Elle n'a jamais su Que je l'avais suivie, Et ne m'a jamais vu ; Mais je connais sa vie. Sa vie est un secret Gravé sur une pierre, Secret qui disparait Abrité sous le lierre. C'est le nom de l'absent, Nom de celui qu'elle aime, Et jamais le passant Ne lira ce poème ! Lorsqu'elle eut achevé, Sa lèvre, avec ivresse, Mit sur l'aveu gravé Sa plus douce caresse ; Puis elle s'éloigna, Rougissante, inquiète, Et deux fois retourna Son adorable tête. Elle n'a jamais su Que je l'avais suivie, Et ne m'a jamais vu ; Mais je connais sa vie !
Poème du regret
by Georges Adolphe Hüe (1858 - 1948)
1. Elle n'a jamais su
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Stéphan Bordèse (1847 - 1919)
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Researcher for this page: Johann Winkler2. Ah ! j'ignore pourquoi
Language: French (Français)
Ah! j'ignore pourquoi Mon âme s'est troublée, Quand je fus à l'endroit Où la mousse se foulée Encore de ses pas Conservait leur empreinte ; Et je ne comprends pas Quelle secrète crainte M'empêchait d'approcher. Il me semblait entendre Sa voix me reprocher D'être là, me défendre De souiller du regard Le secret de sa vie. Mais il était trop tard, Mes yeux l'avaient trahie !
Text Authorship:
- by Stéphan Bordèse (1847 - 1919)
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Researcher for this page: Johann Winkler3. Je les ai lus ces mots
Language: French (Français)
Je les ai lus ces mots confiés à la pierre, Aveu désespéré d'une grande douleur, Et leur dois le respect qu'inspire la prière ! Ils en ont la tristesse et la pure candeur. Qu'ils demeurent cachés comme en un reliquaire Au meilleur de mon cœur, et je fais le serment De ne pas revenir en ce lieu solitaire, Que son âme choisit pour son recueillement !
Text Authorship:
- by Stéphan Bordèse (1847 - 1919)
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Researcher for this page: Johann Winkler4. Ma raison voulait que mon cœur l'oublie
Language: French (Français)
Ma raison voulait que mon cœur l'oublie, Mais mon cœur, hélas ! ne s'est pas soumis, Et je dois souffrir la lente folie D'un amour fatal que rien n'a permis. Même à mon serment je suis infidèle En venant revoir cet endroit désert, Où son âme plane, où tout parle d'elle Avec les sanglots que pleure l'hiver. Et devant le roc ou plutôt la tombe, Où son amour dort éternellement, L'âme recueillie, à genoux je tombe Et cherche à mon mal un apaisement. Non ! non ! que rien n'apaise Ma douleur de l'aimer ! Que jamais ne se taise Ma voix pour la nommer. O charmante inconnue, Vision d'un seul jour, Que n'es-tu revenue Vers ce temple d'amour, Où craintive, apeurée, Dans le recueillement, Tu gravais, éplorée, Le nom de ton amant. Mais hélas ! l'espérance De te revoir jamais, Fait place à la souffrance En mon cœur désormais !
Text Authorship:
- by Stéphan Bordèse (1847 - 1919)
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Researcher for this page: Johann Winkler5. Salut lieu tant aimé
Language: French (Français)
Salut, lieu tant aimé, Retraite solitaire Où dans l'air embaumé Plane, en un doux mystère, Son charmant souvenir, C'est un peu d'elle même, Qui semble ici venir Apprendre que je l'aime. Vous, Poètes des bois, Oiseaux, troupe joyeuse, Chantez, et que vos voix Ramènent l'oublieuse Vers ce rocher, jadis Témoin de ses alarmes Où maintenant un lys Me rappelle ses charmes. Mais pourquoi ce lys blanc, Incliné sur sa tige, Dont le parfum troublant me donne le vertige ? Est-ce toi qui reviens Ou te métamorphoses, Toi qui te ressouviens Que les sœurs sont les roses ?
Text Authorship:
- by Stéphan Bordèse (1847 - 1919)
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Researcher for this page: Johann Winkler6. Rien d'elle ici n'est plus, rien !
Language: French (Français)
Rien d'elle ici n'est plus, rien ! Même la pensée Que la roche gardait, hélas ! est effacée. Il n'en reste qu'un mot, celui qui finissait La phrase où sa douleur d'amour se trahissait. Morte est le mot cruel demeuré seul écrit Comme un arrêt fatal. Et ce lys qui fleurit Où tombèrent ses pleurs, vient confirmer ma crainte ! Mon ciel redevient noir, son étoile est éteinte. Adieu, adieu, toi que j'aimai Sans oser, hélas ! te le dire, Mon cœur s'est abimé Pour toi dans l'éternel martyre. J'avais respecté ta douleur, Et je t'aimais sans jalousie, Comme un frelon aime la fleur Pour son parfum, sa poésie. En revenant là chaque jour, Heureux d'y revivre mon rêve, J'espérais en vain le retour De cette heure qui fut si brève ! Un an depuis s'est écoulé ; Seule, une fleur marque la place D'où mon bonheur s'est envolé Pour toujours à travers l'espace. Elle n'a jamais su Que je l'avais suivie, Et ne m'a jamais vu. Seul je connus sa vie !
Text Authorship:
- by Stéphan Bordèse (1847 - 1919)
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