Lune de cuivre -- Parfums lourds ... Comme des lampes sous un dôme, Les astres [brûlent]1, l'heure embaume; Des fleurs dorment dans le velours. L'âme en langueur des jardins sourds Exhale d'étouffants arômes. L'eau des porphyres polychromes Dans les bassins pleure toujours. Nulle ombre de feuille qui bouge... Seule, ta lèvre éclate, rouge, A la flamme du haut flambeau; Et tu sembles, dans l'air nocturne, Dure et fatale comme l'urne Impénétrable d'un tombeau.
Dix Poésies tirées du Jardin de l'Infante de A. Samain
Song Cycle by Albert Bertelin (1872 - 1951)
1. Nocturne d'été  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), no title, written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, in 1. Les Heures d'été, no. 3, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CHI Chinese (中文) (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
1 Leguerney: "luisent"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Chanson violette  [sung text not yet checked]
Et ce soir-là, je ne sais, Ma douce, à quoi tu pensais, Toute triste, Et voilée en ta pâleur, Au bord de l'étang couleur D'améthyste. Tes yeux ne me voyaient point ; Ils étaient enfuis loin, loin De la terre ; Et je sentais, malgré toi, Que tu marchais près de moi, Solitaire. Le bois était triste aussi, Et du feuillage obscurci, Goutte à goutte, La tristesse de la nuit, Dans nos coeurs noyés d'ennui, Tombait toute... Dans la brume un cor sonna ; Ton âme alors frissonna, Et, sans crise, Ton coeur défaillit, mourant, Comme un flacon odorant Qui se brise. Et, lentement, de tes yeux De grands pleurs silencieux, Taciturnes, Tombèrent comme le flot Qui tombe, éternel sanglot, Dans les urnes. Nous revînmes à pas lents. Les crapauds chantaient, dolents, Sous l'eau morte ; Et j'avais le coeur en deuil En t'embrassant sur le seuil De ta porte. Depuis, je n'ai point cherché Le secret encor caché De ta peine... Il est des soirs de rancoeur Où la fontaine du coeur Est si pleine ! Fleur sauvage entre les fleurs, Va, garde au fond de tes pleurs Ton mystère ; Il faut au lis de l'amour L'eau des yeux pour vivre un jour Sur la terre.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Chanson violette", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, in L'urne penchée, no. 1, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Musique sur l'eau  [sung text not yet checked]
Oh ! Écoute la symphonie ; Rien n'est doux comme une agonie Dans la musique indéfinie Qu'exhale un lointain vaporeux ; D'une langueur la nuit s'enivre, Et notre cœur qu'elle délivre Du monotone effort de vivre Se meurt d'un trépas langoureux. Glissons entre le ciel et l'onde, Glissons sous la lune profonde ; Toute mon âme, loin du monde, S'est réfugiée en tes yeux, Et je regarde tes prunelles Se pâmer sous les chanterelles, Comme deux fleurs surnaturelles Sous un rayon mélodieux. Oh ! écoute la symphonie ; Rien n'est doux comme l'agonie De la lèvre à la lèvre unie Dans la musique indéfinie...
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Musique sur l'eau", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
6. Hélène  [sung text not yet checked]
L'âcre vapeur d'un soir de bataille surnage. L'Argienne aux bras blancs a franchi les remparts, Et vers le fleuve rouge, où les morts sont épars. Solitaire, s'avance à travers le carnage. Là-bas, les feux des Grecs brillent sur le rivage ; Les chevaux immortels hennissent près des chars... Lente, elle va parmi les cadavres hagards. Et passe avec horreur sa main sur son visage. Qu'elle apparaît divine aux lueurs du couchant !... Des longs voiles secrets, qu'elle écarte en marchant, Monte une odeur d'amour irrésistible et sombre ; Et déjà les mourants, saignants et mutilés, Rampant vers ses pieds nus sur leurs coudes dans l'ombre, Touchent ses cheveux d'or et meurent consolés.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Hélène", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, in L'urne penchée, no. 6, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Confirmed with Samain, Albert, Au jardin de l'infante, 102e éd., Mercure de France, Paris, 1920, pages 14-15.
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