Je veux encor d’un vers audacieux Louer la fleur adorable et sanglante Qui dit: Amour! sous l’oeil charmé des cieux; La fleur qui semble une lèvre vivante Et qui nous baise, et dont la couleur chante Dans ses rougeurs un bel hymne idéal. Par ce matin vermeil de Floréal, Je veux chanter le calice où repose L’enivrement du parfum nuptial. Sur toutes fleurs je veux louer la Rose. La Rose ouvrait son coeur délicieux. Dans les sentiers où verdissait l’acanthe Tu la rougis de ton sang précieux, Reine de Cypre, ô Cypris triomphante! La violette est sa pâle servante. Le chaste lys près du flot de cristal Reste épris d’elle, et n’est que le vassal De sa splendeur suave et grandiose, Et l’astre seul croit qu’il est son égal. Sur toutes fleurs je veux louer la Rose. Sans dérider le Roi silencieux, Vivant rubis, une Rose galante Égaye, au sein du palais soucieux, Les cheveux blonds de la petite Infante. Et cependant, sans voir son épouvante, Pareil lui-même au sombre Escurial, Son père au front livide et glacial Se tient auprès d’une fenêtre close, Pâle à jamais de son ennui royal. Sur toutes fleurs je veux louer la Rose. Envoi. Prince, un divin poëte oriental Chanta jadis pour son pays natal Ma fleur de pourpre et son apothéose. Tel, après lui, dans un chant triomphal, Sur toutes fleurs je veux louer la Rose.
La Clef des Trente-six ballades joyeuses de Théodore de Banville
by Jules-Alfred Cressonnois (1823 - 1883)
1. Ballade à la louange des roses  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Théodore Faullin de Banville (1823 - 1891), "Ballade à la louange des roses", written 1869, appears in Trente-six ballades joyeuses, no. 32, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1873
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Ballade pour sa commère  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Le beau baptême et la belle commère! Quels jolis yeux! disaient les assistants. On rôtissait les boeufs entiers d'Homère Et l'on ouvrait la porte à deux battants. Bonne Alizon! même après tant de temps, Quand je la vois, mon âme en est tout aise. Elle a des yeux d'enfer, couleur de braise, Et le sein rose et des lys à foison; Elle est savante avec ses airs de niaise. Le bon dieu gard' ma commère Alizon! En ce temps-là, mordant l'écorce amère, Dans mon pays de forêts et d'étangs, J'étais encore un coureur de chimère. Elle, on eût dit un matin de printemps! Mais, à la fin, voici qu'elle a trente ans. Ses grands cheveux sont blonds, ne vous déplaise! Et longs et fins, et lourds, par parenthèse, A n'y pas croire. O la riche toison! A la tenir on sait ce qu'elle pèse. Le bon dieu gard' ma commère Alizon! Oh! comme fuit cette enfance éphémère! Mon Alizon, dont les cheveux flottants Étaient si fous, regarde, en bonne mère, Ses petits gars, forts comme des titans, Courir pieds nus dans les prés éclatants. Elle travaille, assise sur sa chaise. Ne croyez pas surtout qu'elle se taise Plus qu'un oiseau dans la belle saison, Et sa chanson n'est pas la plus mauvaise. Le bon dieu gard' ma commère Alizon! Envoi. Avec un rien, on la fâche, on l'apaise. Les belles dents à croquer une fraise! J'en étais fou pendant la fenaison. Elle est mignonne et rit quand on la baise, Le bon dieu gard' ma commère Alizon!
Text Authorship:
- by Théodore Faullin de Banville (1823 - 1891), "Ballade pour sa commère", written 1861, appears in Trente-six ballades joyeuses, no. 9, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1873
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Ballade pour annoncer le printemps  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Elle frémit, la brise pure, Dans ce beau jardin de féerie Où le ruisseau jaseur murmure. Le printemps affolé varie Sa merveilleuse broderie, L'eau chante sous les passerelles; Tout tressaille dans la prairie A la façon des tourterelles. Les arbres dans l'allée obscure Où babille la causerie Laissent leur jeune chevelure Flotter avec coquetterie. C'est le temps où le ciel vous crie D'oublier chagrins et querelles, Et de vivre en galanterie A la façon des tourterelles. L'insecte court dans la verdure. Le bois est plein de rêverie; La nymphe a quitté sa ceinture, Le sylphe avec idolâtrie Baise la pelouse fleurie, Les fleurs ont ouvert leurs ombrelles; Enfants, il faut qu'on se marie A la façon des tourterelles. Envoi. La colombe murmure et prie Et chuchote sur les tourelles: Mariez-vous, belle Marie, A la façon des tourterelles.
Text Authorship:
- by Théodore Faullin de Banville (1823 - 1891), "Ballade pour annoncer le Printemps", written 1861, appears in Trente-six ballades joyeuses, no. 17, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1873
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Ballade des belles Châlonnaises  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Pour boire, j'aime un compagnon, J'aime une franche gaillardise, J'aime un broc de vin bourguignon, J'aime de l'or dans ma valise, J'aime un verre fait à Venise, J'aime parfois les violons; Et surtout, pour faire à ma guise, J'aime les filles de Châlons. Ce n'est pas au bord du Lignon Qu'elles vont laver leur chemise. Elles ont un épais chignon Que tour à tour frise et défrise L'aile du vent et de la brise: De la nuque jusqu'aux talons, Tout le reste est neige et cerise, J'aime les filles de Châlons. Même en revenant d'Avignon On admire leur vaillantise. Le sein riche et le pied mignon, L'oeil allumé de convoitise, C'est dans le vin qu'on les baptise. Vivent les cheveux drus et longs! Pour avoir bonne marchandise, J'aime les filles de Châlons! Envoi. Prince, un chevreau court au cytise! Matin et soir, dans vos salons Vous raillez ma fainéantise: J'aime les filles de Châlons!
Text Authorship:
- by Théodore Faullin de Banville (1823 - 1891), "Ballade des belles Châlonnaises", written 1862, appears in Trente-six ballades joyeuses, no. 2, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1873
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Ballade pour une amoureuse  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Muse au beau front, muse sereine, Plus de satire, j'y consens. N'offensons pas avec ma haine Le calme éther d'où tu descends. Je chante en ces vers caressants Une lèvre de pourpre, éclose Sous l'éclair des cieux rougissants, Ici tout est couleur de rose. Ma guerrière a le front d'Hélène. Son long regard aux feux puissants Resplendit comme une phalène. Tout est digne de mes accents: Là, sur ces contours frémissants Où le rayon charmé se pose, La neige et les lys fleurissants; Ici tout est couleur de rose. Quelle tendre voix de sirène, Au soir, aux astres pâlissants Dira la blancheur de ma reine? Éteignez-vous, cieux languissants! O chères délices! je sens Se poser sur mon front morose Les longs baisers rafraîchissants! Ici tout est couleur de rose. Envoi. Que de trésors éblouissants Et dignes d'une apothéose! Fleurs splendides, boutons naissants, Ici tout est couleur de rose.
Text Authorship:
- by Théodore Faullin de Banville (1823 - 1891), "Ballade pour une amoureuse", written 1862, appears in Trente-six ballades joyeuses, no. 5, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1873
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Ballade de la sainte Buverie  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Hume le piot sans trêve, biberon. Le Tourangeau, le poëte au grand coeur, Maître François, le sage vigneron Qui parmi nous fut comme un dieu vainqueur, Maître François, riant, joyeux, moqueur, Comme un Bacchus debout sur son pressoir, Écrase encor le raisin du terroir Et du sang rose emplit son broc divin. As-tu soif? bois la vie et bois l'espoir, C'est Rabelais qui nous verse du vin. Nous boirons tous, l'ouvrier, le patron Et l'usurier de nos sous escroqueur, Et le soldat qu'emporte le clairon! Donc, fais en paix ton commerce, troqueur, Et toi, noircis tes feuilles, chroniqueur. Fume l'andouille et garnis le saloir, Bon paysan courbé sous le devoir, Ou travailleur des bois, rude sylvain Toujours cognant sous le feuillage noir: C'est Rabelais qui nous verse du vin. Qui que tu sois, artisan, bûcheron, Humble mercier fait pour chanter le choeur Sur le théâtre où déclame Néron, Même valet d'écurie ou piqueur, Tu goûteras à la rouge liqueur. Quand tu serais, en ton pauvre manoir, Plus altéré que ne l'est vers le soir D'un jour de juin, le sable d'un ravin, Nargue la soif, car tu n'as qu'à vouloir, C'est Rabelais qui nous verse du vin. Envoi. Prince, la France enivrée a pu voir Le flot sacré dans son verre pleuvoir. Buvons encor! nous n'aurons pas en vain Soif de gaieté, d'amour et de savoir, C'est Rabelais qui nous verse du vin.
Text Authorship:
- by Théodore Faullin de Banville (1823 - 1891), "Ballade de la sainte Buverie", written 1869, appears in Trente-six ballades joyeuses, no. 30, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1873
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]7. Pour une aux cheveux dorés  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Cypris comme toi, fleur d'amour, Eut cet adorable enjouement, Cette lèvre dont le contour M'attire comme un doux aimant, Et tout ce resplendissement D'un incomparable trésor, Prunelles de clair diamant, Sourcils d'ébène et frisons d'or. Tes cheveux, en chaque détour, Ont comme le bruissement Du flot bleu qui baigne la tour. En toi, pour des regards d'amant Tout est le miracle charmant Que ton âme embellit encor, Roses, neiges, enchantement, Sourcils d'ébène et frisons d'or. Et tout nous ravit tour à tour, Roses faites d'embrasement, Cheveux plus vermeils que le jour, Sein plus blanc que le pur froment, Yeux profonds, qu'emplit fièrement De lumière, un profond décor D'étoiles et de firmament, Sourcils d'ébène et frisons d'or. Envoi. O chère joie! ô cher tourment! Ma strophe au gracieux essor Mêle, en son éblouissement, Sourcils d'ébène et frisons d'or!
Text Authorship:
- by Théodore Faullin de Banville (1823 - 1891), "Ballade pour une aux cheveux dorés", written 1861, appears in Trente-six ballades joyeuses, no. 14, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1873
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