Le soleil du matin doucement chauffe et dore Les seigles et les blés tout humides encore, Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit. L'on sort sans autre but que de sortir, on suit, Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes, Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes. L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec, Et son reflet dans l'eau survit à son passage. C'est tout. Mais le songeur aime ce paysage, Dont la claire douceur a soudain caressé Son rêve de bonheur adorable, et bercé Le souvenir charmant de cette jeune fille, Blanche apparition qui rit et qui scintille. Dont rêve le poète et que l'homme chérit, Evoquant en ses voeux dont peut-être on sourit, La Compagne qu'enfin il a trouvé et l'âme Que son âme depuis toujours pleure et réclame.
Cinq poèmes de La bonne chanson
Song Cycle by Charles Koechlin (1867 - 1950)
1. Le soleil du matin
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- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in La bonne chanson, no. 1, first published 1870
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- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
2. Un jour de juin, que j'étais soucieux
En robe grise et verte avec des ruches, Un jour de Juin que j'étais soucieux, Elle apparut souriante à mes yeux Qui l'admiraient sans redouter d'embûches; Elle alla, vint, revint, s'assit, parla, Légère et grave, ironique, attendrie, Et je sentais en mon âme assombrie Comme un joyeux reflet de tout cela; Sa voix, étant de la musique fine, Accompagnait délicieusement l'esprit sans fiel de ce babil charmant Où la gaîté d'un coeur bon se devine. Aussi soudain fus-je, après le semblant D'une révolte aussitôt étouffée, Au plein pouvoir de la petite Fée Que depuis lors je supplie en pleurant.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in La bonne chanson, no. 3, first published 1870
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Nous irons gais et lents
N'est-ce pas? en dépit des sots et des méchants Qui ne manqueront pas d'envier notre joie, Nous serons fiers parfois, et toujours indulgents. N'est-ce pas? nous irons gais et lents, dans la voie Modeste que nous montre en souriant l'Espoir, Peu soucieux qu'on nous ignore ou qu'on nous voie. Isolés dans l'amour ainsi qu'en un bois noir, Nos deux coeurs, exhalant leur tendresse paisible, Seront deux rossignols qui chantent dans le soir. Quant au monde, qu'il soit envers nous irascible Ou doux que nous feront ses gentes? Il peut bien, S'il veut, nous caresser ou nous prendre pour cible. Unis par le plus fort et le plus cher lien, Et d'ailleurs, possédant l'armure adamantine, Nous sourirons à tout et n'aurons peur de rien. Sans nous préoccuper de ce que nous destine Le Sort, nous marcherons pourtant du même pas, Et la main dans la main, avec l'âme enfantine. De ceux qui s'aiment sans mélange, n'est-ce pas?
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in La bonne chanson, no. 17, first published 1870
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- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Shawn Thuris) , copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
4. Va, chanson
Va, chanson, à tire d'aile au devant d'elle, Et dis lui bien que dans mon coeur fidèle Un rayon joyeux a lui et que voici le grand jour! Entendez-vous longtemps muette Et craintive, la gaîté, Comme une vive alouette, Dans le ciel clair a chanté, Va donc, chanson ingénue, Et, que sans nul regret vain Elle soit la bienvenue. Celle qui revient enfin!
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in La bonne chanson, no. 12, first published 1870
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- ENG English (Faith J. Cormier) , "Fly, song", copyright © 2001, (re)printed on this website with kind permission
5. Le paysage dans le cadre des portières  [sung text not yet checked]
Le paysage dans le cadre des portières Court furieusement, et des plaines entières Avec de l'eau, des blés, des arbres et du ciel Vont s'engouffrant parmi le tourbillon cruel Où tombent les poteaux minces du télégraphe Dont les fils ont l'allure étrange d'un paraphe. Une odeur de charbon qui brûle et d'eau qui bout, Tout le bruit que feraient mille chaînes au bout Desquelles hurleraient mille géants qu'on fouette ; Et tout à coup des cris prolongés de chouette. - Que me fait tout cela, puisque j'ai dans les yeux La blanche vision qui fait mon coeur joyeux, Puisque la douce voix pour moi murmure encore, Puisque le Nom si beau, si noble et si sonore Se mêle, pur pivot de tout ce tournoiement, Au rythme du wagon brutal, suavement.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in La bonne chanson, no. 7, first published 1870
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]