Sous les oliviers dorment les bergers, que la lune argente. Ou bien c'est le jour ? L'aube vient de naître. Dans la bergerie tinte une clochette au cœur des brebis. C'est l'heure charmante où le bélier danse tournant vers le jour deux pattes tremblantes, et laisse à son cou baller sa clochette, suivie des yeux d'or de toutes les têtes. Bergers endormis, n'entendez-vous pas tinter des clochettes au fond de vos rêves ? Bergers endormis, ne sentez-vous pas danser votre cœur sous votre manteau? C'est l'heure où tout danse, la terre et les eaux - la nymphe en la source et Pan dans sa course -- aux yeux des béliers, aux yeux des brebis, même aux yeux fermés du pâtre endormi. Levez-vous, bergers ! Les oliviers dansent, écartant les voiles de l'aube matinale. Dans la lumineuse buée des vallées, tous les oliviers dansent les bras levés ! Pour eux quel plaisir de voir sur les monts les ours et les loups danser vers l'aurore, puis un sommet rose vivre et s'élanner : le cœur de l'aurore bat dans un glacier. Bergers endormis, n'entendez-vous pas, le long de la haie, sauter les agneaux ? Bergers endormis, ne sentez-vous pas bondir votre cœur sous votre manteau? et les oliviers s'élancer encore dans la lumineuse buée de l'aurore ? Allons, Pluton jappe, et les autres chiens. La clochette éperle son bruit aérien. La vie recommence. Les troupeaux, déjà, ont gravi les sentes... Ô mélancolie ! Déjà les bergers, les jeux au soleil, regardent brûler les heures de la vie. « Pluton, tu sommeilles ? Hélas ! heureux chien.» L'homme dort la nuit. Midi. Plus un bruit. Et les chiens se couchent, ras dans l'herbe ardente. Les houlettes tournent aux mains somnolentes. Un bois d'oliviers, tout là-bas, s'endort au fond d'un val bleu où tremble une eau d'or. Il danse une abeille. Et chaque troupeau tremble de sommeil. - Ô mélancolie ! Est-ce alors, bergers, que vous sentez mieux danser votre cœur sous votre manteau ? Quand le troupeau dort sous l'aile d'une abeille, tout près du ciel bleu, tout près du soleil, le berger qui veille entend dans son cœur battre tous tes cœurs dormants du troupeau.
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Text Authorship:
- by Paul Fort (1872 - 1960), "Le matin pastoral", appears in Ballades françaises et chroniques de France, in Poèmes antiques, first published 1913 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Émile Jaques-Dalcroze (1865 - 1950), "Le matin pastoral", copyright © 1919 [ voice and piano ], from Rondes et ballades françaises, no. 10, Genève : Édition Henn [sung text not yet checked]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2011-03-13
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