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by André Gide (1869 - 1951)

L'Enfant Prodigue
Language: French (Français) 
Lorsqu'après une longue absence, fatigué de sa fantaisie et comme
désépris de lui-même, l'enfant prodigue, du fond de ce dénûment qu'il
cherchait, songe au visage de son père, à cette chambre point étroite
où sa mère au-dessus de son lit se penchait, à ce jardin abreuvé d'eau
courante, mais clos et d'où toujours il désirait s'évader, à l'économe
frère aîné qu'il n'a jamais aimé, mais qui détient encore dans
l'attente cette part de ses biens que, prodigue, il n'a pu dilapider
-- l'enfant s'avoue qu'il n'a pas trouvé le bonheur, ni même su
prolonger bien longtemps cette ivresse qu'à défaut de bonheur il
cherchait. -- Ah ! pense-t-il, si mon père, d'abord irrité contre moi,
m'a cru mort, peut-être, malgré mon péché, se réjouirait-il de me
revoir ; ah ! revenant à lui bien humblement, le front bas et couvert
de cendre, si, m'inclinant devant lui, lui disant : « Mon père, j'ai
péché contre le ciel et contre toi », que ferai-je si, de sa main me
relevant, il me dit : « Entre dans la maison, mon fils » ?… Et
l'enfant déjà pieusement s'achemine.

Lorsqu'au défaut de la colline il aperçoit enfin les toits fumants de
la maison, c'est le soir ; mais il attend les ombres de la nuit pour
voiler un peu sa misère. Il entend au loin la voix de son père ; ses
genoux fléchissent ; il tombe et couvre de ses mains son visage, car
il a honte de sa honte, sachant qu'il est le fils légitime
pourtant. Il a faim ; il n'a plus, dans un pli de son manteau crevé,
qu'une poignée de ces glands doux, dont il faisait, pareil aux
pourceaux qu'il gardait, sa nourriture. Il voit les apprêts du
souper. Il distingue s'avancer sur le perron sa mère… il n'y tient
plus, descend en courant la colline, s'avance dans la cour aboyé par
son chien qui ne le reconnaît pas. Il veut parler aux serviteurs, mais
ceux-ci méfiants s'écartent, vont prévenir le maître ; le voici.

Sans doute il attendait le fils prodigue, car il le reconnaît
aussitôt. Ses bras s'ouvrent ; l'enfant alors devant lui s'agenouille
et, cachant son front d'un bras, crie à lui, levant vers le pardon sa
main droite :

-- Mon père ! mon père, j'ai gravement péché contre le ciel et contre
   toi ; je ne suis plus digne que tu m'appelles ; mais du moins,
   comme un de tes serviteurs, le dernier, dans un coin de notre
   maison, laisse-moi vivre…

Le père le relève et le presse :

-- Mon fils ! que le jour où tu reviens à moi soit béni ! -- et sa
   joie, qui de son cœur déborde, pleure ; il relève la tête de dessus
   le front de son fils qu'il baisait, se tourne vers les serviteurs :

-- Apportez la plus belle robe ; mettez des souliers à ses pieds, un
   anneau précieux à son doigt. Cherchez dans nos étables le veau le
   plus gras, tuez-le ; préparez un festin de joie, car le fils que je
   disais mort est vivant.

Et comme la nouvelle déjà se répand, il court ; il ne veut pas laisser
un autre dire :

-- Mère, le fils que nous pleurions nous est rendu.

La joie de tous montant comme un cantique fait le fils aîné
soucieux. S'assied-il à la table commune, c'est que le père en l'y
invitant et en le pressant l'y contraint. Seul entre tous les
convives, car jusqu'au moindre serviteur est convié, il montre un
front courroucé : Au pécheur repenti, pourquoi plus d'honneur qu'à
lui-même, qu'à lui qui n'a jamais péché ? Il préfère à l'amour le bon
ordre. S'il consent à paraître au festin, c'est que, faisant crédit à
son frère, il peut lui prêter joie pour un soir ; c'est aussi que son
père et sa mère lui ont promis de morigéner le prodigue, demain, et
que lui-même il s'apprête à le sermonner gravement.

Les torches fument vers le ciel. Le repas est fini. Les serviteurs ont
desservi. À présent, dans la nuit où pas un souffle ne s'élève, la
maison fatiguée, âme après âme, va s'endormir. Mais pourtant, dans la
chambre à côté de celle du prodigue, je sais un enfant, son frère
cadet, qui toute la nuit jusqu'à l'aube va chercher en vain le
sommeil.

Confirmed with André Gide, Vers et Prose, March-May 1907, in Le Retour de l'enfant prodigue. Note: this is a prose text. Line breaks have been added arbitrarily.


Text Authorship:

  • by André Gide (1869 - 1951), "L'Enfant Prodigue", appears in Le Retour de l'enfant prodigue, no. 1, first published 1907 [author's text checked 1 time against a primary source]

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

    [ None yet in the database ]

Settings in other languages, adaptations, or excerpts:

  • Also set in German (Deutsch), a translation by Rainer Maria Rilke (1875 - 1926) , "Der verlorene Sohn", written 1912, appears in Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, no. 1 ; composed by Hermann Reutter.
      • Go to the text.

Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Joost van der Linden [Guest Editor]

This text was added to the website: 2023-09-20
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