« Bonne vieille, que fais-tu là ? Il fait assez chaud sans cela ; Tu peux laisser tomber la flamme, Ménage ton bois, pauvre femme, Je suis séché, je n'ai plus froid. » Mais elle qui ne veut m'entendre Jette un fagot, range la cendre. « Chauffe-toi, soldat, chauffe-toi ! » « Bonne vieille, je n'ai pas faim, Garde ton jambon et ton vin. J'ai mangé la soupe à l'étape. Veux-tu bien m'ôter cette nappe, C'est trop bon et trop beau pour moi. » Mais elle qui n'en veux rien faire, Taille mon pan, rmplit mon verre : « Refais-toi, soldat, refais-toi ! » « Bonne vieille, pour qui ces draps ! Par ma foi, tu n'y penses pas ! Et ton étable et cette paille, Où l'on fait son lit à sa taille ! Je dormirai là comme un roi. » Mais elle qui n'en veut démordre, Place les draps, met tout en ordre. « Couche-toi, soldat, couche-toi ! » Le jour vient, le départ aussi. « Allons, adieu, mais qu'est ceci ? Mon sac est plus lourd que la veille. Ah ! bonne hôtesse ! ah ! chère vieille, Pourquoi tant me gâter, pourquoi ? » Et la bonne vieille de dire, Moitié larmes, moitié sourire : « J'ai mon gars soldat comme toi ! »
Deux petits Poèmes de guerre
by Camille Erlanger (1863 - 1919)
1. Le Bon Gîte  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Authorship:
- by Paul Déroulède (1846 - 1914), "Le Bon Gîte", written 1871?, appears in Poèmes militaires, Paris, Éd. Calmann Lévy, first published 1896
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Researcher for this page: Johann Winkler2. Sur une barricade  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Sur une barricade, au milieu des pavés Souillés d’un sang coupable et d’un sang pur lavés, Un enfant de douze ans est pris avec des hommes. — Es-tu de ceux-là, toi ? — L’enfant dit : Nous en sommes. — C’est bon, dit l’officier, on va te fusiller. Attends ton tour. — L’enfant voit des éclairs briller, Et tous ses compagnons tomber sous la muraille. Il dit à l’officier : Permettez-vous que j’aille Rapporter cette montre à ma mère chez nous ? — Tu veux t’enfuir ? — Je vais revenir. — Ces voyous Ont peur ! Où loges-tu ? — Là, près de la fontaine. Et je vais revenir, monsieur le capitaine. — Va-t’en, drôle ! — L’enfant s’en va. — Piège grossier ! Et les soldats riaient avec leur officier, Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle ; Mais le rire cessa, car soudain l’enfant pâle, Brusquement reparu, fier comme Viala, Vint s’adosser au mur et leur dit : Me voilà. La mort stupide eut honte, et l’officier fit grâce. Enfant, je ne sais point, dans l’ouragan qui passe Et confond tout, le bien, le mal, héros, bandits, Ce qui dans ce combat te poussait, mais je dis Que ton âme ignorante est une âme sublime. Bon et brave, tu fais, dans le fond de l’abîme, Deux pas, l’un vers ta mère et l’autre vers la mort ; L’enfant a la candeur et l’homme a le remord, Et tu ne réponds point de ce qu’on te fit faire ; Mais l’enfant est superbe et vaillant qui préfère A la fuite, à la vie, à l’aube, aux jeux permis, Au printemps, le mur sombre où sont morts ses amis. La gloire au front te baise, ô toi si jeune encore ! Doux ami, dans la Grèce antique, Stésichore T’eût chargé de défendre une porte d’Argos ; Cinégyre t’eût dit : Nous sommes deux égaux ! Et tu serais admis au rang des purs éphèbes Par Tyrtée à Messène et par Eschyle à Thèbes. On graverait ton nom sur des disques d’airain ; Et tu serais de ceux qui, sous le ciel serein, S’ils passent près du puits ombragé par le saule, Font que la jeune fille ayant sur son épaule L’urne où s’abreuveront les buffles haletants, Pensive, se retourne et regarde longtemps.
Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), no title, appears in L’Année terrible, in 12. Juin, no. 11
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Confirmed with Victor Hugo, L’Année terrible, Paris, Michel Lévy, frères, 1872, pages 246-247.
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