Je connais que pauvres et riches, Sage et fols, prêtres et lais, Nobles et grands, et beaux et laids, Dames à rebrassés collets, De quelconque conditions, Portants atours et bourrelets Mort saisit sans exception. Et meurent Pâris et Hélène. Quiconque meurt, meurt à douleur Telle qu'il perd vent et halène. Son fiel se crève sur son cœur. Et sue, Dieu sait quelle sueur. Et n'est qui de ses maux l'allège, Car enfant n'a frère ne sœur, Qui lors voulait être son pleige. La Mort le fait frémir, pâlir, Le nez courbé, les veines tendres, Le col enflet, la chair mollie, Jointes et nerfs croître et étendre. Corps féminin qui tant es tendre, Poli, souef, si précieux, Te faudra-t-il ces maux attendre ? Oui, ou tout vif aller ès cieux.
Poèmes de la Mort et Ballade des Pendus
Song Cycle by Frank Martin (1890 - 1974)
1.
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463)
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Researcher for this page: Tino Brütsch2.
Language: French (Français)
Mort, j'appelle de ta rigueur, Qui m'as ma maîtresse ravie, Et n'es pas encore assouvie Si tu ne me tiens en langueur : Or puis n'eus force ne vigueur ; Mais que te nuisait-elle en vie, Mort ? Deux étions et n'avions qu'un coeur ; S'il est mort, force est que dévie, Voire, ou que je vive sans vie Comme les images, par coeur, Mort !
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Rondeau (Mort, j'appelle de ta rigueur)", appears in Le Testament
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Laura Prichard) , "Death, I appeal to your harshness", copyright © 2016, (re)printed on this website with kind permission
3. Ballade des Pendus
Language: French (Français)
Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six : Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est piéça dévorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et poudre. De notre mal personne ne s'en rie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! Si vous clamons frères, pas n'en devez Alors dédain, quoique fûmes occis Par justice. Toutefois, vous savez Que tous hommes n'ont pas bon sens assis. Excusez-nous, puisque sommes transit, Envers le fils de la Vierge Marie, Que sa grâce ne soit pour nous tarie, Nous préservant de l'infernale foudre. Nous sommes morts, âme ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! La pluie nous a bués et lavés, Et le soleil desséchés et noircis. Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés, Et arraché la barbe et les sourcils. Jamais nul temps nous ne sommes rassis Puis çà, puis là, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charrie, Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre. Ne soyez donc de notre confrérie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! Prince Jésus, qui sur tous a maîtrie, Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie : A lui n'ayons que faire ne que soudre. Hommes, ici n'a point de moquerie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade des pendus", subtitle: "L'Épitaphe de Villon"
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- ENG English (Laura Prichard) , copyright © 2016, (re)printed on this website with kind permission
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