Puisque c'est toi qui veux nouer encore Notre lien, Puisque c'est toi dont le regret m'implore, Ecoute bien : Les longs serments, rêves trempés de charmes, Ecrits et lus, Comme Dieu veut qu'ils soient payés de larmes, N'en écris plus ! Puisque la plaine après l'ombre ou l'orage Rit au soleil, Séchons nos yeux et reprenons courage, Le front vermeil. Ta voix, c'est vrai ! Se lève encor chérie Sur mon chemin ; Mais ne dis plus : " A toujours ! " je t'en prie ; Dis : " A demain ! " Nos jours lointains glissés purs et suaves, Nos jours en fleurs ; Nos jours blessés dans l'anneau des esclaves, Pesants de pleurs ; De ces tableaux dont la raison soupire Otons nos yeux, Comme l'enfant qui s'oublie et respire, La vue aux cieux ! Si c'est ainsi qu'une seconde vie Peut se rouvrir, Pour s'écouler sous une autre asservie, Sans trop souffrir, Par ce billet, parole de mon âme, Qui va vers toi, Ce soir, où veille et te rêve une femme, Viens ! Et prends-moi !
La Guirlande de Marceline, Sept romances sur des poésies de Marceline Desbordes-Valmore
Song Cycle by Louis Beydts (1896 - 1953)
1. Un billet de femme  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859), "Un billet de femme", written 1838, appears in Pauvres Fleurs, first published 1839
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. C'est moi  [sung text not yet checked]
Si ta marche attristée S'égare au fond d'un bois, Dans la feuille agitée Reconnais-tu ma voix? Et dans la fontaine argentée, Crois-tu me voir quand tu te vois? Qu'une rose s'effeuille En roulant sur tes pas, Si ta pitié la cueille, Dis! ne me plains-tu pas? Et de ton sein qui la receuille, Mon nom s'exhale-t-il tout bas? La feuille frémissante, L'eau qui parle en courant, La rose languissante Qui te cherche en mourant; Prends-y garde, ô ma vie absente! C'est moi qui t'appelle en pleurant.
Text Authorship:
- by Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859), "C'est moi", written 1825
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Researcher for this page: Jean-Pierre Granger3. Pour le petit enfant  [sung text not yet checked]
Ah ! si j'étais le cher petit enfant Qu'on aime bien, mais qui pleure souvent, Gai comme un charme, Sans une larme, J'écouterais chanter l'heure et le vent… (Je dis cela pour le petit enfant). Si je logeais dans ce mouvant berceau, Pour mériter qu'on m'apporte un cerceau, Je serais sage Comme une image, Et je ferais moins de bruit qu'un oiseau... (Je dis cela pour l'enfant du berceau). Ah ! Si j'étais le blanc nourrisson, Pour qui je fais cette belle chanson, Tranquille à l'ombre, Comme au bois sombre, Je rêverais que j'entends le pinson… (Je dis cela pour le blanc nourrisson). Ah ! si j'étais l'ami des blancs poussins Dormant entre eux, doux et vivants coussins Sans que je pleure, J'irais sur l'heure Faire chorus avec ces petits saints... (Je dis cela pour l'ami des poussins). Si le cheval demandait à nous voir, Riant d'aller nager à l'abreuvoir, Fermant le gîte, Je crierais vite : « Demain l'enfant pourra vous recevoir !… » (Je dis cela pour l'enfant qu'il vient voir). Si j'entendais les loups hurler dehors Bien défendu par les grands et les forts, Fier comme un homme Qui fait un somme, Je répondrais : « Passez, Messieurs, je dors !… » (Je dis cela pour les loups du dehors). On n'entendit plus rien dans la maison, Ni le rouet, ni l'égale chanson ; La mère ardente, Fine et prudente, Fit l'endormie auprès de la cloison, Et suspendit tout bruit dans la maison.
Text Authorship:
- by Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859), "Pour endormir l'enfant", appears in Poésies inédites [1860], in Enfants et jeunes filles, no. 1, first published 1860
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. La sincère  [sung text not yet checked]
Veux-tu l'acheter ? Mon cœur est à vendre. Veux-tu l'acheter, Sans nous disputer ? Dieu l'a fait d'aimant ; Tu le feras tendre ; Dieu l'a fait d'aimant Pour un seul amant ! Moi, j'en fais le prix ; Veux-tu le connaître ? Moi, j'en fais le prix ; N'en sois pas surpris. As-tu tout le tien ? Donne ! et sois mon maître. As-tu tout le tien, Pour payer le mien ? S'il n'est plus à toi, Je n'ai qu'une envie ; S'il n'est plus à toi, Tout est dit pour moi. Le mien glissera, Fermé dans la vie ; Le mien glissera, Et Dieu seul l'aura ! Car, pour nos amours, La vie est rapide ; Car, pour nos amours, Elle a peu de jours. L'âme doit courir Comme une eau limpide ; L'âme doit courir, Aimer ! et mourir.
Text Authorship:
- by Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859), "La sincère", written 1831, appears in Les Pleurs [formerly Le Mémorial de la Scarpe], no. 7, first published 1833
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Sergey Rybin) , "A confession", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
5. Amour partout  [sung text not yet checked]
T'es ma fille ! T'es ma poule ! T'es le petit cieur qui roule Tout à l'entou de mon cœur ! T'es le p'tit Jésus d'ta mère ! Tiens ! gnia pas d'souffrance amère Que ma fill' n'en soit l'vainqueur. Gnia pas à dir', faut qu'tu manges ; Quoiqu'tu vienn' d'avec les anges, Faut manger pour bien grandir. Mon enfant, j't'aime tant qu'ça m'lasse ; C'est comme un'cord' qui m'enlace, Q'çà finit par m'étourdir. Qué qu'ça m'fait si m'manqu'queuq'chose, Quand j'vois ton p'tit nez tout rose, Tes dents blanch'comm des jasmins ; J'prends tes yeux pour des étoiles, Et quand j'te sors de tes toiles J'tiens l'bon dieu dans mes deux mains ! T'es ma fille ! T'es ma poule ! T'es le petit cieur qui roule Tout à l'entou de mon cœur ! T'es le p'tit Jésus d'ta mère ! Tiens ! gnia pas d'souffrance amère Que ma fill' n'en soit l'vainqueur !
Text Authorship:
- by Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859), "Amour partout", written 1827, appears in Poésies de l'enfance, first published 1873
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Note: also in Poésies en patois, 1896.
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6. Ne parle pas  [sung text not yet checked]
Seule avec toi dans ce bocage sombre ? Qu'y ferions-nous ? à peine on peut s'y voir. Nous sommes bien ! Peux-tu désirer l'ombre ? Pour se perdre des yeux c'est bien assez du soir ! Auprès de toi j'adore la lumière, Et quand tes doux regards ne brillent plus sur moi, Dès que la nuit a voilé ta chaumière, Je me retrouve, en fermant ma paupière, Seule avec toi. Sûr d'être aimé, quel voeu te trouble encore ? Si près du mien, que désire ton coeur ? Sans me parler ta tristesse m'implore : Ce qu'on voit dans tes yeux n'est donc pas le bonheur ? Quel vague objet tourmente ton envie ? N'as-tu pas mon serment dans ton sein renfermé ? Qui te rendra ta douce paix ravie ? Dis ! Quel bonheur peut manquer à ta vie, Sûr d'être aimé ? Ne parle pas ! Je ne veux pas entendre : Je crains tes yeux, ton silence, ta voix. N'augmente pas une frayeur si tendre ; hélas ! Je ne sais plus m'enfuir comme autrefois, Je sens mon âme à la tienne attachée, J'entends battre ton coeur qui m'appelle tout bas : Heureuse, triste, et sur ton sein penchée, Ah ! Si tu veux m'y retenir cachée, Ne parle pas !
Text Authorship:
- by Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859), "Le soir", written 1825, appears in En Marge (Élégies & Poésies Nouvelles), first published 1825
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]7. Un cri  [sung text not yet checked]
Hirondelle ! hirondelle ! hirondelle ! Est-il au monde un coeur fidèle ? Ah ! s'il en est un, dis-le moi, J'irai le chercher avec toi. Sous le soleil ou le nuage, Guidée à ton vol qui fend l'air, Je te suivrai dans le voyage Rapide et haut comme l'éclair. Hirondelle ! hirondelle ! hirondelle ! Est-il au monde un coeur fidèle ? Ah ! s'il en est un, dis-le moi, J'irai le chercher avec toi. Tu sais qu'aux fleurs de ma fenêtre Ton nid chante depuis trois ans, Et quand tu viens le reconnaître Mes droits ne te sont pas pesants. Hirondelle ! hirondelle ! hirondelle ! Est-il au monde un coeur fidèle ? Ah ! s'il en est un, dis-le moi, J'irai le chercher avec toi. Je ne rappelle rien, j'aspire Comme un des tiens dans la langueur, Dont la solitude soupire Et demande un coeur pour un coeur. Hirondelle ! hirondelle ! hirondelle ! Est-il au monde un coeur fidèle ? Ah ! s'il en est un, dis-le moi, J'irai le chercher avec toi. Allons vers l'idole rêvée, Au Nord, au Sud, à l'Orient : Du bonheur de l'avoir trouvée Je veux mourir en souriant. Hirondelle ! hirondelle ! hirondelle ! Est-il au monde un coeur fidèle ? Ah ! s'il en est un, dis-le moi ! J'irai le chercher avec toi !
Text Authorship:
- by Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859), "Un cri", written 1855?, appears in Poésies inédites [1860], first published 1860
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