Je n'ai jamais connu les baisers d'une mère et dans la solitude mon enfance a langui. À l'âge où la nature nous semble une féerie, j'ai pleuré, j'ai souffert et regretté de vivre. Echappé de l'enfance, comme d'un dur cachot, j'aurais étreint le monde en ma joyeuse ivresse. Le cynisme de l'homme a flétri cette joie. J'ai prolongé l'ennui, retardé le repos des vendeuses d'amour aux caresses serviles. J'ai bondi dans l'étude et touché le néant de la pure pensée et de l'art impassible, car le verbe n'est rien sans l'esprit qui l'anime et tout l'esprit n'est rien sans la chair qui l'émeut. Révèle-toi, surgis, reine de mes désirs, femme que j'aimerai, femme qui dois m'aimer ! Tu es et je te veux, tu es et je t'ignore. Ô mon espoir, ma foi ma beauté, m'entend-tu, entends-tu ma plainte désolée ? Un frais matin d'automne, elle m'est apparue, douce, mélancolique et charmante ...
Quatre poèmes en musique
Song Cycle by Albéric Magnard (1865 - 1914)
1. Je n'ai jamais connu les baisers d'une mère
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Albéric Magnard (1865 - 1914), no title
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Les roses de l'amour ont fleuri sur tes joues
Language: French (Français)
Les roses de l'amour ont fleuri sur tes joues, les roses du plaisir ont parfumé ta bouche et tes yeux, tes yeux las, se ferment, embrumés. Et les astres ont fui dans le brouillard léger. La rosée du matin parfume les pelouses, les roses de l'aurore fleurissent les lointains. Lève-toi, viens, ma tendre bien-aimée, regardes aux carreaux l'horizon radieux ! Mais déjà le soleil a brillé dans l'azur, inondant de clarté ma maîtresse endormie. Chère femme ! Cher paysage !
Text Authorship:
- by Albéric Magnard (1865 - 1914), no title
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
3. Enfant rieuse, enfant vivace
Language: French (Français)
Enfant rieuse, enfant vivace, dont la beauté croît chaque jour, tu babilles, tu cries, tu t'élances, tu cours, gaie comme les oiseaux et libre comme l'air ! Les jeunes femmes s'extasient sur l'éclat de ton teint, de tes lèvres rosées, de tes sombres yeux bleus, couleur de notre amour. Enfant espiègle, enfant mutine, dont la grâce croît chaque jour, tu chantes et tu ris, tu souris et tu joues, insoucieuse de l'avenir ! Seras-tu quelque vierge impérieuse et fière, affranchie de l'amour par un amour plus haut, noblement occupée à délivrer du joug tout le sexe que l'homme abaisse a ses désirs ? Ou quelque tendre épouse, affectueuse et douce, vouée à ton élu, fidèle à tes devoirs ? Joue enfant sans souci de ces choses futures ! Que les baisers de l'air animent ton beau teint Que l'arome des fleurs voltige sur tes lèvres ! Que la splendeur du ciel se reflète en tes yeux ! Rapide passera le temps de tes joies. Les désirs, les pensers imprimeront bientôt leur marque douloureuse à ton front innocent. Babille, chante, crie, et de toute ton âme ! Un long sommeil sera le prix de ton effort. Dans le parc enchanté tu verras apparaître la fée aux sourires et le prince charmant.
Text Authorship:
- by Albéric Magnard (1865 - 1914), no title
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Quand la mort viendra
Language: French (Français)
Quand la mort viendra renouveler la vie en mon âme et ma chair usées, plonge tes yeux dans mes yeux, que j'emporte avec moi l'essence de toi même, ton clair regard ! Qu'il me pénètre comme un esprit subtil ! Que, par une secrète et profonde magie, il aide la nature a disperser mon être aux quatre vents de l'infini ! Il illuminera la beauté de mes songes, aux jardins azurés qu'embaume le repos. Veillé pieusement par l'ange de l'amour. Il s'éternisera dans l'éther constellé. Il sera le rayon de soleil qui ranime la force du héros, l'audace du penseur. Il sera le reflet du monde maternel, à l'heure où la nuit vient, semant l'ombre et le rêve. Et ton regard sublimera l'extase des amants bienheureux, Quand, las d'avoir erré tout le jour loin des villes, ils rentrent à pas lents et longuement contemplent l'amoureuse étoile du soir.
Text Authorship:
- by Albéric Magnard (1865 - 1914), no title
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]Total word count: 576