by Louis-Henri Murger (1822 - 1861)
Nous avons tous les deux laissé derrière...
Language: French (Français)
Nous avons tous les deux laissé derrière nous Une époque où la vie est bien bonne et bien belle ; Je m'en souviens encor, vous en souvenez-vous De notre enfance heureuse ? -- ô ma cousine Angèle ! Ils sont bien loin ces jours, et déjà bien des fois Les ans nous ont touchés en passant de leur aile ; Et notre gaîté blonde aux grands éclats de voix Hélas ! s'est envolée, -- Ô ma cousine Angèle ! Écoliers turbulents de la classe échappés, Pour danser en chantant l'antique ritournelle : « Nous n'irons plus aux bois, les lauriers sont coupés, » Nous n'irons plus aux bois, -- Ô ma cousine Angèle ! Plus heureuse que moi, vous n'avez pas quitté Le foyer de famille, et la voix maternelle Conserve à votre cœur la sainte piété Qui n'est plus dans le mien, -- Ô ma cousine Angèle ! Vous avez le travail pour compagnon le jour, La nuit un ange blanc vous couvre de son aile, Et des songes bénis descendent tour à tour Du ciel à votre lit, -- Ô ma cousine Angèle ! Votre parole est douce ainsi que votre nom ; L'esprit de la bonté dans vos yeux se révèle, Et vos seize ans fleuris embaument la maison D'un parfum de jeunesse, -- Ô ma cousine Angèle ! Autrefois, quand venait le jour de l'an nouveau, Selon le contenu de ma pauvre escarcelle J'arrivais tout joyeux vous offrir mon cadeau, Qui ne coûtait pas cher, -- Ô ma cousine Angèle ! Mais depuis ce temps-là le diable, comme on dit, S'est logé dans ma bourse, et vainement j'appelle Plutus, l'aveugle dieu, que je crois sourd aussi, Car il ne m'entend pas, -- ô ma cousine Angèle ! Donc, vous n'aurez de moi nul présent aujourd'hui, Ni keepsake éclatant, ni riche bagatelle, Ni bijou ciselé par quelque Cellini, Et ni bonbons sucrés, -- Ô ma cousine Angèle ! Vous n'aurez rien de moi qu un serrement de main, Ou qu'un baiser au front, -- étrenne fraternelle, Et puis ces pauvres vers que, ce soir ou demain, Vous oublîrez sans doute, -- ô ma cousine Angèle !
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Confirmed with Henry Murger, Les Nuits d'Hiver; poésies complètes, troisième édition, Paris, Michel Lévy Frères, 1862, pages 91-94.
Text Authorship:
- by Louis-Henri Murger (1822 - 1861), "À ma Cousine Angèle", subtitle: "Étrennes", appears in Les Nuits d'hiver, in 3. Fantaisies, no. 3, Paris, Éd. Michel Lévy frères, first published 1862 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Lucien Hillemacher (1860 - 1909) and by Paul Hillemacher (1852 - 1933), "Ma Cousine Angèle" [ medium voice and piano ], from Vingt mélodies, 1er volume, no. 8, Paris, Éd. Alphonse Leduc [sung text not yet checked]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2023-02-18
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