Elle dort dans ses cheveux défaits, les mains mêlées derrière la nuque. Rêve-t-elle ? Sa bouche est ouverte ; elle respire doucement. Avec un peu de cygne blanc, j’essuie, mais sans l’éveiller, la sueur de ses bras, la fièvre de ses joues. Ses paupières fermées sont deux fleurs bleues. Tout doucement je vais me lever ; j’irai puiser l’eau, traire la vache et demander du feu aux voisins. Je veux être frisée et vêtue quand elle ouvrira les yeux. Sommeil, demeure encore longtemps entre ses beaux cils recourbés et continue la nuit heureuse par un songe de bon augure.
Quatre Chansons de Bilitis, 3ème recueil
by Georges Dandelot (1895 - 1975)
1. La dormeuse  [sung text not yet checked]
Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "La dormeuse", written 1894, appears in Les Chansons de Bilitis, in Élégies à Mytilène, no. 69, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Confirmed with Œuvres complètes de Pierre Louÿs, 1929 - 1931, tome 2 (1894 (Chansons de Bilitis)), Paris, Slatkine reprints, 1973, page 84.
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2. Le baiser  [sung text not yet checked]
Je baiserai d’un bout à l’autre les longues ailes noires de ta nuque, ô doux oiseau, colombe prise, dont le cœur bondit sous ma main ! Je prendrai ta bouche dans ma bouche comme un enfant prend le sein de sa mère. Frissonne !… car le baiser pénètre profondément et suffirait à l’amour. Je promènerai ma langue légère sur tes bras, autour de ton cou, et je ferai tourner sur tes côtes chatouilleuses la caresse étirante des ongles. Écoute bruire en ton oreille toute la rumeur de la mer… Mnasidika ! ton regard me fait mal. J’enfermerai dans mon baiser tes paupières brûlantes comme des lèvres.
Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "Le baiser", appears in Les Chansons de Bilitis, in Élégies à Mytilène, no. 70, Paris, Éd. du Mercure de France
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Confirmed with Œuvres complètes de Pierre Louÿs, 1929 - 1931, tome 2 (1894 (Chansons de Bilitis)), Paris, Slatkine reprints, 1973, page 85.
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3. L'étreinte éperdue  [sung text not yet checked]
Aime-moi, non pas avec des sourires, des flûtes ou des fleurs tressées, mais avec ton cœur et tes larmes, comme je t’aime avec ma poitrine et avec mes gémissements. Quand tes seins s’alternent à mes seins, quand je sens ta vie toucher ma vie, quand tes genoux se dressent derrière moi, alors ma bouche haletante ne sait même plus joindre la tienne. Étreins-moi comme je t’étreins ! Vois, la lampe vient de mourir, nous roulons dans la nuit ; mais je presse ton corps mouvant et j’entends ta plainte perpétuelle… Gémis ! gémis ! gémis ! ô femme ! Erôs nous traîne dans la douleur. Tu souffrirais moins sur ce lit pour mettre un enfant au monde que pour accoucher de ton amour.
Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "L'étreinte éperdue", written 1894, appears in Les Chansons de Bilitis, in Élégies à Mytilène, no. 72, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Confirmed with Œuvres complètes de Pierre Louÿs, 1929 - 1931, tome 2 (1894 (Chansons de Bilitis)), Paris, Slatkine reprints, 1973, page 87.
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4. Scène  [sung text not yet checked]
« Où étais-tu ? — Chez la marchande de fleurs. J’ai acheté des iris très beaux. Les voici, je te les apporte. — Pendant si longtemps tu as acheté quatre fleurs ? — La marchande m’a retenue. — Tu as les joues pâles et les yeux brillants. — C’est la fatigue de la route. — Tes cheveux sont mouillés et mêlés. — C’est la chaleur et c’est le vent qui m’ont toute décoiffée. — On a dénoué ta ceinture. J’avais fait le nœud moi-même, plus lâche que celui-ci. — Si lâche qu’elle s’est défaite ; un esclave qui passait me l’a renouée. — Il y a une trace à ta robe. — C’est l’eau des fleurs qui est tombée. — Mnasidika, ma petite âme, tes iris sont les plus beaux qu’il y ait dans tout Mytilène. — Je le sais bien, je le sais bien. »
Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "Scène", written 1894, appears in Les Chansons de Bilitis, in Élégies à Mytilène, no. 87, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Confirmed with Œuvres complètes de Pierre Louÿs, 1929 - 1931, tome 2 (1894 (Chansons de Bilitis)), Paris, Slatkine reprints, 1973, page 101.
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