by Jean Racine (1639 - 1699)
Mon Dieu ! que ces plaines charmantes
Language: French (Français)
Mon Dieu ! que ces plaines charmantes, Ces grands prés si beaux et si verts, Nous présentent d'appas divers Parmi leurs richesses brillantes ! Ce doux air, ces vives odeurs, Le pompeux éclat de ces fleurs Dont l'herbe se colore, Semble-t-il pas dire à nos yeux Que le palais de Flore Se fait voir vraiment en ces lieux ? C'est là qu'on entend le murmure De ces agréables ruisseaux, Qui joignent leurs flots et les eaux Au vif émail de la verdure. C'est là qu'en paisibles replis, Dans les beaux vases de leurs lits, ils arrosent les herbes, Et que leurs doux gazouillements, De leurs ondes superbes Bravent les bruits les plus charmants. Je les vois, au haut des montagnes, Venir, d'un cours précipité, Offrir leur tribut argenté Dans le beau sein de ces campagnes ; Et là, d'un pas respectueux, Traîner en cercles tortueux Leurs sources vagabondes ; Et, come charmés des beautés De ces plaines fécondes, S'y répandre de tous côtés. Là, ces méandres agréables, Descendant, et puis remontant, Font, dans leur voyage inconstant, Cent labyrinthes délectables. Souvent leurs flots, en s'entr'ouvrant, [...]1 Font cent îles fleuries ; Tantôt, quittant leur lit natal, Ils bordent les prairies D'une ceinture de cristal. Là, quand le jour rapporte au monde Le beau tribut de la clarté, Et que l'ombre et l'obscurité Rentrent dans leur grotte profonde ; Là, dis-je, des portes du ciel On voit de perles et de miel Choir une riche pluie, Et Flore, pour ce doux trésor, Ouvrir, toute ravie, Cent petits bassins d'ambre et d'or. Là, l'on voit aussi sur les herbes Voltiger ces vivantes fleurs, Les papillons dont les couleurs Sont si frêles et si superbes : C'est là qu'en escadrons divers Ils répandent dedans les airs Mille beautés nouvelles, Et que les essaims abusés Vont chercher sous leurs ailes Les pleurs que l'Aurore a versés. C'est là qu'en nombreuses allées L'on voit mille saules épais, De remparts superbes et frais Ceindre ces plaines émaillées : Oui, je les vois de tous côtés, En laissant l'éclat argenté De leurs feuillages sombres, Comme vouloir à ces ruisseaux, Qui dorment sous leurs ombres, Faire d'officieux rideaux.
J. Leguerney sets stanza 2
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Text Authorship:
- by Jean Racine (1639 - 1699), "Ode V", subtitle: "Les prairies", appears in Le Paysage, ou Promenade de Port-Royal-des-Champs, no. 5, first published 1656 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Jacques Leguerney (1906 - 1997), "Le ruisseau", 1952, published 1988, first performed 1953, stanza 2 [mezzo-soprano or baritone and piano], from Le Paysage ou La Description de Port-Royal-des-Champs, no. 3, Paris, Max Eschig [text verified 1 time]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2013-05-26
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