by Gabriel Vicaire (1849 - 1900)
Cimetière de campagne
Language: French (Français)
Our translations: ENG
J'ai revu le cimetière Du beau pays d'Ambérieux Qui m'a fait le cœur joyeux Pour la vie entière, Et, sous la mousse et le thym, Près des arbres de la cure, J'ai marqué la place obscure Où, quelque matin, Quand dans la farce commune J'aurai joué mon rôlet Et récité mon couplet Du clair de la lune, Libre enfin de tout fardeau, J'irai tranquillement faire Entre mon père et ma mère Mon dernier dodo. Pas d'épitaphe superbe, Pas le moindre tralala ; Seulement, par-ci par-là, Des roses dans l'herbe, Et de la mousse à foison, De la luzerne fleurie, Avec un bout de prairie A mon horizon. Ah ! dans ce décor champêtre Comme je dormirai bien ! Quel excellent paroissien, Curé, je vais être ! Après avoir tant trotté Et s'être fait tant de bile, C'est si bon d'être immobile Pour l'éternité ! L'église de ma jeunesse, L'église au blanc badigeon, Où jadis, petit clergeon, J'ai servi la messe, Est encore là tout près Qui monte sa vieille garde Et, sans se troubler, regarde Les rangs de cyprès. Entouré de tous mes proches, Sur le bourg, comme autrefois, j'entendrai courir la voix Légère des cloches. Elles ont vu mes vingt ans Et n'en sont pas plus moroses ; Elles me diront des choses Pour passer le temps ; Puis, l'après-midi, j'espère, Tous les petits polissons Qui vont prendre des leçons Du premier vicaire D'un couplet de mirliton Salueront nos mausolées, Et joueront dans nos allées A saute-mouton. Bref, je serais, il me semble, Un mort tout à fait heureux, Si parfois deux amoureux S'en venaient ensemble, Lui timide, un peu jeunet, Elle fraîche et guillerette, Cueillir un brin de fleurette A mon jardinet. Craintifs comme deux colombes Prêtes à s'effaroucher, Je crois les voir s'approcher De nos pauvres tombes. Ils se tiendront par la main, Regardant tout sans mot dire, Mais je veux qu'un bon sourire Leur vienne en chemin. — « Cher poète sans malice, Diront-ils en se signant, C'est là qu'il dort maintenant ; Que Dieu le bénisse ! « Jamais il n'a fait affront A qui l'invitait à boire. » — Et pour fêter ma mémoire Ils s'embrasseront !
R. Hahn sets stanzas 1-2, 4-6, 9-12
Confirmed with Anthologie des Écrivains Français du XIXe Siècle. Poésie, Tome II (1850-1900), Paris, Bibliothèque Larousse, pages 120-122.
Text Authorship:
- by Gabriel Vicaire (1849 - 1900), "Cimetière de campagne ", written 1884, appears in Émaux Bressans, Paris, Éd. Charpentier, first published 1884 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Reynaldo Hahn (1874 - 1947), "Cimetière de campagne", 1893, published 1894, stanzas 1-2,4-6,9-12 [ medium voice and piano ], from Mélodies - 1er volume, no. 12, Paris, Éd. Heugel [sung text checked 1 time]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "Country cemetery", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website between May 1995 and September 2003.
Line count: 80
Word count: 354