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by Pierre Jean de Béranger (1780 - 1857)

Le suicide
Language: French (Français) 
Quoi ! morts tous deux ! dans cette chambre close
Où du charbon pèse encor la vapeur !
Leur vie, hélas ! était à peine éclose.
Suicide affreux ! triste objet de stupeur !
Ils auront dit : Le monde fait naufrage :
Voyez pâlir pilote et matelots.
Vieux bâtiment usé par tous les flots,
Il s’engloutit : sauvons-nous à la nage.
Et vers le ciel se frayant un chemin,
Ils sont partis en se donnant la main.

Pauvres enfants ! l’écho murmure encore
L’air qui berça votre premier sommeil.
Si quelque brume obscurcit votre aurore,
Leur disait-on, attendez le soleil.
Ils répondaient : Qu’importe que la sève
Monte enrichir les champs où nous passons !
Nous n’avons rien : arbres, fleurs, ni moissons.
Est-ce pour nous que le soleil se lève ?
Et vers le ciel se frayant un chemin,
Ils sont partis en se donnant la main.

Pauvres enfants ! calomnier la vie !
C’est par dépit que les vieillards le font.
Est-il de coupe où votre âme ravie,
En la vidant, n’ait vu l’amour au fond ?
Ils répondaient : C’est le rêve d’un ange.
L’amour ! en vain notre voix l’a chanté.
De tout son culte un autel est resté ;
Y touchions-nous ? l’idole était de fange.
Et vers le ciel se frayant un chemin,
Ils sont partis en se donnant la main.

Pauvres enfants ! mais les plumes venues,
Aigles un jour, vous pouviez, loin du nid,
Bravant la foudre et dépassant les nues,
La gloire en face, atteindre à son zénith.
Ils répondaient : Le laurier devient cendre,
Gendre qu’au vent l’Envie aime à jeter ;
Et notre vol dût-il si haut monter,
Toujours près d’elle il faudra redescendre.
Et vers le ciel se frayant un chemin,
Ils sont partis en se donnant la main.

Pauvres enfants ! quelle douleur amère
N’apaisent pas de saints devoirs remplis ?
Dans la patrie on retrouve une mère,
Et son drapeau nous couvre de ses plis.
Ils répondaient : Ce drapeau qu’on escorte
Au toit du chef, le protège endormi ;
Mais le soldat, teint du sang ennemi,
Veille, et de faim meurt en gardant la porte.
Et vers le ciel se frayant un chemin,
Ils sont partis en se donnant la main.

Pauvres enfants ! de fantômes funèbres
Quelque nourrice a peuplé vos esprits.
Mais un Dieu brille à travers nos ténèbres ;
Sa voix de père a dû calmer vos cris.
Ah ! disaient-ils, suivons ce trait de flamme.
N’attendons pas, Dieu, que ton nom puissant,
Qu’on jette en l’air comme un nom de passant,
Soit, lettre à lettre, effacé de notre âme.
Et vers le ciel se frayant un chemin,
Ils sont partis en se donnant la main.

Dieu créateur, pardonne à leur démence.
Ils s’étaient faits les échos de leurs sons,
Ne sachant pas qu’en une chaîne immense,
Non pour nous seuls, mais pour tous, nous naissons.
L’humanité manque de saints apôtres
Qui leur aient dit : Enfants, suivez sa loi.
Aimer, aimer, c’est être utile à soi ;
Se faire aimer, c’est être utile aux autres.
Et vers le ciel se frayant un chemin,
Ils sont partis en se donnant la main.

Confirmed with Pierre-Jean de Béranger, Œuvres complètes de Béranger, Paris, H. Fournier, 1839, Book three, pages 115-117. Under the subtitle: "Air d’Agéline (de Wilhem) ou du Tailleur et la Fée".


Text Authorship:

  • by Pierre Jean de Béranger (1780 - 1857), "Le suicide", subtitle: "Sur la mort des jeunes Victor Escousse et Auguste Lebras", written 1832 [author's text checked 1 time against a primary source]

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

  • by Edouard Lalo (1823 - 1892), "Le suicide", 1849 [ medium voice and piano ], from Six romances populaires de P. J. Béranger, no. 3, Paris, Éd. Mme Veuve Launer [sung text not yet checked]

Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]

This text was added to the website: 2017-05-02
Line count: 70
Word count: 498

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