by Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818 - 1894)
Kybèle
Language: French (Français)
STROPHE I. Le long des mers d’azur aux sonores rivages, Par les grands bois tout pleins de hurlements pieux, Tu passes lentement, Mère antique des Dieux, Sur le dos des lions sauvages. D’écume furieuse et de sueurs baignés, Les Nymphes de l’Ida, les sacrés Korybantes, Déchirent leurs robes tombantes, Et dansent par bonds effrénés. ANTISTROPHE I. Consumés de désirs, Dactyles et Kurètes, Les cabires velus délaissent leurs marteaux Et l’âtre où nuit et jour ruissellent les métaux Au fond des cavités secrètes. Haletants, du sommet des rochers hasardeux, Comme de noirs troupeaux ils roulent sur les pentes, Et les asphodèles rampantes Ont couronné leurs fronts hideux. ÉPODE I. Ils accourent vers toi qui naquis la première, Qui présides à mille hymens ! Vierge majestueuse, éclatante ouvrière, Qui revêts de tes dons les Dieux et les humains. Toi dont le lait divin sous qui germe la vie, Lumineuse rosée où nage l’univers, Répand sur la terre ravie L’été splendide et les hivers ! STROPHE II. Ô Silène de Nyse, ô Bacchante inhumaine, Agitez en hurlant, ivres, tumultueux, Les thyrses enlacés de serpents tortueux ; Io ! Femmes de Dindymène ! Loin des profanes odieux, Les tresses au vent déroulées, Sous les grands pins flambants des montagnes troublées, Io ! Chantez Kybèle, origine des Dieux. Dans les sombres halliers de la forêt antique, Io ! L’œil en feu, le sein nu, Versez avec le Van mystique Le grain où tout est contenu ! ANTISTROPHE II. Kybèle, assise au centre immobile du monde, Reine aux yeux bienveillants, ceinte de larges tours, Salut, source des biens et source des longs jours, Kybèle, ô nourrice féconde ! Du sein du Pactole doré Où sont tes palais, ô Déesse ! Tu donnes aux mortels la force et la sagesse, Tu respires l’encens du temple préféré. Secouant de ta robe un nuage de roses, Dans l’Aithèr splendide et sans fin Tu déroules le chœur des choses, Dociles à l’ordre divin ! épode ii. Soumis au joug des Destinées, Tous les pâles humains aux rapides années T’adjurent sous le poids des maux ; Et dans leurs cœurs blessés, ô Sagesse, tu mêles Au noir souci de leurs travaux Les Espérances immortelles : Le monde est suspendu, Déesse, à tes mamelles : En un pli de ta robe il rêve aux Jours nouveaux.
Confirmed with Leconte de Lisle, Poèmes antiques, Paris, Alphonse Lemerre, éditeur, 1886, pages 125-127.
Text Authorship:
- by Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818 - 1894), "Kybèle", written 1852, appears in Poèmes antiques, no. 13, Paris, Éd. Librairie Marc Ducloux, first published 1852 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by (François-Clément) Théodore Dubois (1837 - 1924), "Kybèle", published 1906 [ soprano and orchestra or piano ], Paris, Éditions 'Au Ménestrel' Heugel [sung text not yet checked]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2022-12-15
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