Ils ont, les chers enfants, nos yeux, notre visage; Ils agitent de petits bras; Les anges sont, ainsi, créés à notre image, Mais ils ne nous ressemblent pas. Ils ont de petits pieds, mais délicats et roses, Mais qui n'ont pas encor touché Ce sol dur où nos pas heurtent à tant de choses; Leurs petits pieds n'ont pas marché. Ils ont aussi des mains, frêles, qu'ils savent tendre, Qu'ils savent joindre pour prier, Mais leurs doigts transparents sont trop faibles pour prendre Et ne pourraient pas travailler. Ils ont des yeux, mais purs, qui ne cherchent encore Que le sourire maternel; Beaux yeux d'enfants, joyeux et frais comme l'aurore, Tous bleus des souvenirs du ciel. Ils ont l'oreille aussi, mais qui n'est attentive Qu'aux rythmes et qu'aux chants légers, Et le bruit de la voix humaine les captive, Mais les mots leur sont étrangers. Et la parole, ils l'ont, mais juste assez pour dire: "Ma mère!" dans un bégaîment, Oh! langage divin qui s'achève en sourire! Parole qui jamais ne ment! Ils ont, les chers enfants, nos yeux, notre visage; Ils agitent de petits bras; Les anges sont, ainsi, créés à notre image, Mais ils ne nous ressemblent pas.
La chanson de l'enfant
Song Cycle by Émile Paladilhe (1844 - 1926)
1. Encore divins  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by Jean-François-Victor Aicard (1848 - 1921) [author's text not yet checked against a primary source]
2. Les berceaux  [sung text checked 1 time]
Berceaux, frêles berceaux, vous êtes des nacelles Qui, sous un souffle calme et pur, Venez en frémissant vers nous, ô barques frêles, Du fond de l’éternel azur. Vos légers rideaux blancs s’enflent comme des voiles, Berceaux, et, sous les vents amis, Vous nous portez, du bord des heureuses étoiles, Vos passagers tout endormis. Ils dorment, ces mignons, les poings fermés, la tête Sur le duvet mol et profond, Ignorant les périls, l’écueil ou la tempête, Et le grand voyage qu’ils font. Le rivage inconnu qui vers nous vous envoie, Vous et vos petits passagers, Est un monde idéal où tout est rythme et joie, Où tout plane, ô berceaux légers ! Et quand vous arrivez des rives du mystère, Fins esquifs construits pour le vol, Nous, nous vous empêchons de vous fixer sur terre, Et même de toucher au sol ; Et longtemps, confiés aux douces mains des femmes Qui vous balancent nuit et jour, Vous êtes entourés, comme au pays des âmes, D’allégresse et de chants d’amour. Et jusqu’à ce qu’enfin l’ange qui n’a plus d’ailes Pose à terre son pied mal sûr, Nous vous faisons un port qui vous berce, ô nacelles Qui venez du fond de l’azur.
Authorship:
- by Jean-François-Victor Aicard (1848 - 1921) [author's text not yet checked against a primary source]
3. Aux berceaux  [sung text checked 1 time]
Vous êtes suspendus pour que l'enfant se croie Une âme libre encor en planant dans la joie ; Berceaux, vous êtes balancés Par une douce main qui s'abaisse et s'élève Pour que les beaux enfants se croient toujours, en rêve, Sur deux ailes d'ange bercés. Une heure, un jour de plus, ô berceaux blancs et frêles, Vous tenez loin du sol l’ange qui n’a plus d’ailes, Et vous êtes harmonieux. Autour de vous souvent vibre une chanson tendre, Pour que l’enfant sourie et s’imagine entendre Le rythme accoutumé des cieux. Et vous êtes pareils à des barques, venues D’un archipel céleste aux îles inconnues Vers nos écueils et nos dangers ; Et nous tremblons toujours qu’en vos rideaux, vos voiles, Vienne à souffler un vent qui remporte aux étoiles Les berceaux et les passagers !
Authorship:
- by Jean-François-Victor Aicard (1848 - 1921) [author's text not yet checked against a primary source]
4. Chant de nourrice  [sung text not yet checked]
Dors, mon petit enfant, dors et rêve en silence Au bruit du berceau. Vois-tu, dans le grand chêne òu le vent le balance, Le nid de l'oiseau? Les nids sont des berceaux que les souffles d'orages Font tomber parfois, Et que les loups, la nuit, avec des cris sauvages, Mangent dans les bois. Mais toi, mon bel enfant, dors et rêve en silence Au bruit du berceau. Vois-tu, sur la mer bleue òu le vent le balance, Le petit vaisseau? La barque est un berceau que frappent les tempêtes De leurs fouets d'éclairs, Que de pauvres marins sont mangés par les bêtes Dans le fond des mers! Mais toi, mon bel enfant, dors et rêve en silence, Au bruit du berceau.
Authorship:
- by Jean-François-Victor Aicard (1848 - 1921), "Chant de nourrice", appears in La chanson de l'enfant, in Aux mères, in 1. Les berceaux, no. 7, Paris, Éd. Georges Chamerot, first published 1884 [author's text not yet checked against a primary source]
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