Par des temps de brouillard, de vent froid et de pluie, Quand l'azur a vêtu comme un manteau de suie, Fêtes des anges noirs ! dans l'après-midi, tard, Comme il est douloureux de voir un corbillard, Traîné par des chevaux funèbres, en automne, S'en aller cahotant au chemin monotone, Là-bas vers quelque gris cimetière perdu, Qui lui-même, comme un grand mort, gît étendu ! L'on salue, et l'on est pensif au son des cloches Elégiaquement dénonçant les approches D'un après-midi tel aux rêves du trépas. Alors nous croyons voir, ralentissant nos pas, A travers des jardins rouillés de feuilles mortes, Pendant que le vent tord des crêpes à nos portes, Sortir de nos maisons, comme des coeurs en deuil, Notre propre cadavre enclos dans le cercueil.
Cinq chants funèbres
Song Cycle by Carmen Brouard (1909 - 2005)
1. Le corbillard  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Émile Nelligan (1879 - 1941), "Le corbillard", appears in Eaux-fortes funéraires
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Les corbeaux  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
J'ai cru voir sur mon cœur un essaim de corbeaux En pleine lande intime avec des vols funèbres, De grands corbeaux venus de montagnes célèbres Et qui passaient au clair de lune et de flambeaux. Lugubrement, comme en cercle sur des tombeaux Et flairant un régal de carcasses de zèbres, Ils planaient au frisson glacé de nos ténèbres, Agitant à leurs becs une chair en lambeaux. Or ,cette proie échue à ces démons des nuits N'était autre que ma Vie en loque, aux ennuis Vastes qui tournant sur elle ainsi toujours Déchirant à larges coups de bec, sans quartier, Mon âme, une charogne éparse au champ des jours, Que ces vieux corbeaux dévoreront en entier.
Text Authorship:
- by Émile Nelligan (1879 - 1941), "Les corbeaux", appears in Eaux-fortes funéraires, appears in Motifs poétiques, in 8. Soirs de névrose, no. 7
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Les carmélites  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Parmi l'ombre du cloître elles vont solennelles, Et leurs pas font courir un frisson sur les dalles, Cependant que du bruit funèbre des sandales Monte un peu la rumeur chaste qui chante en elles. Au séraphique éclat des austères prunelles Répondent les flambeaux en des gammes modales; Parmi le froid du cloître elles vont solennelles, Et leurs pas font des chants de velours sur les dalles. Une des leurs retourne aux landes éternelles Trouver enfin l'oubli du monde et des scandales Vers sa couche de mort, au fond de leurs dédales C'est pourquoi, cette nuit, les nonnes fraternelles Dans leur cloître longtemps ont marché solennelles.
Text Authorship:
- by Émile Nelligan (1879 - 1941), "Les carmélites", appears in Petite chapelle
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Le tombeau de la négresse  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Alors qu'il nous eût fui le grand vent des hivers, Aux derniers ciels pâlis de mars, nous la menâmes Dans le hallier funèbre aux odeurs de cinnames, Où germaient les soupçons de nouveaux plants rouverts. De hauts rameaux étaient criblés d'oiseaux divers Et de tristes soupirs gonflaient leurs jeunes âmes. Au limon moite et brut où nous la retournâmes, Que l'Africaine dorme en paix dans les mois verts ! Le sol pieusement recouvrira ses planches; Et le bon bengali, dans son château de branches, Pleurera sur maint thème un peu de ses vingt ans. Peut-être, revenues en un lointain printemps, Verrons-nous, de son coeur, dans les buissons latents Eclore en grand lys noir entre des roses blanches.
Text Authorship:
- by Émile Nelligan (1879 - 1941), "Le tombeau de la négresse", appears in Eaux-fortes funéraires
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Marches funèbres  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
J'écoute en moi des voix funèbres Clamer transcendentalement, Quand sur un motif allemand Se rythment ces marches célèbres. Au frisson fou de mes vertèbres Si je sanglote éperdument, C'est que j'entends des voix funèbres Clamer transcendentalement. Tel un troupeau spectral de zèbres Mon rêve rôde étrangement; Et je suis hanté tellement Qu'en moi toujours, dans mes ténèbres, J'entends geindre des voix funèbres.
Text Authorship:
- by Émile Nelligan (1879 - 1941), "Marches funèbres", appears in Vêpres tragiques
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]Total word count: 522