CHŒUR TERRESTRE Que le jour monte ou s’abaisse, Amis, il verra toujours Durer notre ivresse, Changer nos amours. Ô guerre, tu te déchaînes Et mets les glaives dehors ! Nous sommes les forts ! Que les nations prochaines Reçoivent nos chaînes Et nous livrent leurs trésors ! Malheureux ou prospères, Bientôt, nous aurons vécu, Disons comme nos pères : Gloire au victorieux et malheur au vaincu ! H'OMO Ah ! malheur aux vaincus! - Cette clameur s'élève A l'Orient, au Nord, à l'Occident, sans trêve! La Faiblesse partout est le crime éternel, Et ce crime est le seul qui n'ait pas un autel!... Un autel? à quoi bon dans ces temps ou nous sommes? O jeunes dieux, jadis priés des jeunes hommes, Qui veniez - non contents des hommag es lointains - Vous mêler à leurs jeux ou rire à leurs festins, On ne vous connaît plus! - Si parfois il nous semble Qu'à l'antique horizon un astre nouveau tremble, Nous pressons vainement nos pas appesantis; Qui pourrait nous guider? Les sages sont partis! Un instant, ô Platon! la terre illuminée Tressaillit de ton rêve, et vers toi s'est tournée: Dans tes regards profonds des aurores montaient; Les abeilles, volant sur tes lèvres, étaient Prêtes à nous porter, sur leurs ailes de gaze, L'harmonieux secret de ta sereine extase!... Voilà que par les airs a fui le doux essaim; Tes yeux se sont fermés; ta tête sur ton sein Se pencha; pour toujours tu t'endormis, ô maître, Sans rien nous révéler - sans rien savoir peut-être! Et nous allons, après une lueur d'espoir, D'un pied plus chancelant vers l'abîme plus noir. Mais je vois s'éclairer l'azur et, par les hues Entr'ouvertes, passer des formes inconnues! Etres mystérieux, plus charmants et plus doux Que le fils de Vénus, comment vous nommez-vous? CHŒUR DES ANGES Nous venons du ciel, nous sommes les anges. Quand nous paraissons, Les regards sont pleins de clartés étranges, Les cœurs, de frissons. Mais l’homme qui veut aux routes nouvelles Marcher aujourd’hui, Nous verra courbés sous nos blanches ailes Plus tremblants que lui ! CHŒUR DES HOMMES Où mènent vos chemins ? CHŒUR DES ANGES Vers le maître, c’est l’heure ! Il vous appelle tous ! CHŒUR DES HOMMES Au ciel ? La route est longue, Et la terre est meilleure ! CHŒUR DES ANGES Le maître est parmi vous ! L’ARCHANGE Les rois dont vous vantez la gloire, Tous les dieux que vous adorez Ont des palais au seuil d’ivoire, Des temples aux faîtes dorés ! Mais leur majesté misérable, Hier, pour toujours s’écroula ! Là-bas, est une pauvre étable ; Allez, allez, le maître est là. (Vision : La crèche apparaît, entourée des mages et des pasteurs.) CHŒUR DES HOMMES Celui qui veut seul nos hommages Est-il cet enfant endormi ? Laissez là ces pasteurs, levez-vous, ô rois mages ! Ah ! cet enfant s’éveille et le monde a frémi. L’ARCHANGE La terre a tressailli d’une extase profonde. Cette crèche où dort cet enfant Est le berceau d’un nouveau monde Sauvé par un Dieu triomphant. Le passé n’est plus qu’un rêve, Le mal s’enfuit impuissant ; Et l’univers se relève Quand Jésus vers lui descend. Le riche, autrefois superbe, Va laisser, ouvrant la main, Tomber la meilleure gerbe Pour le pauvre en son chemin. Et sur des œuvres bénies Les peuples toujours penchés Verront les mains réunies Et tous les cœurs rapprochés. À vous la paix divine et l’extase profonde ! Cette crèche où dort cet enfant, Est le berceau d’un nouveau monde Sauvé par un Dieu triomphant ! CHŒUR GÉNÉRAL Devant la loi nouvelle Le monde est prosterné. Salut au Dieu qui se révèle ! Salut, salut au nouveau-né ! Noël ! voici l’aurore ! Le jour nous apparaît ! L’enfant divin que l’on adore Enseigne enfi n le doux secret. (Vision: Les siècles s'écoulent - Allégresse du monde qui se transforme et s'épanouit sous la parole du Christ. En vain: s'ouvre l'ère des persécutions; la Foi triomphe de tous les obstacles. Mais l'heure moderne a sonné; la croyance est perdue. L'homme, en proie, de nuoveau à l’âpre désir des jouissances et aux agitations sterile, a retrouvé les passions d'un autre ȃge.)
Rédemption
Oratorio by César Franck (1822 - 1890)
Translated to:
Lithuanian (Lietuvių kalba) — Atpirkimas (Giedrius Prunskus)
1. Autrefois  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by Édouard Blau (1836 - 1906)
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- LIT Lithuanian (Lietuvių kalba) (Giedrius Prunskus) , "Kažkada", copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
2. Aujourd'hui  [sung text checked 1 time]
CHŒUR DES HOMMES Où sommes-nous? De maux sans nombre Comme autrefois nous souffrons. Sous nos pas la terre est sombre. Le ciel fermé sur nos fronts. Toujours notre œuvre est inféconde ; Le repos nous est interdit. Chaque jour qui passe agrandit La blessure au fl anc du vieux monde. L’univers est maudit ! L'HOMME Toujours léchant moqueur! toujours le cri sauvage Le présent n'est-il rien que l'écho d'un autre âge? Seigneur! près de deux fois dix siècles ont passé Depuis qu'à l'Enfant blond par la Vierge bercé Se donna la terre soumise! Maintenant, regardez, regardez par ici. En bas, bien bas, vers nous! Votre oeuvre est-elle ainsi Que vos anges-l'avaient promise? L'homme s'est rapproché dans le vaste univers; Les vallons sont comblés; les grands monts sont ouverts; Les peuples ont fait des miracles; Mais c'est afin qu'un jour ces peuples combattants Puissent s'assassiner sans perdre les instants, Pour que la mort n'ait plus d'obstacles! Si d'épaisses moissons ont couvert les guérets, Le faucheur se souvient quels sinistres engrais Ont reçus les plaines avides; Et les femmes en deuil et les fils orphelins Songent avec effroi que-les greniers sont pleins Parce que les foyers sont vides! Tous les coeurs sont mauvais! - On s'était endormi En frères, côte a côte; - oh s'éveille ennemi! Ce qui devait aimer repousse. Quelquefois tout meurtris d'une implacable loi, Nous disons: Quel est donc ce tyran? - Et c'est toi, Liberté, qu'on rêvait si douce. Ah! le monde chrétien et le monde païen Se ressemblent! - Pourtant, Seigneur, tu savais bien Que ces choses devaient se faire. Pourquoi voulus-tu donc montrer à nos aïeux L'avenir pacifique, aimant et radieux? Pourquoi descendre sur la terre? Et vous, ô séraphins, pour les tromper encor, Vers quels hommes nouveaux prenez-vous vôtre essor? CHŒUR DES ANGES Nous sommes au ciel, Bien loin, bien loin de vos fanges ; Nous disparaissons, Nos cœurs sont remplis de douleurs étranges Et d’amers frissons. Des sentiers promis, des routes si belles L’homme s’est enfui ; Et, le front voilé de nos blanches ailes, Nous pleurons sur lui ! L’ARCHANGE Le fl ot se lève, Et sur la grève Revient au geste du Seigneur. Quand il l’ordonne, L’astre rayonne, Dans le gazon s’ouvre la fl eur ; Mais quand ce Dieu l’appelle En lui tendant les bras, L’homme rebelle N’obéit pas. Il vous châtie en sa colère ! Mais que faut-il pour son pardon ? Après des siècles d’abandon, Une heure de prière ! CHŒUR DES HOMMES Le ciel dans sa juste colère Punit vingt siècles d’abandon. CHŒUR DES ANGES L’homme par la prière Peut avoir son pardon ! L'HOMME Prier! - le pôuvons-nous? - Par une loi fatale Comme on voit des enfants d’e proscrits oublier Les mots - les mots si doux! - de la langue natale, Nous ne savons plus ceux que l'on dit pour prier. Notre lèvre a perdu les syllabes sacrées. Que jadis, quand l'aurore ou la lampe brillait, Mains jointes, nous avons tant de fois murmurées Souriant à la mère à qui Dieu souriait. Vous, du moins, ô bannis! sur la lointaine grève Pour les amours ravis trouvez d'autres amours. Vous changez d'existence et vous changez de rêve, Mais vous vivez encore et vous rêvez toujours! Rien ne remplace en nous la croyance première! Esprits désemparés, bien loin du port béni, Nous flottons, n'ayant plus la Foi, cette lumière, Ni l'Espoir, cette voile où souffle l'Infini... Allons, hommes, courage! à la prière! au temple! Assez de vains plaisirs! assez d'ambitions! Le temps vient que nos fils ont besoin d'un exemple, Le temps que le bon grain germe dans nos sillons! S'il nous faut bien des jours pour la métamorphose, Sachons la commencer, nous saurons l'accomplir; Pour faire un peu de miel il faut plus d'une rose, Et les ruches pourtant finissent par s'emplir. Que celui qui dévie et celui qui succombe Rentrent au droit chemin allégés du fardeau. Ouvrez votre aile, Esprits ! - Jésus fut la colombe; Soyez doux, coeurs souffrants! Jésus était l'agneau. O séraphins! prenez là-haut notre défense, Pour revenir joyeux dire au monde incliné: L'homme fut un ingrat, et Dieu punit l'offense; Mais il fut malheureux, et Christ a pardonné. CHŒUR DES HUMAINS Seigneur, oublie L’erreur et la folie, Apaise-toi! À jamais nous suivrons ta loi. Ô doux témoins de nos alarmes, Ouvrez vos ailes d’or. Vers Dieu portez nos larmes Pour qu’il pardonne encore. LES ANGES Priez ! priez ! dans vos alarmes S’ouvrent nos ailes d’or. Jésus reçoit vos larmes Et vous pardonne encore.
Authorship:
- by Édouard Blau (1836 - 1906)
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- LIT Lithuanian (Lietuvių kalba) (Giedrius Prunskus) , "Šiandien", copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission