Ô lumineux matin, jeunesse des journées, Matin d'or, bourdonnant et vif comme un frelon, Qui piques chaudement la nature, étonnée De te revoir après un temps de nuit si long ; Matin, fête de l'herbe et des bonnes rosées, Rire du vent agile, oeil du jour curieux, Qui regardes les fleurs, par la nuit reposées, Dans les buissons luisants s'ouvrir comme des yeux ; Heure de bel espoir qui s'ébat dans l'air vierge Emmêlant les vapeurs, les souffles, les rayons, Où les coteaux herbeux, d'où l'aube blanche émerge, Sous les trèfles touffus font chanter leurs grillons ; Belle heure, où tout mouillé d'avoir bu l'eau vivante, Le frissonnant soleil que la mer a baigné Éveille brusquement dans les branches mouvantes Le piaillement joyeux des oiseaux matiniers, Instant salubre et clair, ô fraîche renaissance, Gai divertissement des guêpes sur le thym, - Tu écartes la mort, les ombres, le silence, L'orage, la fatigue et la peur, cher matin...
Quatre poèmes pour chant et piano , opus 25
by Georges-Martin Witkowski (1867 - 1943)
1. Ô lumineux matin  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Anna Elizabeth Mathieu, Comtesse de Noailles (1876 - 1933), "Ô lumineux matin", written 1901?, appears in Le Cœur innombrable, Paris, Éd. Calmann-Lévy, first published 1901
See other settings of this text.
2. La Journée heureuse  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Voici que je défaille et tremble de vous voir, Bel été qui venez jouer et vous asseoir Dans le jardin feuillu, sous l’arbre et la tonnelle, — Comme votre douceur sur mon âme ruisselle… Je retrouve le pré, l’étang, les noyers ronds, Les rosiers vifs avec leurs vols de moucherons, Le sapin dont l’écorce est résineuse et chaude ; Tout le miel de l’été aromatise et rôde Dans le vent qui se pend aux fleurs comme un essaim — On voit déjà gonfler et mûrir le raisin ; L’odeur du blé nombreux se lève de la terre, Le jour est abondant et pur, l’air désaltère Comme l’eau que l’on boit à l’ombre dans les puits, Le jardin se repose, enfermé dans son buis… — Ah ! moment délicat et tendre de l’année, Je vais vous respirer tout au long des journées Et presser sur mon cœur les moissons du chemin : Je vais aller goûter et prendre dans mes mains Le bois, les sources d’eaux, la haie et ses épines ; — Et, lorsque sur le bord rosissant des collines Vous irez descendant et mourant, beau soleil, Je reviendrai, suivant dans l’air calme et vermeil La route du silence et de l’odeur fruitière, Au potager fleuri, plein d’herbes familières, Heureuse de trouver, au cher instant du soir, Le jardin sommeillant, l’eau fraîche, et l’arrosoir…
Text Authorship:
- by Anna Elizabeth Mathieu, Comtesse de Noailles (1876 - 1933), "La Journée heureuse", written 1901?, appears in Le Cœur innombrable, Paris, Éd. Calmann-Lévy, first published 1901
Go to the general single-text view
Confirmed with Anna de Noailles, Le Cœur innombrable, Paris, Calmann Lévy, 1901, pages 71-72.
3. Le jardin et la maison  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Voici l'heure où le pré, les arbres et les fleurs Dans l'air dolent et doux soupirent leurs odeurs. Les baies du lierre obscur où l'ombre se recueille Sentant venir le soir se couchent dans leurs feuilles, Le jet d'eau du jardin, qui monte et redescend, Fait dans le bassin clair son bruit rafraîchissant ; La paisible maison respire au jour qui baisse Les petits orangers fleurissant dans leurs caisses. Le feuillage qui boit les vapeurs de l'étang Lassé des feux du jour s'apaise et se détend. - Peu à peu la maison entr'ouvre ses fenêtres Où tout le soir vivant et parfumé pénètre, Et comme elle, penché sur l'horizon, mon coeur S'emplit d'ombre, de paix, de rêve et de fraîcheur...
Text Authorship:
- by Anna Elizabeth Mathieu, Comtesse de Noailles (1876 - 1933), "Le Jardin et la Maison", written 1901, appears in Le Cœur innombrable, Paris, Éd. Calmann-Lévy, first published 1901
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , "The Garden and the House", copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
4. Le Pays  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Ma France, quand on a nourri son cœur latin Du lait de votre Gaule, Quand on a pris sa vie en vous comme le thym La fougère et le saule, Quand on a bien aimé vos forêts et vos eaux, L'odeur de vos feuillages, La couleur de vos jours, le chant de vos oiseaux, Dès l'aube de son âge. Quand amoureux du goût de vos bonnes saisons Chaudes comme la laine, On a fixé son âme et bâti sa maison Au bord de votre Seine, Quand on n'a jamais vu se lever le soleil Ni la lune renaître Ailleurs que sur vos champs, que sur vos blés vermeils, Vos chênes et vos hêtres, Quand jaloux de goûter le vin de vos pressoirs, Vos fruits et vos châtaignes, On a bien médité dans la paix de vos soirs Les livres de Montaigne, Quand pendant vos étés luisants, où les lézards Sont verts comme des fèves. On a senti fleurir les chansons de Ronsard Au jardin de son rêve, Quand on a respiré les automnes sereins Où coulent vos résines, Quand on a senti vivre et pleurer dans son sein Le cœur de Jean Racine, Quand votre nom, miroir de toute vérité, Émeut comme un visage, Alors on a conclu avec votre beauté Un si fort mariage Que l'on ne sait plus bien, quand l'azur de votre œil Sur le monde flamboie, Si c'est dans sa tendresse ou bien dans son orgueil Qu'on a le plus de joie...
Text Authorship:
- by Anna Elizabeth Mathieu, Comtesse de Noailles (1876 - 1933), "Le Pays", written 1901, appears in Le Cœur innombrable, Paris, Éd. Calmann-Lévy, first published 1901
See other settings of this text.