian (1755 - 1794) [author's text not yet checked against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Hector Berlioz (1803 - 1869), "Romance de Florian", <<1825 [ vocal duet with guitar ], from Recueil de Romances, no. 3 [sung text checked 1 time]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2022-02-04
Line count: 88
Word count: 488