Les prés ont une odeur d'herbe verte et mouillée,
Un frais soleil pénètre en l'épaisseur des bois,
Toute chose étincelle, et la jeune feuillée
Et les nids palpitants s'éveillent à la fois.
Les cours [d'eau]1 diligents aux pentes des collines
Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ;
Ils chantent au milieu des buissons d'aubépines
Avec le vent rieur et l'oiseau du matin.
Les gazons sont tout pleins de voix harmonieuses,
L'aube fait un tapis de perles aux sentiers,
Et l'abeille, quittant les prochaines yeuses,
Suspend son aile d'or aux pâles églantiers.
[ ... ]
La Terre rit, confuse, à la vierge pareille
Qui d'un premier baiser frémit languissamment,
Et son œil est humide et sa joue est vermeille,
Et son âme a senti les lèvres de l'amant.
Ô rougeur, volupté de la Terre ravie !
Frissonnements des bois, souffles mystérieux !
Parfumez bien le cœur qui va goûter la vie,
Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux !
Assez tôt, tout baignés de larmes printanières,
Par essaims éperdus ses songes envolés
Iront brûler leur aile aux ardentes lumières
Des étés sans ombrage et des désirs troublés.
Alors inclinez-lui vos coupes de rosée,
Ô fleurs de son Printemps, Aube de ses beaux jours !
Et verse un flot de pourpre en son âme [épuisée]2,
Soleil, divin Soleil de ses jeunes amours !
Trois mélodies , opus 15
by Charles Koechlin (1867 - 1950)
1. Juin  [sung text checked 1 time]
Language: French (Français)
Authorship:
- by Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818 - 1894), "Juin"
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Červen", first published 1901
1 Koechlin: "d'eaux"
2 Koechlin: "brisée"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. Midi  [sung text checked 1 time]
Language: French (Français)
Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine ;
La Terre est assoupie en sa robe de feu.
L'étendue est immense, et les champs n'ont point d'ombre,
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ;
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.
Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée,
Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil ;
Pacifiques enfants de la Terre sacrée,
Ils épuisent sans peur la coupe du Soleil.
Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante,
Du sein des épis lourds qui murmurent [entre eux]1,
Une ondulation majestueuse et lente
S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux.
[ ... ]
Homme, si, le cœur plein de joie ou d'amertume,
Tu passais vers midi dans les champs radieux,
Fuis ! la Nature est vide et le Soleil consume :
Rien n'est vivant ici, rien n'est triste ou joyeux.
Mais si, désabusé des larmes et du rire,
Altéré de l'oubli de ce monde agité,
Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire,
Goûter une suprême et morne volupté,
Viens ! Le Soleil te parle en paroles sublimes ;
Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ;
Et retourne à pas lents vers les cités infimes,
Le cœur trempé sept fois dans le Néant divin.
Authorship:
- by Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818 - 1894), "Midi", written 1852, appears in Poèmes antiques, in Poésies diverses, no. 2, first published 1852
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Mittag", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
First published in the Revue Le Constitutionnel, February 9, 1852.
1 Rostand: "entr'eux"Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Nox  [sung text checked 1 time]
Language: French (Français)
Sur [les pentes]1 des monts, les brises apaisées Inclinent au sommeil les arbres onduleux ; L'oiseau silencieux s'endort dans la rosée, Et l'étoile a doré l'écume des flots bleus. [Au contour des ravins, sur les hauteurs sauvages, Une molle vapeur efface les chemins ; La lune tristement baigne les noirs feuillages]2 ; L'oreille n'entend plus les murmures humains Mais sur le sable, au loin, chante la mer divine, Et des hautes forêts gémit la grande voix Et l'air sonore, aux cieux que la nuit illumine, Porte le chant des mers et le soupir des bois. Montez, saintes rumeurs, paroles surhumaines ! Entretien lent et doux de la terre et du ciel. Montez et demandez aux étoiles sereines S'il est, pour les atteindre un chemin éternel. O mers ! O bois songeurs voix pieuses du monde, Vous m'avez répondu durant mes jours mauvais Vous avez apaisé ma tristesse inféconde, Et dans mon cœur aussi vous chantez à jamais.
Authorship:
- by Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818 - 1894), "Nox", written 1852, appears in Poèmes antiques, in Poésies diverses, no. 3, Paris, Éd. Librairie Marc Ducloux, first published 1852
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Amy Pfrimmer) , "Night", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
1 Vierne: "la pente"
2 not set by Koechlin.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]