Ô la splendeur de notre joie Tissée en or dans l'air de soie ! Voici la maison douce et son pignon léger, Et le jardin et le verger. Voici le banc, sous les pommiers D'où s'effeuille le printemps blanc, A pétales frôlants et lents. Voici des vols de lumineux ramiers Planant, ainsi que des présages, Dans le ciel clair du paysage Voici, pareils à des baisers tombés sur terre De la bouche du frêle azur, Deux bleus étangs simples et purs, Bordés naïvement de fleurs involontaires. Ô la splendeur de notre joie et de nous-mêmes, En ce jardin où nous vivons de nos emblèmes.
Les Heures claires, poèmes pour chant et orchestre
by Louis-Marie de Serres (1864 - 1942)
1. Oh ! la splendeur de notre joie  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 1, Bruxelles (Brussels), Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Oh ! Laisse frapper à la porte  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Oh ! laisse frapper à la porte La main qui passe avec ses doigts futiles ; Notre heure est si unique, et le reste qu’importe, Le reste avec ses doigts futiles. Laisse passer, par le chemin, La triste et fatigante joie, Avec ses crécelles en main. Laisse monter, laisse bruire Et s’en aller le rire ; Laisse passer la foule et ses milliers de voix. L’instant est si beau de lumière, Dans le jardin, autour de nous ; L’instant est si rare de lumière première, Dans notre cœur, au fond de nous ; Tout nous prêche de n’attendre plus rien De ce qui vient ou passe, Avec des chansons lasses Et des bras las par les chemins, Et de rester les doux qui bénissons le jour, Même devant la nuit d’ombre barricadée, Aimant en nous, par-dessus tout, l’idée Que, bellement, nous nous faisons de notre amour.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 7, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Le ciel en nuit s'est déplié  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Le ciel en nuit, s'est déplié Et la lune semble veiller Sur le silence endormi. Tout est si pur et clair, Tout est si pur et si pâle dans l'air Et sur les lacs du paysage ami, Qu'elle angoisse, la goutte d'eau Qui tombe d'un roseau Et tinte, et puis se tait dans l'eau. Mais j'ai tes mains entre les miennes Et tes yeux sûrs, qui me retiennent, De leurs ferveurs, si doucement ; Et je te sens si bien en paix de toute chose Que rien, pas même un fugitif soupçon de crainte, Ne troublera, fût-ce un moment, La confiance sainte Qui dort en nous comme un enfant repose.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 4, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , "El cel en nit, s’ha desplegat", copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
4. Viens lentement t'asseoir  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Viens lentement t'asseoir Près du parterre dont le soir Ferme les fleurs de tranquille lumière, Laisse filtrer la grande nuit en toi : Nous sommes trop heureux pour que sa mer d'effroi Trouble notre prière. Là-haut, le pur cristal des étoiles s'éclaire : Voici le firmament plus net et translucide Qu'un étang bleu ou qu'un vitrail d'abside ; Et puis voici le ciel qui regarde à travers. Les mille voix de l'énorme mystère Parlent autour de toi, Les mille lois de la nature entière Bougent autour de toi, Les arcs d'argent de l'invisible Prennent ton âme et sa ferveur pour cible. Mais tu n'as peur, oh ! simple coeur, Mais tu n'as peur, puisque ta foi Est que toute la terre collabore A cet amour que fit éclore La vie et son mystère en toi. Joins donc les mains tranquillement Et doucement adore ; Un grand conseil de pureté Flotte, comme une étrange aurore, Sous les minuits du firmament.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, appears in Les heures claires, no. 10, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Au clos de notre amour  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Au clos de notre amour, l'été se continue : Un paon d'or, là-bas, traverse une avenue ; Des pétales pavoisent -- Perles, émeraudes, turquoises -- L'uniforme sommeil des gazons verts ; Nos étangs bleus luisent, couverts Du baiser blanc des nénuphars de neige ; Aux quinconces, nos groseilliers font des cortèges ; Un insecte de prisme irrite un cœur de fleur ; De merveilleux sous-bois se jaspent de lueurs ; Et, comme des bulles légères, mille abeilles Sur des grappes d'argent, vibrent, au long des treilles. L'air est si beau qu'il paraît chatoyant ; Sous les midis profonds et radiants, On dirait qu'il remue en roses de lumière ; Tandis qu'au loin, les routes coutumières, Telles de lents gestes qui s'allongent vermeils, À l'horizon nacré, montent vers le soleil. Certes, la robe en diamants du bel été Ne vêt aucun jardin d'aussi pure clarté ; Et c'est la joie unique éclose en nos deux âmes, Qui reconnaît sa vie en ces bouquets de flammes.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, appears in Les heures claires, no. 18, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Bien que déjà, ce soir, l'automne  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Bien que déjà, ce soir L'automne Laisse aux sentes et aux orées, Comme des mains dorées, Lentes, les feuilles choir, Bien que déjà l'automne, Ce soir, avec ses bras de vent, Moissonne, Sur les rosiers fervents Les pétales et leur pâleur, Ne laissons rien de nos deux âmes Tomber soudain avec ces fleurs. Mais tous les deux, autour des flammes De l'âtre en or de souvenir, Mais tous les deux, blottissons-nous, Les mains au feu et les genoux. Contre les deuils cachés dans l'avenir, Contre le temps qui fixe à toute ardeur sa fin, Contre notre terreur, contre nous-mêmes enfin, Blottissons-nous, près du foyer, Que la mémoire en nous fait flamboyer. Et si l'automne obère A grands pans d'ombre et d'orages planants, Les bois, les pelouses et les étangs, Que sa douleur du moins n'altère L'intérieur jardin tranquillisé, Où s'unissent, dans la lumière, Les pas égaux de nos pensées.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 26, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1896
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