Silencieux et seul chevauche
Le vieux duc vers la forêt.

Il chevauche au-dessus des pierres et des épines,
À son côté se balancent son épée et son cor.

Et toujours plus sombre est le chemin,
Alors que se dressent falaise après falaise.

À un moulin il arrive là,
Mais il n'y a aucune vie près ou loin.

Tous les accès sont effondrés,
Le flot de l'eau n'entraîne aucune roue.

À travers le toit ouvert on voit le ciel,
Des ruines tout autour et des herbes folles.

À l'intérieur il voit seulement un banc,
Le sombre invité s'assoit dessus.

Il croise les bras sur sa poitrine
Et ferme les yeux inconsciemment.

Alors tout devient vivant autour de lui ;
Le mécanisme gronde sourdement et pesamment.

L'eau rugit, le bosquet vit,
La roue claque joyeusement.

Et regardez, avec des sacs entrent et sortent
Valet sur valet avec grand fracas.

De l'entrée du moulin, jusque là vide et désolé,
Le meunier envoie son salut amical en bas.

Maintenant vole dans l'escalier en bondissant
Sa petite fille si fraîche et jeune.

Son visage est clair comme le ciel,
Sa belle chevelure danse avec ses tresses.

Elle s'approche du duc et offre à boire
Un verre dans lequel brille un liquide doré.

Comme dans l'ancien temps, il ressent
Dans son cœur le bonheur de l'amour.

Et le regard tourné vers l'enfant
Il tend sa main vers le verre.

Mais quand il l'atteint avec hâte
Ce n'est que l'air qu'il attrape.

Ainsi ont disparu le verre et le vin,
Le meunier et sa petite fille.

Aucune roue ne tourne, aucune eau ne rugit,
Seul le vent se rue à travers les poutres.

Et à nouveau sur son cheval noir
Le duc se jette et s'en va.

Il chevauche en silence à travers la forêt
Et essuie une larme sur sa joue.