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by Jean Racine (1639 - 1699)

Mes yeux, pourrai‑je bien vous croire ?
Language: French (Français) 
Mes yeux, pourrai-je bien vous croire ?
Suis-je éveillé ? Vois-je un jardin ?
N'est-ce point quelque songe vain
Qui me place en ce lieu de gloire ?
Je vois comme de nouveau cieux
Où mille astres délicieux
  Répandent leur lumière,
Et semble qu'en ce beau séjour
  La terre est héritière
De tous ceux qu'a chassés le jour.

Déjà sur cette riche entrée
Je vois les pavis rougissants
Étaler les rayons luisants
De leur belle neige empourprée.
Dieu ! quels prodiges inouïs !
Je vois naître dessus les lis
  L'incarnat de la rose,
Je vois la flamme et sa rougeur
  Dessus la neige éclose
Embellir même la blancheur.

Je vois cette pomme éclatante,
Ou plutôt ce petit soleil,
Ce doux abricot sans pareil,
Dont la couleur est si charmante.
Fabuleuses antiquités,
Ne nous vantez plus les beautés
  De vous pommes dorées :
J'en vois qui, d'un or gracieux
  Également parées,
Ravissent le goût et les yeux.

Je vois, sous la sombre verdure,
Ces deux fruits brillants et pompeux
Parer les murs, comme orgueilleux
D'une inimitable bordure ;
C'est là qu'heureusement pressés,
Et l'un près de l'autre entassés
  Sur cent égales chaînes,
Ils semblent faire avec éclat,
  De leurs branches hautaines
Cent sillons d'or et d'incarnat.

Je viens à vous, arbres fertiles,
Poiriers de pompe et de plaisirs,
Pour qui nos vœux et nos désirs
Jamais ne se sont vus stériles :
Soit vous qui, sans chercher d'appui,
Voyez sous vos superbes fruits
  Se courber vos branchages ;
Soit vous qui des riches habits
  De vos tremblants feuillages
Faites de si vastes tapis.

Mais quelle assez vive peinture
Suffit pour tracer dignement
Tout le pompeux ameublement
Dont vous a parés la nature ?
Vous ne présentez à nos yeux
Que les fruits les plus précieux
  Qu'ait cultivés Pomone ;
Ils ont eu le lis pour berceau,
  L'émeraude est leur trône,
L'or et la pourpre leur manteau.

Je les vois, par un doux échange,
Ici mûris, et là naissants,
De leurs fruits blonds et verdissants
Faire un agréable mélange ;
J'en vois même dedans leur fleur
Garder encore la splendeur
  De leur blanche couronne,
Et joindre l'espoir du printemps
  Aux beaux fruits dont l'automne
Rend nos vœux à jamais contents.

Je sais quelle auguste matière
Pouvait sur mes sombres crayons
Jeter encore les rayons
De son éclatante lumière ;
Mais déjà l'unique flambeau,
Allant se plonger dedans l'eau,
  A fait place aux ténèbres,
Et les étoiles, à leur tour,
  Comme torches funèbres,
Font les funérailles du jour.

J'entends l'innocente musique
Des flûtes et des chalumeaux
Saluer l'ombre en ces hameaux
D'une sérénade rustique.
L'ombre qui, par ses doux pavots,
Venant enfin faire aux travaux
  Une paisible guerre,
Fait que ces astres précieux,
  Pâlissant sur la terre,
Semblent retourner dans les cieux.

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•   J. Leguerney 

J. Leguerney sets stanza 9

About the headline (FAQ)

Text Authorship:

  • by Jean Racine (1639 - 1699), "Ode VII", subtitle: "Les jardins", appears in Le Paysage, ou Promenade de Port-Royal-des-Champs, no. 7, first published 1656 [author's text checked 1 time against a primary source]

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

  • by Jacques Leguerney (1906 - 1997), "Musique champêtre dans les jardins, le soir", 1951, published 1988, first performed 1953, stanza 9 [mezzo-soprano or baritone and piano], from Le Paysage ou La Description de Port-Royal-des-Champs, no. 2, Paris, Max Eschig [
     text verified 1 time
    ]

Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]

This text was added to the website: 2013-05-25
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