Je voyage par monts et par vaux
Et sur la bruyère verte,
Et avec moi va ma douleur,
Qui ne me quitte jamais.
Même si je voguais sur la vaste mer,
Elle me suivrait là aussi.

Bien que davantage de fleurs fleurissent dans la prairie
Que je n'en ai jamais vues,
Je ne vois qu'une seule fleur
Sur tous les chemins où je suis.
Je ne suis souvent penché vers elle,
Mais je ne l'ai jamais cueillie.

Les abeilles bourdonnent au-dessus de l'herbe
Et s'accrochent aux fleurs ;
Ce qui rend mes yeux tristes et humides,
Je ne peux l'empêcher.
Lèvres douces, rouges et tendres,
Jamais je ne me suis ainsi accroché à vous !

Si doucement, près et loin, chantent
Les oiseaux sur les branches ;
J'aimerais chanter avec les oiseaux,
Mais je dois me taire tristement.
Car la joie et la peine de l'amour
Restent chacune volontiers seules.

Dans le ciel je vois voler vite
Les nuages qui filent au loin,
Les vagues roulent légères et brillantes.
Devant toujours approcher et refluer.
Alors quand ils se reposent du vent, à s'attraper
Ils jouent, les nuages et les flots.

Je me promène ici, je me promène là,
Dans la tempête et dans les jours plus paisibles,
Et pourtant je ne les regarderai plus jamais,
Et je ne les atteindrai pas.
Ô désir d'amour, peine d'amour,
Quand le voyageur trouvera-t-il le repos ?

Allons, trotte, sans repos ni pause,
Mon bon cheval, à travers la nuit et la pluie !
Pourquoi as-tu peur devant les buissons et les branches
Et trébuches-tu sur les chemins sauvages ?
Bien que la forêt s'étende profonde et épaisse
pourtant elle doit à la fin s'ouvrir ;
Et amicalement une lumière lointaine
Hors de la sombre vallée nous accueillera.

J'aurais bien pu au-dessus des montagnes et des champs
Voler sur ton dos gracieux
Et avec le jeu coloré du monde,
M'amuser de charmantes images ;
Maint œil m'a souri gentiment
Et souhaité paix, amour et joie,
Et pourtant je me suis hâté sans repos,
De retour vers mon chagrin.

Depuis trois jours déjà j'étais loin
De celle à qui je suis lié pour toujours ;
Depuis trois jours le soleil et les étoiles
Et la terre et le ciel ont disparu pour moi.
Du plaisir et du chagrin dont mon cœur
Près d'elle tantôt guérissait, tantôt était déchiré,
Je ne sentis pendant ces trois jours que la douleur,
Et ah, la joie je dus m'en passer !

[Aussi trotte courageusement dans la nuit !
Et si les sombres sentiers disparaissent
Les yeux brillants du désir ardent veilleront
Et ma douce intuition nous guidera sûrement.
Là-bas nous voyons sur la terre et la mer
Voler les oiseaux vers des terres plus chaudes ;
Comment alors l'amour pourrait-il
Se tromper de chemin ?]1