by Casimir Delavigne (1793 - 1843)
Dëjà l'Aurore aux mains vermeilles
Language: French (Français)
Dëjà l'Aurore aux mains vermeilles Sème les roses du matin; Va, jeune esclave, sous ces treilles Porter les coupes du festin: Que ces flacons, dont la vieillesse Promet à la soif qui nous presse Un nectar longtemps respecté, Raf. aîchis par des eaux limpides, M'apportent dans leurs flancs humides Le délire et la volupté. C'est ainsi qu'une aimable ivresse Loin de moi chasse la douleur. De mes jours la mort est maîtresse Je suis maître de mon bonheur. Quand l'aveugle destin l'outrage, Amis, le véritable sage S'enveloppe de sa vertu. Dédaignant la plainte importune, Il rit et boit à la fortune,' Qui pensait l'avoir abattu. Des beaux arbres qui m'ont vu naître, Des cyprès doivent seuls un jour, Derniers compagnons de leur maître, Le suivre à son dernier séjour. Mais que parfois la vigne encore, Sur nos fronts que son jus colore, Courbe ses fortunés berceaux, Avant quele cyprès fidèle Balance son ombre éternelle Sur le marbre de nos tombeaux. 0 Naïst par la mort cruelle Quand mon arrêt sera porté, Approche, la douleur t'appelle Où t'appelait la volupté. Réponds à ma voix défaillante, Soulève ma tête tremblante, De ton souffle viens m'embraser Ah que sur tes lèvres de tiamme Je puisse déposer mon âme! Que j'expire dans un baiser! i Alors que ma froide paupière Pressera mes yeux à jamais, 0 Naïs! pour faveur dernière, Couronne-moi de myrtes frais. Paré comme en un jour de fête, Sur un bras inclinant ma tête, Une coupe vide à la main, J'offrirai la riante image De ce convive heureux et sage Qui sommeille après un festin. Toi-même, à la clarté ravie, Tu dois fermer tes yeux si beaux; Mais un jour l'éternelle vie Sortira du sein des tombeaux. Comme deux époux de la veille, Qu'un tendre souvenir éveille, Aux premiers rayons du matin, Surpris et charmés de renaître, Ensemble nous verrons paraître L'aurore d'un jour sans déclin.
About the headline (FAQ)
Confirmed with Casimir Delavigne, Oeuvres complètes de Casimir Delavigne, Paris: Firmin-Didot,1877-1881. p.173; Note: the poem is preceded by the following epigraph:
... Neque harum,quas colis, arborum. Te, præter invisas capressos, Ulla brevem dominum sequetur. Horace
Authorship:
- by Casimir Delavigne (1793 - 1843), "Ode", appears in Études sur l'antiquité, no. 5, first published <<1836 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by André Gédalge (1856 - 1926), "Ode de Casimir Delavigne", 1879 [ medium voice and piano ] [sung text not yet checked]
Researcher for this page: Joost van der Linden [Guest Editor]
This text was added to the website: 2023-05-19
Line count: 60
Word count: 315