by Victor Hugo (1802 - 1885)
Quand l'été vient, le pauvre adore !
Language: French (Français)
Our translations: CHI
Quand l'été vient, le pauvre adore ! L'été, c'est la saison de feu, C'est l'air tiède et la fraîche aurore ; L'été, c'est le regard de Dieu. L'été, la nuit bleue et profonde S'accouple au jour limpide et claire ; Le soir est d'or, la plaine est blonde ; On entend des chansons dans l'air. L'été, la nature éveillée Partout se répand en tous sens, Sur l'arbre en épaisse feuillée, Sur l'homme en bienfaits caressants. Tout ombrage alors semble dire : Voyageur, viens te reposer ! Elle met dans l'aube un sourire, Elle met dans l'onde un baiser. Elle cache et recouvre d'ombre, Loin du monde sourd et moqueur, Une lyre dans le bois sombre, Une oreille dans notre cœur ! Elle donne vie et pensée Aux pauvres de l'hiver sauvés, Du soleil à pleine croisée, Et le ciel pur qui dit : Vivez ! Sur les chaumières dédaignées Par les maîtres et les valets, Joyeuse, elle jette à poignées Les fleurs qu'elle vend aux palais. Son luxe aux pauvres seuils s'étale. Ni les parfums ni les rayons N'ont peur, dans leur candeur royale, De se salir à des haillons. Sur un toit où l'herbe frissonne Le jasmin veut bien se poser. Le lys ne méprise personne, Lui qui pourrait tout mépriser ! Alors la masure où la mousse Sur l'humble chaume a débordé Montre avec une fierté douce Son vieux mur de roses brodé. L'aube alors de clartés baignée, Entrant dans le réduit profond, Dore la toile d'araignée Entre les poutres du plafond. Alors l'âme du pauvre est pleine. Humble, il bénit ce Dieu lointain Dont il sent la céleste haleine Dans tous les souffles du matin ! L'air le réchauffe et le pénètre. Il fête le printemps vainqueur. Un oiseau chante à sa fenêtre, La gaîté chante dans son cœur ! Alors, si l'orphelin s'éveille, Sans toit, sans mère et priant Dieu, Une voix lui dit à l'oreille : "Eh bien ! viens sous mon dôme bleu ! Le Louvre est égal aux chaumières Sous ma coupole de saphirs. Viens sous mon ciel plein de lumières, Viens sous mon ciel plein de zéphirs ! J'ai connu ton père et ta mère Dans leurs bons et leurs mauvais jours. Pour eux la vie était amère, Mais moi je fut douce toujours. C'est moi qui sur leur sépulture Ai mis l'herbe qui la défend. Viens, je suis la grande nature ! Je suis l'aïeule, et toi l'enfant. Viens, j'ai des fruits d'or, j'ai des roses, J'en remplirai tes petits bras, Je te dirai de douces choses, Et peut-être tu souriras ! Car je voudrais te voir sourire, Pauvre enfant si triste et si beau ! Et puis tout bas j'irais le dire A ta mère dans son tombeau ! " Et l'enfant à cette voix tendre, De la vie oubliant le poids, Rêve et se hâte de descendre Le long des coteaux dans les bois. Là du plaisir tout a la forme ; L'arbre a des fruits, l'herbe a des fleurs ; Il entend dans le chêne énorme Rire les oiseaux querelleurs. Dans l'onde, il mire son visage ; Tout lui parle ; adieu son ennui ! Le buisson l'arrête au passage, Et le caillou joue avec lui. Le soir, point d'hôtesse cruelle Qui l'accueille d'un front hagard. Il trouve l'étoile si belle Qu'il s'endort à son doux regard ! -- Oh ! qu'en dormant rien ne t'oppresse ! Dieu sera là pour ton réveil ! - La lune vient qui le caresse Plus doucement que le soleil. Car elle a de plus molles trêves Pour nos travaux et nos douleurs. Elle fait éclore nos rêves, Lui ne fait naître que les fleurs ! Oh ! quand la fauvette dérobe Son nid sous les rameaux penchants, Lorsqu'au soleil séchant sa robe Mai tout mouillé rit dans les champs J'ai souvent pensé dans mes veilles Que la nature au front sacré Dédiait tout bas ses merveilles A ceux qui l'hiver ont pleuré ! Pour tous et pour le méchant même Elle est bonne, Dieu le permet, Dieu le veut, mais surtout elle aime Le pauvre que Jésus aimait ! Toujours sereine et pacifique, Elle offre à l'auguste indigent Des dons de reine magnifique, Des soins d'esclave intelligent ! A-t-il faim ? au fruit de la branche Elle dit : -- Tombe, ô fruit vermeil ! A-t-il soif ? -- Que l'onde s'épanche ! A-t-il froid ? -- Lève-toi, soleil !
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Text Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), no title, appears in Les voix intérieures, in 5. Dieu est toujours la, no. 1 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Max Arham (flourished 1911-1917), "L'été", <<1917 [ voice and piano ], from Douze mélodies, 4e série, no. 68, Paris, Maurice Sénart [sung text not yet checked]
- by André Caplet (1879 - 1925), "Été", 1899 [ mixed chorus and orchestra ] [sung text not yet checked]
- by Alfred Dassier (1836 - 1913), "Quand l'été vient", subtitle: "Romance", published 1874 [ voice and piano ], Mainz, Schott [sung text not yet checked]
- by Joseph Pasquale Goldberg (1825 - 1890), "L'été" [ high voice and piano ], Paris, Éd. G. Flaxland [sung text not yet checked]
- by Henri Rabaud (1873 - 1949), "L'Été", <<1895 [ soprano and contralto soli, four-part chorus, and piano ], Éd. Heugel (Alphonse Leduc) [sung text not yet checked]
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2015-03-25
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