Les Quatrains Valaisans

Ô bonheur de l'été : le carillon tinte
puisque dimanche est en vue ;
et la chaleur qui travaille sent l'absinthe
autour de la vigne crépue.

Même à la forte torpeur les ondes alertes
courent le long du chemin.
Dans cette franche contrée, aux forces ouvertes,
comme le dimanche est certain !

[Après une journée de vent, 
dans]1 une paix infinie, 
le soir se réconcilie 
comme un docile amant.

Tout devient calme, clarté....
Mais à l'horizon s'étage, 
éclairé et doré, 
un beau bas-relief de nuages.

Vois-tu, là-haut, ces alpages des anges 
entre les sombres sapins ?
Presque célestes, à la lumière étrange, 
ils semblent plus que loin.

Mais dans la claire vallée et jusques aux crêtes, 
quel trésor aérien !
Tout ce qui flotte dans l'air et qui s'y reflète 
entrera dans ton vin.

Quel calme nocturne, quel calme
nous pénètre du ciel.
On dirait qu'il refait dans la palme
de vos mains le dessin essentiel.

La petite cascade chante
pour cacher sa nymphe émue ...
On sent la présence absente
que l'espace a bue.

Chemin qui tourne et joue 
le long de la vigne penchée, 
tel qu'un ruban que l'on noue 
autour d'un chapeau d'été. 

Vigne : chapeau sur la tête 
qui invente le vin. 
Vin : ardente comète 
promise pour l'an prochain.