by Pierre de Ronsard (1524 - 1585)
A ce malheur qui jour et nuit me poingt
Language: French (Français)
Our translations: ENG
A ce malheur qui jour et [nuit]1 me poingt
Et qui ravit ma jeune liberté,
Dois-je tousjours obeir en ce poinct,
Ne recevant que toute cruauté ?
Fidellement
Aimant,
Je sens
Mes sens
Troubler,
Et mon mal redoubler.
Cest or frizé et le lys de son teint,
Sous un soleil doublement esclaircy,
Ont tellement mes mouelles attaint,
Que je me voy déjà presque transi.
Son œil ardant,
Dardant
En moy,
L'esmoy
Du feu,
Me brusle peu à peu.
Je cognois bien, mais, helas ! c'est trop tard,
Que le meurtrier de ma franche raison
S'est escoulé par l'huys de mon regard,
Pour me brasser ceste amère poison :
Je n'eus qu'ennuis
Depuis
Le jour
Qu'Amour
Au cœur
M'inspira sa rigueur.
Et nonobstant, cruelle, que je meurs
En observant une saincte amitié,
Il ne te chaut de toutes mes clameurs,
Qui te devroient inciter à pitié.
Vien donc, archer
Tres-cher,
Volant,
Doublant
Le pas,
Me guider au trespas !
Ny mes esprits honteusement discrets,
Ny le travail que j'ay pour t'adorer,
Larmes, souspirs et mes aspres regrets
Ne te sçauroient, Dame, trop inspirer,
Si quelquefois
Tu vois
A l'œil
Le dueil
Que j'ay
Pour l'amoureux essay.
Quelqu'un sera de la proye preneur
Que j'ay longtemps par cy-devant chassé,
Sans meriter jouira de cet heur
Qui a si fort mon esprit harassé.
C'est trop servy ;
Ravy
Du mal
Fatal,
Je veux
Concevoir autres vœux.
Quelque lourdaut, ou quelque gros valet,
Seul, à l'escart, de mon heur jouissant,
Luy tastera son ventre rondelet,
Et de son sein le pourpre rougissant.
De nuict, de jour,
L'amour
Me fait
Ce fait
Penser,
Et me sert d'un enfer.
Or je voy bien qu'il me convient mourir
Sans esperer aucun allegement;
Puis qu'à ma mort tu prens si grand plaisir,
Ce m'est grand heur et grand contentement,
Me submettant,
Pourtant
Qu'à tort
La mort
L'esprit
Me ravit par despit.
C. Saint-Saëns sets stanzas 1-2, 4
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View original text (without footnotes)Text as set by Saint-Saëns:
A ce malheur qui jour et [nuit]1 me point
Et qui ravit ma jeune liberté,
Dois-je toujours obéir en ce point,
Ne recevant que toute cruauté ?
Fidellement
Aimant,
Je sens
Mes sens
Troubler,
Et mon mal redoubler.
Cet or frisé et le lys de son teint,
Sous un soleil doublement éclairci,
Ont tellement mes moëlles atteint,
Que je me vois déjà presque transi.
Son œil ardant,
Dardant
En moi,
L'émoi
Du feu,
Me brûle peu à peu.
Je cognois bien, mais, helas ! c'est trop tard,
Que le meurtrier de ma franche raison
S'est escoulé par l'huys de mon regard,
Pour me brasser ceste amère poison :
Je n'eus qu'ennuis
Depuis
Le jour
Qu'Amour
Au cœur
M'inspira sa rigueur.
Et nonobstant, cruelle, que je meurs
En observant une sainte amitié,
Il ne te chaut de toutes mes clameurs,
Qui te devraient inciter à pitié.
Vien donc, archer
Tres-cher,
Volant,
Doublant
Le pas,
Me guider au trespas !
Ny mes esprits honteusement discrets,
Ny le travail que j'ay pour t'adorer,
Larmes, souspirs et mes aspres regrets
Ne te sçauroient, Dame, trop inspirer,
Si quelquefois
Tu vois
A l'œil
Le dueil
Que j'ay
Pour l'amoureux essay.
Quelqu'un sera de la proye preneur
Que j'ay longtemps par cy-devant chassé,
Sans meriter jouira de cet heur
Qui a si fort mon esprit harassé.
C'est trop servy ;
Ravy
Du mal
Fatal,
Je veux
Concevoir autres vœux.
Quelque lourdaut, ou quelque gros valet,
Seul, à l'escart, de mon heur jouissant,
Luy tastera son ventre rondelet,
Et de son sein le pourpre rougissant.
De nuict, de jour,
L'amour
Me fait
Ce fait
Penser,
Et me sert d'un enfer.
Or je vois bien qu'il me convient mourir
Sans esperer aucun allegement;
Puis qu'à ma mort tu prens si grand plaisir,
Ce m'est grand heur et grand contentement,
Me submettant,
Pourtant
Qu'à tort
La mort
L'esprit
Me ravit par despit.
1 Saint-Saëns: "jour"Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Chanson", appears in Pièces retranchées [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Charles Camille Saint-Saëns (1835 - 1921), "L'amant malheureux ", 1921, published 1921, stanzas 1-2,4 [ voice and piano ], from Cinq poèmes de Ronsard, no. 5, Paris: Durand & Cie. [sung text checked 1 time]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "The lover's illness", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2011-04-29
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