Au fond de la Seine, il y a de l'or, Des bateaux rouillés, des bijoux, des armes. Au fond de la Seine, il y a des morts. Au fond de la Seine, il y a des larmes. Au fond de la Seine, il y a des fleurs; De vase et de boue elles sont nourries. Au fond de la Seine, il y a des coeurs Qui font souffrir trop pour vivre la vie. Et puis des cailloux et des bêtes grises. L'âme des égouts soufflant des poisons. Les anneaux jetés par des incomprises, Des pieds qu'une hélice a coupés du tronc. Et les fruits maudits des ventres stériles, Les blancs avortés que nul n'aima. Les vomissements de la grand'ville. Au fond de la Seine, il y a cela. Ô Seine clémente où vont les cadavres, Ô lit dont les drops sont faits de limon, Fleuv' des déchets, sans fanal, ni hâvre, Chanteuse bercant, la morgue et les ponts, Accueill' le pauvre, accueill' la femme, Accueill' l'ivrogne Accueill' le fou, Mèle leurs sanglots au bruit de tes lames, Et porte leurs coeurs, et porte leurs coeurs et porte leurs coeurs, parmi les cailloux. Au fond de la Seine, il y a de l'or, Des bateaux rouillés, des bijoux, des armes. Au fond de la Seine, il y a des morts. Au fond de la Seine, il y a des larmes.
Trois chansons
by Kurt Weill (1900 - 1950)
1. Complainte de la Seine  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by Maurice Magre (1877 - 1941), "Complainte de la Seine", written 1913, appears in Les belles de nuit, in 3. La robe arrachée, no. 7, Paris, Éd. Fasquelle, Bibliothèque Charpentier, first published 1913
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Sean Phillip Mabrey) , "Lament of the Seine", copyright © 2004, (re)printed on this website with kind permission
2. Je ne t'aime pas  [sung text checked 1 time]
Retire ta main, je ne t'aime pas Car tu l'as voulu, tu n'es qu'un ami. Pour d'autres sont faits le creux de tes bras Et ton cher baiser, ta tête endormie. Ne me parle pas, lorsque c'est le soir Trop intimement, à voix basse même Ne me donne pas surtout ton mouchoir : Il renferme trop le parfum que j'aime. Dis-moi tes amours, je ne t'aime pas Quelle heure te fut la plus enivrante ? Et si elle t'aimait bien, et si elle fut ingrate En me le disant, ne sois pas charmant. Je n'ai pas pleuré, je n'ai pas souffert Ce n'était qu'un rêve et qu'une folie. Il me suffira que tes yeux soient clairs Sans regret du soir, ni mélancolie. Il me suffira de voir ton bonheur Il me suffira de voir ton sourire. Conte-moi comment elle a pris ton cœur Et même dis-moi ce qu'on ne peut dire. Non, tais-toi plutôt... Je suis à genoux Le feu s'est éteint, la porte est fermée Ne demande rien, je pleure... C'est tout. Je ne t'aime pas, ô mon bien-aimé.
Authorship:
- by Maurice Magre (1877 - 1941), "À une amie", written 1911?, appears in Les belles de nuit, in 3. La robe arrachée, no. 2, first published 1911
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Emily Ezust) , "I don't love you", copyright © 2016
First published in the revue La Vogue française, February 15, 1911, and then included in Les Belles de nuit, Poésies, Paris, Éd. Fasquelle, Bibliothèque Charpentier, 1913.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]