Le présent se fait vide et triste, Ô mon amie, autour de nous ; Combien peu de passé subsiste ! Et ceux qui restent changent tous. Nous ne voyons plus sans envie Les yeux de vingt ans resplendir, Et combien sont déjà sans vie Des yeux qui nous ont vus grandir ! Que de jeunesse emporte l'heure, Qui n'en rapporte jamais rien ! Pourtant quelque chose demeure : Je t'aime avec mon coeur ancien, Mon vrai coeur, celui qui s'attache Et souffre depuis qu'il est né, Mon coeur d'enfant, le coeur sans tache Que ma mère m'avait donné ; Ce coeur où plus rien ne pénètre, D'où plus rien désormais ne sort ; Je t'aime avec ce que mon être A de plus fort contre la mort ; Et, s'il peut braver la mort même, Si le meilleur de l'homme est tel Que rien n'en périsse, je t'aime Avec ce que j'ai d'immortel.
Trois Mélodies sur des poésies de Sully-Prudhomme (1902)
Song Cycle by (François-Clément) Théodore Dubois (1837 - 1924)
1. Ce qui dure  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by René-François Sully-Prudhomme (1839 - 1907), "Ce qui dure", written 1872-1873, appears in Les vaines tendresses, no. 14, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Éclaircie  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Quand on est sous l'enchantement
D'une faveur d'amour nouvelle,
On s'en défendrait vainement,
Tout le révèle :
Comme fuit l'or entre les doigts,
Le trop-plein de bonheur qu'on sème,
Par le regard, le pas, la voix,
Crie : elle m'aime !
Quelque chose d'aérien
Allège et soulève la vie,
Plus rien ne fait peine, et plus rien
Ne fait envie :
Les choses ont des airs contents,
On marche au hasard, l'âme en joie,
Et le visage en même temps
Rit et larmoie ;
[ ... ]
La vie est bonne, on la bénit,
On rend justice à la nature !
Jusqu'au rêve de faire un nid
L'on s'aventure...
Text Authorship:
- by René-François Sully-Prudhomme (1839 - 1907), "Éclaircie", written 1872-73, appears in Les vaines tendresses, no. 38, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. À l'océan  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Océan, que vaux-tu dans l'infini du monde ? Toi, si large à nos yeux enchaînés sur tes bords, Mais étroit pour notre âme aux rebelles essors, Qui, du haut des soleils te mesure et te sonde ; Presque éternel pour nous plus instables que l'onde, Mais pourtant, comme nous, œuvre et jouet des sorts, Car tu nous vois mourir, mais des astres sont morts, Et nulle éternité dans les jours ne se fonde. Comme une vaste armée où l'héroïsme bout Marche à l'assaut d'un mur, tu viens heurter la roche, Mais la roche est solide et reparaît debout. Va, tu n'es cru géant que du nain qui t'approche : Ah ! Je t'admirais trop, le ciel me le reproche, Il me dit : « Rien n'est grand ni puissant que le Tout ! »
Text Authorship:
- by René-François Sully-Prudhomme (1839 - 1907), "À l'océan", written 1872-73, appears in Les vaines tendresses, no. 56, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- RUS Russian (Русский) (Nikolai Ivanovich Poznyakov) , "К океану"
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