by Émile Verhaeren (1855 - 1916)
Un soir
Language: French (Français)
Avec les doigts de ma torture Gratteurs de mauvaise écriture, Maniaque inspecteur de maux, J'écris encor des mots, des mots... Quant à mon âme, elle est partie. Morosement et pour extraire L'arrière-faix de ma colère, Aigu d'orgueil, crispé d'effort, Je râcle en vain mon cerveau mort. Quant à mon âme, elle est partie. Je voudrais me cracher moi-même, La lèvre en sang, la face blême : L'ivrogne de son propre moi S'éructerait en un renvoi. Quant à mon âme, elle est partie. Homme las de rage, qui rage D'être lassé de son orage, La vie en lui ne se prouvait Que par l'horreur qu'il en avait. Quant à mon âme, elle est partie. Mes poings ont tordu dans le livre L'intordable fièvre de vivre ; Ils ne l'ont point tordue assez Bien que mes poings en soient cassés. Quant à mon âme, elle est partie. Le han du soir suprême, écoute ! S'entend là-bas sur la grand'route ; Clos tes volets - c'est bien fini Le mors-aux-dents vers l'infini.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), "Un soir", written 1882-94, appears in Poèmes, in 1. Les bords de la route [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Ernst Křenek (1900 - 1991), "Un soir", op. 30a no. 2 (1924) [ soprano and clarinet quintet ], from Trois chansons, no. 2 [sung text not yet checked]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
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Line count: 29
Word count: 164