Sur [tous parfums]1 j'aime la rose Dessus l’épine en mai déclose, Et l’odeur de la belle fleur Qui de sa première couleur Pare la terre, quand la glace Et l'hiver au soleil font place. Les autres boutons vermeillets, La giroflée et les œillets, Et le bel émail qui varie L’honneur gemmé d’une prairie, En milles lustres s’éclatant, Ensemble ne me plaisent tant Que fait la rose pourperette, Et de Mars la blanche fleurette. Que saurai-je pour le doux flair Que je sens au moyen de l’air, Prier pour vous deux autre chose, Sinon que toi bouton de rose, Du teint de honte accompagné, Sois toujours en mai rebaigné De la rosée qui doux glisse, Et jamais juin ne te fanisse ? Ni à toi, fleurette de Mars, Jamais l’hiver lorsque tu pars Hors de la terre, ne te fasse Pencher morte dessus la place ; Ains toujours, malgré la froidure, Puisses-tu de ta suave odeur Nous annoncer que l’an se vire Plus doux vers nous, et que Zéphyre Après le tour du fâcheux temps Nous ramène le beau printemps !
Trois Poèmes de Ronsard
by Georges-Martin Witkowski (1867 - 1943)
1. Louanges de la Rose et de la Violette  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title
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View original text (without footnotes)Confirmed with Choix de poésies de P. de Ronsard, Volume 1, Paris, Librairie de Firmin Didot Frères, Fils et Cie, 1862, pages 283-284.
1 Witkowski: "tout parfum"; further changes may exist not shown above.Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. A sa maîtresse  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
La Lune est coustumiere Renaistre tous les mois Mais quand notre lumiere Sera morte une fois, Longtems sans reveiller Nous faudra sommeiller. Tandis que vivons ores, Un baiser donne moy, Donne m’en mille encores, Amour n’a point de loy, A sa grand deité Convient l’infinité. Ah vous m’avéz maitresse De la dent entamé, La langue chanteresse, De vostre nom aymé : Quoy ? est-ce la le pris Du labeur qu’elle a pris ? Elle, qui voz louanges Dessus le Luth vantoit, Et aux peuples estranges Voz merites chantoit, Ne faisant l’air si non Bruyre de votre nom. De voz te[t]ins d’Ivoyre Joyaux de l’Orient, Eternisoit la gloyre, Et de votre œil friant Pour la recompenser La faut il offenser ? Las ! de petite chose Je me plain durement, La playe en l’ame enclose Me cuit bien autrement Que ton œil m’y laissa Le jour qu’il me blessa.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585)
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "The moon is accustomed", copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
3. A son laquais  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
J’ay l’esprit tout ennuyé D’avoir trop estudié Les Phenomenes d’Arate : II est temps que je m’esbate Et que j’aille aux champs jouer. Bon dieux ! qui voudroit louer Ceux qui, collez sur un livre, N’ont jamais soucy de vivre ? Que nous sert l’estudier, Sinon de nous ennuyer Et soing dessus soing accrestre, À qui nous serons peut-estre, Ou ce matin, ou ce soir, Victime de l’Orque noir, De l’Orque qui ne pardonne, Tant il est fier, à personne ? Corydon, marche devant ; Sçache où le bon vin se vend. Fais après à ma bouteille, Des feuilles de quelque treille, Un tapon pour la boucher. Ne m’achete point de chair, Car, tant soit-elle friande, L’esté je hay la viande. Achete des abricos, Des pompons, des artichôs, Des fraises et de la crême : C’est en esté ce que j’aime, Quand, sur le bord d’un ruisseau, Je les mange au bord de I’eau, Estendu sur le rivage Ou dans un antre sauvage. Ores que je suis dispos, Je veux rire sans repos, De peur que la maladie Un de ces jours ne me die, Me happant à l’impourveu : « Meurs, gallant : c’est assez beu. »
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title
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