Quand on est morte entre les mortes, Qu'on se traine chez les vivants, Lorsque tout vous flanque a la porte Et la ferme d'un coup de vent, Ne plus être jeune et aimée... Derrière une porte fermée, Il reste de se fiche à l'eau Ou d'acheter un rigolo. Oui Messieurs, voilà ce qui reste Pour les lâches et les salauds. Mais si la frousse de ce geste S'attache à vous comme un grelot, Si l'on craint de s'ouvrir les veines, On peut toujours risquer la veine D'un voyage à Monte-Carlo. Monte-Carlo, Monte-Carlo. J'ai fini ma journée. Je veux dormir au fond de l'eau. De la Mediterranée. Après avoir vendu votre âme Et mis en gage des bijoux Que jamais plus on ne réclame, La roulette est un beau joujou. C'est joli de dire: "je joue". Cela vous met le feu aux joues Et cela vous allume l'oeil. Sous les jolis voiles de deuil On porte un joli nom de veuve. Un titre donne de l'orgueil! Et folle, et prête, et toute neuve, On prend sa carte au casino. Voyez mes plumes et mes voiles, Contemplez le strass de l'étoile Qui me mène à Monte-Carlo. La chance est femme. Elle est jalouse De ces veuvages solennels. Sans doute elle m'a cru l'épouse D'un véritable colonel. J'ai gagné, gagné sur le douze. Et puis les robes se décousent, La fourrure perd ses cheveux. On a beau répéter: "je veux", Dès que la chance vous déteste, Dès que votre coeur est nerveux, Vous ne pouvez plus faire un geste, Pousser un sou sur le tableau Sans que la chance qui s'écarte Change les chiffres et les cartes Des tables de Monte-Carlo. Les voyous, les buses, les gales! Ils m'ont mise dehors... dehors... Et ils m'accusent d'être sale, De porter malheur dans leurs salles, Dans leurs sales salles en stuc. Moi qui aurais donné mon truc A l'oeil, au prince, à la princesse, Au Duc de Westminster, au Duc, Parfaitement. Faut que ça cesse, Qu'ils me criaient, votre boulot! Votre boulot!... Ma découverte. J'en priverai les tables vertes. C'est bien fait pour Monte-Carlo. Monte-Carlo. Et maintenant, moi qui vous parle, Je n'avouerai pas les kilos Que j'ai perdus à Monte-Carle, Monte-Carle ou Monte-Carlo. Je suis une ombre de moi-même... Les martingales, les systèmes Et les croupiers qui ont le droit De taper de loin sur vos doigts Quand on peut faucher une mise. Et la pension ou l'on doit Et toujours la même chemise Que l'angoisse trempe dans l'eau. Ils peuvent courir. Pas si bête. Cette nuit je pique une tête Dans la mer de Monte-Carlo. Monte-Carlo.
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Text Authorship:
- by Jean Cocteau (1889 - 1963), "La Dame de Monte‑Carlo", written 1949?, appears in Théâtre de poche, Éd. Morihien, first published 1949 [author's text not yet checked against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Francis Poulenc (1899 - 1963), "La Dame de Monte-Carlo", FP. 180 (1961) [sung text checked 1 time]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Cyrene Paparotti) (Alain Letort) , "The Lady of Monte-Carlo", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
Researcher for this page: Nicolas Gounin [Guest Editor]
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