Des avalanches d'or du vieil azur, au jour Premier et de la neige éternelle des astres Jadis tu détachas les grands calices pour La terre jeune encore et vierge de désastres, Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin, Et ce divin laurier des âmes exilées Vermeil comme le pur orteil du séraphin Que rougit la pudeur des aurores foulées, L'hyacinthe, le myrte à l'adorable éclair Et, pareille à la chair de la femme, la rose Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair, Celle qu'un sang farouche et radieux arrose ! Et tu fis la blancheur sanglotante des lys Qui roulant sur des mers de soupirs qu'elle effleure A travers l'encens bleu des horizons pâlis Monte rêveusement vers la lune qui pleure ! Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs, Notre Dame, hosannah du jardin de nos limbes ! Et finisse l'écho par les célestes soirs, Extase des regards, scintillement des nimbes ! Ô Mère qui créas en ton sein juste et fort, Calices balançant la future fiole, De grandes fleurs avec la balsamique Mort Pour le poète las que la vie étiole.
Cinq poèmes de Mallarmé
Song Cycle by Pierre-E.-L. Rousseau (1889 - 1939), as Pierre Vellones
1. Les Fleurs  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Stéphane Mallarmé (1842 - 1898), "Les fleurs"
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First published in Le Parnasse contemporain, May 12, 1866; later published in Poésies, éd. de la Revue indépendante, Paris, 1887.
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2. Rondel  [sung text not yet checked]
Si tu veux nous nous aimerons Avec tes lèvres sans le dire Cette rose ne l'interromps Qu'à verser un silence pire Jamais de chants ne lancent prompts Le scintillement du sourire Si tu veux nous nous aimerons Avec tes lèvres sans le dire Muet muet entre les ronds Sylphe dans la pourpre d'empire Un baiser flambant se déchire Jusqu'aux pointes des ailerons Si tu veux nous nous aimerons
Text Authorship:
- by Stéphane Mallarmé (1842 - 1898), no title, written 1889, appears in Poésies, in Feuillets d'Album, in Rondels, no. 2
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Confirmed with Stéphane Mallarmé, Poésies, Nouvelle Revue française, 1914 (8e éd.) (p. 113). First published in the revue La Plume, March 15, 1896.
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3. Le Sonneur  [sung text not yet checked]
Cependant que la cloche éveille sa voix claire A l'air pur et limpide et profond du matin Et passe sur l'enfant qui jette pour lui plaire Un angelus parmi la lavande et le thym, Le sonneur effleuré par l'oiseau qu'il éclaire, Chevauchant tristement en geignant du latin Sur la pierre qui tend la corde séculaire, N'entend descendre à lui qu'un tintement lointain. Je suis cet homme. Hélas ! de la nuit désireuse, J'ai beau tirer le câble à sonner l'Idéal, De froids péchés s'ébat un plumage féal, Et la voix ne me vient que par bribes et creuse ! Mais, un jour, fatigué d'avoir enfin tiré, Ô Satan, j'ôterai la pierre et me pendrai.
Text Authorship:
- by Stéphane Mallarmé (1842 - 1898), "Le sonneur", written 1862-64
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First published in the revue L'artiste, March 15, 1862
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4. Sainte  [sung text not yet checked]
À la fenêtre recélant Le santal vieux qui se dédore De la viole étincelant Jadis [avec]1 flûte ou mandore Est la sainte pâle, étalant Le livre vieux qui se déplie Du Magnificat ruisselant Jadis selon vêpre [et]2 complie: À ce vitrage d'ostensoir Que frôle une harpe par l'Ange Formée avec son vol du soir Pour la délicate phalange Du doigt que, sans le vieux santal Ni le vieux livre, elle balance Sur le plumage instrumental, Musicienne du silence.
Text Authorship:
- by Stéphane Mallarmé (1842 - 1898), "Sainte", written 1865, appears in Poésies, first published 1883
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Stephen Jackson) , "Sainte", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
First published in Les Poètes maudits, in "Lutèce", November 24-30, 1883, and later published in Poésies, Paris, Éd. de la Revue indépendante, 1887.
1 Ravel: "selon"2 Ravel: "ou"
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5. Éventail  [sung text not yet checked]
Ô rêveuse, pour que je plonge Au pur délice sans chemin, Sache, par un subtil mensonge, Garder mon aile dans ta main. Une fraîcheur de crépuscule Te vient à chaque battement Dont le coup prisonnier recule L'horizon délicatement. Vertige ! voici que frissonne L'espace comme un grand baiser Qui, fou de naître pour personne, Ne peut jaillir ni s'apaiser. Sens-tu le paradis farouche Ainsi qu'un rire enseveli Se couler du coin de ta bouche Au fond de l'unanime pli. Le sceptre des rivages roses Stagnants sur les soirs d'or, ce l'est Ce vol blanc fermé que tu poses Contre le feu d'un bracelet.
Text Authorship:
- by Stéphane Mallarmé (1842 - 1898), "Autre éventail", subtitle: "de Madame Mallarmé"
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Nicolas Gounin) , "Fan", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
- FIN Finnish (Suomi) (Erkki Pullinen) , copyright © 2016, (re)printed on this website with kind permission