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by André Gide (1869 - 1951)
Translation by Rainer Maria Rilke (1875 - 1926)

L'Enfant Prodigue
Language: French (Français) 
Lorsqu'après une longue absence, fatigué de sa fantaisie et comme
désépris de lui-même, l'enfant prodigue, du fond de ce dénûment qu'il
cherchait, songe au visage de son père, à cette chambre point étroite
où sa mère au-dessus de son lit se penchait, à ce jardin abreuvé d'eau
courante, mais clos et d'où toujours il désirait s'évader, à l'économe
frère aîné qu'il n'a jamais aimé, mais qui détient encore dans
l'attente cette part de ses biens que, prodigue, il n'a pu dilapider
-- l'enfant s'avoue qu'il n'a pas trouvé le bonheur, ni même su
prolonger bien longtemps cette ivresse qu'à défaut de bonheur il
cherchait. -- Ah ! pense-t-il, si mon père, d'abord irrité contre moi,
m'a cru mort, peut-être, malgré mon péché, se réjouirait-il de me
revoir ; ah ! revenant à lui bien humblement, le front bas et couvert
de cendre, si, m'inclinant devant lui, lui disant : « Mon père, j'ai
péché contre le ciel et contre toi », que ferai-je si, de sa main me
relevant, il me dit : « Entre dans la maison, mon fils » ?… Et
l'enfant déjà pieusement s'achemine.

Lorsqu'au défaut de la colline il aperçoit enfin les toits fumants de
la maison, c'est le soir ; mais il attend les ombres de la nuit pour
voiler un peu sa misère. Il entend au loin la voix de son père ; ses
genoux fléchissent ; il tombe et couvre de ses mains son visage, car
il a honte de sa honte, sachant qu'il est le fils légitime
pourtant. Il a faim ; il n'a plus, dans un pli de son manteau crevé,
qu'une poignée de ces glands doux, dont il faisait, pareil aux
pourceaux qu'il gardait, sa nourriture. Il voit les apprêts du
souper. Il distingue s'avancer sur le perron sa mère… il n'y tient
plus, descend en courant la colline, s'avance dans la cour aboyé par
son chien qui ne le reconnaît pas. Il veut parler aux serviteurs, mais
ceux-ci méfiants s'écartent, vont prévenir le maître ; le voici.

Sans doute il attendait le fils prodigue, car il le reconnaît
aussitôt. Ses bras s'ouvrent ; l'enfant alors devant lui s'agenouille
et, cachant son front d'un bras, crie à lui, levant vers le pardon sa
main droite :

-- Mon père ! mon père, j'ai gravement péché contre le ciel et contre
   toi ; je ne suis plus digne que tu m'appelles ; mais du moins,
   comme un de tes serviteurs, le dernier, dans un coin de notre
   maison, laisse-moi vivre…

Le père le relève et le presse :

-- Mon fils ! que le jour où tu reviens à moi soit béni ! -- et sa
   joie, qui de son cœur déborde, pleure ; il relève la tête de dessus
   le front de son fils qu'il baisait, se tourne vers les serviteurs :

-- Apportez la plus belle robe ; mettez des souliers à ses pieds, un
   anneau précieux à son doigt. Cherchez dans nos étables le veau le
   plus gras, tuez-le ; préparez un festin de joie, car le fils que je
   disais mort est vivant.

Et comme la nouvelle déjà se répand, il court ; il ne veut pas laisser
un autre dire :

-- Mère, le fils que nous pleurions nous est rendu.

La joie de tous montant comme un cantique fait le fils aîné
soucieux. S'assied-il à la table commune, c'est que le père en l'y
invitant et en le pressant l'y contraint. Seul entre tous les
convives, car jusqu'au moindre serviteur est convié, il montre un
front courroucé : Au pécheur repenti, pourquoi plus d'honneur qu'à
lui-même, qu'à lui qui n'a jamais péché ? Il préfère à l'amour le bon
ordre. S'il consent à paraître au festin, c'est que, faisant crédit à
son frère, il peut lui prêter joie pour un soir ; c'est aussi que son
père et sa mère lui ont promis de morigéner le prodigue, demain, et
que lui-même il s'apprête à le sermonner gravement.

Les torches fument vers le ciel. Le repas est fini. Les serviteurs ont
desservi. À présent, dans la nuit où pas un souffle ne s'élève, la
maison fatiguée, âme après âme, va s'endormir. Mais pourtant, dans la
chambre à côté de celle du prodigue, je sais un enfant, son frère
cadet, qui toute la nuit jusqu'à l'aube va chercher en vain le
sommeil.

Confirmed with André Gide, Vers et Prose, March-May 1907, in Le Retour de l'enfant prodigue. Note: this is a prose text. Line breaks have been added arbitrarily.


Text Authorship:

  • by André Gide (1869 - 1951), "L'Enfant Prodigue", appears in Le Retour de l'enfant prodigue, no. 1, first published 1907 [author's text checked 1 time against a primary source]

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

    [ None yet in the database ]

Settings in other languages, adaptations, or excerpts:

  • Also set in German (Deutsch), a translation by Rainer Maria Rilke (1875 - 1926) , "Der verlorene Sohn", written 1912, appears in Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, no. 1 ; composed by Hermann Reutter.
      • Go to the text.

Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Joost van der Linden [Guest Editor]

This text was added to the website: 2023-09-20
Line count: 63
Word count: 691

Der verlorene Sohn
Language: German (Deutsch)  after the French (Français) 
Wenn der verlorene Sohn, nach einer langen Abwesenheit 
und wie am Ende seiner Neigung zu
sich selbst, auf dem Grunde dieser Entbehrnis, die
er suchte, an das Antlitz seines Vaters denkt,
an das nicht beengte Zimmer, wo seine Mutter
sich über sein Bett beugte, an den Garten, getränkt
von fließendem Wasser, aber umschlossen, und aus
dem zu entweichen er immer begierig war, an den
sparsamen älteren Bruder, den er nie geliebt hat,
der aber, abwartend, noch den Teil seiner Güter
zurückhält, den er, im Verschwenden, nicht los
werden konnte -- :
So gesteht sich der Sohn, daß er das Glück nicht
gefunden hat, ja, daß er nicht einmal imstande
war, jene Trunkenheit lange auszudehnen, die er
an Glückes Statt suchte. Ah, denkt er, wenn mein
Vater, erst so gereizt gegen mich, mich tot geglaubt
hat, vielleicht; trotz meiner Sünde, wär er froh,
mich wiederzusehn ; ah, zurückkehrend zu ihm,
ganz unterwürfig, die Stirne gesenkt und Asche
darauf, wenn ich, mich beugend vor ihm, sagte :
     „ Mein Vater, ich habe gesündigt wider den Himmel und wider dich “, 
was würde ich tun, wenn er
dann, mit der Hand mich aufhebend, antwortete :
     ,,Tritt ein in das Haus, mein Sohn “ ? -- Und schon,
andächtig, macht der Sohn sich auf.
Da die Hügel fort sind, und er endlich Rauch
von den Dächern des Hauses sieht, ist es Abend.
Aber er erwartet die Schatten der Nacht, daß sie
ein wenig sein Elend verschleiern. Er hört in der
Ferne die Stimme seinesVaters ; seine Kniee geben
nach. Er fällt und bedeckt mit den Händen sein
Gesicht, denn er schämt sich für seine Scham, im
Bewußtsein, der rechtmäßige Sohn zu sein, trotzdem. 
Er hat Hunger ; und hat höchstens in einer
Falte seines zerschlissenen Mantels eine Handvoll
süßer Eicheln, solche, wie sie ihm zur Nahrung
wurden, genau wie den Schweinen, die er hütete.
Er erkennt die Vorbereitungen zum Abendessen.
Er unterscheidet seine Mutter, wie sie heraustritt
auf den Vorplatz ... es hält ihn nicht länger, 
laufend stürzt er den Hügel hinab, tritt in den Hof,
angebellt von seinem Hund, der ihn nicht erkennt. 
Er will zu den Leuten sprechen, die aber
ziehn sich mißtrauisch zurück, gehn dem Herrn sagen ...
Kein Zweifel, er hat den verlorenen Sohn erwartet, 
denn er erkennt ihn sofort. Seine Arme
öffnen sich ; da kniet sich das Kind vor ihm hin
und verbirgt mit dem einen Arm seine Stirn und schreit zu ihm und hebt, 
auf die Verzeihung zu,
die rechte Hand empor :
     „ Mein Vater! Mein Vater, ich habe mich schwer
vergangen gegen den Himmel und gegen dich. Ich
bin nicht mehr würdig, daß du mich beim Namen
nennest; aberwenigstens, als deiner Knechte einen,
den letzten, in einem Winkel unseres Hauses, laß
mich leben ... “
Der Vater hebt ihn auf und faßt ihn fest :
     „ Mein Sohn! Mein Sohn ! Sei der Tag gesegnet,
da du mir wiederkehrst ! “ 
Und seine Freude, aus
dem Herzen überfließend, weint. Erhebt das Haupt
von der Stirn seines Sohns, der geküßten, 
und wendet sich an die Leute:
     ,, Bringt das schönste Kleid, tut ihm Schuhe an
seine Füße und einen kostbaren Ring an seinen
Finger. Sucht in den Ställen das fetteste Kalb aus
und tötet es. Richtet ein Freudenfest, denn der
Sohn, den ich totgesagt habe, lebt. “
Und wie die Nachricht schon herumkommt,
läuft er. Er will nicht zugeben, daß ein anderer sage:
     ,, Mutter, der Sohn, um den wir weinten, ist uns
wiedergegeben. “
Die allgemeine Freude wird zur Sorge für den
ältesten Sohn. Wenn er sich wirklich an den gemeinsamen Tisch setzt, 
so geschiehts auf die Aufforderung des Vaters hin, gedrängt von ihm, 
fast gezwungen. Er allein unter allen Tischgenossen
(denn bis zum Geringsten, alle sind geladen) trägt
Zorn zur Schau auf seiner Stirn : Warum für den
reuigen Sünder mehr Ehre als für ihn, der nie gesündigt hat? 
Er hält von geregelter Ordnung mehr
als von der Liebe. Sein Erscheinen beim Fest will
nur sagen, daß er dem Bruder Kredit gibt und ihm
Freude borgt für einen Abend; auch haben Vater
und Mutter ihm versprochen, dem Ausbund morgen ins Gewissen zu reden, 
und er selbst ist entschlossen, ihn strenge vorzunehmen.
Das Mahl ist zu Ende. Die Leute haben abgeräumt. 
Und jetzt in der Nacht, in der nicht ein
Hauch sich rührt, wird das müde Haus schlafen.

Confirmed with Rainer Maria Rilke, Übertragungen, Insel-verlag, 1927


Text Authorship:

  • by Rainer Maria Rilke (1875 - 1926), "Der verlorene Sohn", written 1912, appears in Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, no. 1 [author's text checked 1 time against a primary source]

Based on:

  • a text in French (Français) by André Gide (1869 - 1951), "L'Enfant Prodigue", appears in Le Retour de l'enfant prodigue, no. 1, first published 1907
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Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

  • by Hermann Reutter (1900 - 1985), "Der verlorene Sohn", op. 34 no. 1 (1929/1952), first performed 1929/1952 [ soli, mixed chorus, orchestra ], from oratorio Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, no. 1, Schott Music [sung text not yet checked]

Researcher for this page: Joost van der Linden [Guest Editor]

This text was added to the website: 2023-10-30
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