La pluie fine a mouillé toutes choses, très doucement, et en silence. Il pleut encore un peu. Je vais sortir sous les arbres. Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures. La pluie au printemps est délicieuse. Les branches chargées de fleurs mouillées ont un parfum qui m'étourdit. On voit briller au soleil la peau délicate des écorces. Hélas ! que de fleurs sur la terre ! Ayez pitié des fleurs tombées. Il ne faut pas les balayer et les mêler dans la boue ; mais les conserver aux abeilles. Les scarabées et les limaces traversent le chemin entre les flaques d'eau ; je ne veux pas marcher sur eux, ni effrayer ce lézard doré qui s'étire et cligne des paupières.
Trois chansons de Bilitis
by Marcel Pollet (1883 - 1961)
1. La pluie  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "La pluie", appears in Les Chansons de Bilitis, in Bucoliques en Pamphylie, no. 9, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Bertram Kottmann) , copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
2. Volupté  [sung text not yet checked]
Sur une terrasse blanche, la nuit, ils nous laissèrent évanouies dans les roses. La sueur chaude coulait comme des larmes, de nos aisselles sur nos seins. Une volupté accablante empourprait nos têtes renversées. Quatre colombes captives, baignées dans quatre parfums, voletèrent au-dessus de nous en silence. De leurs ailes, sur les femmes nues, ruisselaient des gouttes de senteur. Je fus inondée d’essence d’iris. Ô lassitude ! je reposai ma joue sur le ventre d’une jeune fille qui s’enveloppa de fraîcheur avec ma chevelure humide. L’odeur de sa peau safranée enivrait ma bouche ouverte. Elle ferma sa cuisse sur ma nuque. Je dormis, mais un rêve épuisant m’éveilla : l’iynx, oiseau des désirs nocturnes, chantait éperdument au loin. Je toussai avec un frisson. Un bras languissant comme une fleur s’élevait, peu à peu vers la lune, dans l’air.
Text Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "Volupté", appears in Les Chansons de Bilitis, in Épigrammes dans l'Île de Chypre, no. 114, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Confirmed with Les Chansons de Bilitis. Traduit du grec par Pierre Louÿs, Paris, Société du Mercure de France, 1898, page 241.
Note: this is a prose text. The line-breaks are arbitrary.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Le Souvenir de Mnasidika  [sung text not yet checked]
Elles dansaient l'une devant l'autre, d'un mouvement rapide et fuyant; elles semblaient toujours vouloir s'enlacer, et pourtant ne se touchaient point, si ce n'est du bout des lèvres. Quand elles tournaient le dos en dansant, elles se regardaient, la tête sur l'épaule, et la sueur brillait sous leurs bras levés, et leurs chevelures fines passaient devant leurs seins. La langueur des leurs yeux, le feu de leurs joues, la gravité de leurs visages, étaient trois chansons ardentes. Elles se frôlaient furtivement, elles pliaient leurs corps sur les hanches. Et tout à coup, elles sont tombées, pour achever à terre la danse molle... Souvenir de Mnasidika, c'est alors que tu m'apparus, et tout, hors ta chère image, me fut importun.
Text Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "Le Souvenir de Mnasidika", appears in Les Chansons de Bilitis, in Épigrammes dans l'Île de Chypre, no. 148
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Marvin J. Ward) , "The Memory of Mnasidika", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Beim Gedenken Mnasidikas", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission