On dirait ton regard d’une vapeur couvert ; Ton œil mystérieux, — est-il bleu, gris ou vert ? — Alternativement tendre, [doux et cruel]1, Réfléchit l’indolence et la pâleur du ciel. Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés, Qui font se fondre en pleurs les cœurs ensorcelés, Quand, agités d’un mal inconnu qui les tord, Les nerfs trop éveillés raillent l’esprit qui dort. Tu ressembles parfois à ces beaux horizons Qu’allument les soleils des brumeuses saisons ; — Comme tu resplendis, paysage mouillé Qu’enflamment les rayons tombant d’un ciel brouillé ! Ô femme dangereuse ! ô séduisants climats ! Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas, Et saurai-je tirer de l’implacable hiver Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer ?
Cinq Poèmes de Baudelaire pour baryton et piano
by Nicolas Chevereau (b. 1989)
1. Ciel brouillé  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Ciel brouillé", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 50, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, first published 1857
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Cyril Meir Scott) , "Overcast Sky", appears in The Flowers of Evil, London, Elkin Mathews, first published 1909
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, pages 107-108. Also confirmed with Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1861, pages 113-114. Punctuation and formatting follows the 1857 edition. Note: this was number 46 in the 1857 edition of Les Fleurs du mal but number 50 or 51 in subsequent editions.
1 1861 edition: "rêveur, cruel"Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
2. Remords posthume  [sung text not yet checked]
Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse, Au fond d'un monument construit en marbre noir, Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse ; Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir, Empêchera ton coeur de battre et de vouloir, Et tes pieds de courir leur course aventureuse, Le tombeau, confident de mon rêve infini (Car le tombeau toujours comprendra le poète), Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni, Te dira : " Que vous sert, courtisane imparfaite, De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts ? " - Et le ver rongera ta peau comme un remords.
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Remords posthume", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 34
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First published in La Revue des Deux Mondes, June 1, 1855; appeared in Les Fleurs du Mal in Spleen et Idéal as number 32 in the 1857 edition, number 33 in the 1861 edition, and number 34 in the 1868 edition.Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Les Ténèbres  [sung text not yet checked]
Dans les caveaux d'insondable tristesse Où le Destin m'a déjà relégué ; Où jamais n'entre un rayon rose et gai ; Où, seul avec la Nuit, maussade hôtesse, Je suis comme un peintre qu'un Dieu moqueur Condamne à peindre, hélas ! sur les ténèbres ; Où, cuisinier aux appétits funèbres, Je fais bouillir et je mange mon coeur, Par instants brille, et s'allonge, et s'étale Un spectre fait de grâce et de splendeur. A sa rêveuse allure orientale, Quand il atteint sa totale grandeur, Je reconnais ma belle visiteuse : C'est Elle ! noire et pourtant lumineuse.
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Les ténèbres", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 38
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First published in the revue L'Artiste, October 15, 1860; appeared in Les Fleurs du Mal in Spleen et Idéal as number 38 in the 1861 edition, and number 39 in the 1868 edition.Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
4. De profundis clamavi  [sung text not yet checked]
J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime, Du fond du gouffre obscur où mon cœur est tombé. C'est un univers morne à l'horizon plombé, Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème ; Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois, Et les six autres mois la nuit couvre la terre ; C'est un pays plus nu que la terre polaire ; — Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois ! Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse La froide cruauté de ce soleil de glace, Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos ; Je jalouse le sort des plus vils animaux Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide Tant l'écheveau du temps lentement se dévide !
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 30, Paris, Le Messager de l'Assemblée, first published 1851
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "De profundis clamavi"
- ITA Italian (Italiano) (Ferdinando Albeggiani) , "De Profundis clamavi", copyright © 2010, (re)printed on this website with kind permission
- ROM Romanian (Română) (Alexandru I. Philippide) , "De profundis clamavi"
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in Spleen et Idéal, pages 69-70. Also confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1861, in Spleen et Idéal, pages 70-71. Also confirmed with Charles Baudelaire, Œuvres complètes de Charles Baudelaire, vol. I : Les Fleurs du mal, Paris: Michel Lévy frères, 1868, in Spleen et Idéal, page 130. Punctuation follows 1857 edition. Note: this was number 28 in the 1857 edition of Les Fleurs du mal but number 30 or 31 in subsequent editions.
First published April 9, 1851 as "La Béatrix" in Le Messager de l'Assemblée. Also published June 1, 1855 as "Le Spleen" in Revue des Deux Mondes. The title "De profundis clamavi" is used in all editions of Les Fleurs du mal.
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5. Élévation  [sung text not yet checked]
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par-delà le soleil, par-delà les éthers, Par-delà les confins des sphères étoilées, Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde, Tu sillonnes gaîment l'immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté. Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; Va te purifier dans l'air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides. Derrière les ennuis et les [sombres]1 chagrins Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'élancer vers les champs lumineux et sereins ; Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, — Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes !
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Élévation", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 3, first published 1857
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Vzlet"
- ENG English (Emily Wyatt) , "Elevation", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
- POR Portuguese (Português) (Delfim Guimarães) , "Elevação", appears in As Flores do Mal
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in Spleen et Idéal, pages 17-18. First appeared in Journal d'Alençon, May 17, 1857.
1 L. Freitas Branco and J. Harvey: "vastes"Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]